PHÉNOMÈNES PARANORMAUX (2010)

Un film insaisissable, entre fiction et faux documentaire, qui aborde sous un angle hyper-réaliste le thème des enlèvements d'humains par des extra-terrestres

THE FOURTH KIND

2010 – USA / GB

Réalisé par Olatunde Osunsanmi

Avec Milla Jovovich, Will Patton, Hakeem Kae-Kazim, Corey Johnson, Enzo Cilenti, Elias Koteas, Eric Loren, Raphael Coleman

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre français maladroitement opportuniste, Phénomènes paranormaux n’est pas un succédané de Paranormal Activity (gros succès en salle l’année précédente) mais un film étrange qui mixe la science-fiction à l’épouvante psychologique en s’appuyant sur un procédé narratif original aux allures de docu-fiction. Le scénario s’appuie sur un fait réel dûment établi par le FBI : dans la ville de Nome, en Alsaka, des disparitions inexpliquées se produisent régulièrement depuis les années 60 sans qu’aucune explication logique n’ait pu être donnée. La piste des enquêteurs officiels s’oriente bien sûr vers des kidnappings et des meurtres, mais pour Hollywood, il semblait plus séduisant d’adopter la thèse des abductions extra-terrestres. Le titre original, Fourth Kind, ne laisse d’ailleurs planer aucun doute, se référant directement à la fameuse typologie établie par le scientifique Alan Hynek pour hiérarchiser les contacts entre humains et aliens : la rencontre du premier type est l’observation d’un phénomène spatial inexpliqué, celle du deuxième type caractérise l’interaction physique de ce phénomène avec des témoins, et celle du troisième type concerne le contact établi avec une forme extra-terrestre.

Quant à la « Rencontre du Quatrième Type », elle semble liée aux enlèvements d’humains par des extra-terrestres, un thème qui a alimenté moult scénarios de la série X-Files mais que le réalisateur Olatunde Osunsanmi aborde sous un angle volontairement hyperréaliste. Le doute est d’ailleurs volontairement entretenu quant à la véracité des événements décrits dans le film. Car le montage, surprenant, insère régulièrement des documents vidéo mettant en scène les « véritables » acteurs du drame (séances d’hypnose de l’époque filmées par les psychiatres, enregistrements par des caméras de police, documents tournés pour une université, etc.). A l’écran, il n’est pas rare qu’un split-screen montre ainsi deux fois la même scène, version cinéma et version « réalité ».

Rencontres du quatrième type

Pour enfoncer le clou, les comédiens se présentent dès le début du film pour nous annoncer qu’ils s’apprêtent à interpréter des personnages réels. Milla Jovovich incarne ainsi la psychologue Abigail Tyler, traumatisée par le meurtre de son époux et préoccupée par plusieurs de ses patients souffrant de troubles sévères du sommeil suite à des cauchemars récurrents… Alors, info ou intox ? De toute évidence, le film est un gigantesque canular, mais la minutie et le réalisme avec lequel les témoignages « réels » sont reconstitués et intégrés à la narration font tout l’intérêt d’un long-métrage qui, par ailleurs, ne raconte rien de foncièrement novateur. La mise en scène d’Osunsanmi s’avère d’ailleurs parfois exagérément maniérée, là où un peu plus de sobriété aurait été de mise. Mais il faut reconnaître que Phénomènes Paranormaux sait susciter le trouble, en partie grâce à l’implication de ses comédiens. Milla Jovovich nous surprend agréablement dans un registre moins physique et beaucoup plus intériorisé qu’à l’accoutumée, épaulée par de solides partenaires tels que Will Patton et Elias Koteas. Bref rien de neuf sous le ciel extra-terrestre, mais une habile et innovante variation sur un thème connu.

 

© Gilles Penso

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