LES DÉMONS DU MAÏS (2009)

Indépendante de la longue série initiée en 1984, cette nouvelle version de la nouvelle de Stephen King revient aux sources du texte original…

CHILDREN OF THE CORN

 

2009 – USA

 

Réalisé par Donald P. Borchers

 

Avec David Anders, Kandyse McClure, Daniel Newman, Preston Bailey, Alexa Nikolas

 

THEMA ENFANTS I DIABLE ET DÉMONS I SAGA LES DÉMONS DU MAÏS I STEPHEN KING

Après une myriade de séquelles, Les Démons du maïs de Fritz Kiersch a droit à son remake pour la télévision, même si le réalisateur Donal P. Borchers préfère parler d’une nouvelle adaptation de la nouvelle, dans la mesure où il revient au texte original en oubliant toutes les digressions précédentes. Son scénario est d’ailleurs co-écrit par Stephen King, gage de fidélité, et plusieurs dialogues du film sont directement issus du texte initial. Réalisateur et co-scénariste mais aussi producteur de ces nouveaux Démons du maïs, Borchers connaît bien son sujet puisqu’il fut l’un des producteurs du long-métrage de Fritz Kiersch ainsi que de toutes sortes de films de genre comme Dar l’invincible, Vamp ou Le Double maléfique. L’intrigue est située en 1975. Partant du principe que tout le monde connaît déjà le sujet, le film commence par une séquence de prédication dirigée par un enfant auprès d’autres enfants. « Les adultes sont des pécheurs, c’est l’heure du sacrifice », dit-il. Aussitôt, un cochon est mis à mort par la petite assemblée, lors d’une séquence qui semble héritée d’un livre qui marqua durablement Stephen King : « Sa Majesté des mouches » de William Golding.

Douze ans plus tard, la scène familière du couple qui se dispute dans la voiture, en route au beau milieu du Nebraska, se déroule sous nos yeux. La jolie Kandyse McClure, qui joue Vicky, incarnait Sue Snell dans le téléfilm Carrie de Dave Carson. Quant à son époux Burt, vétéran de la guerre du Vietnam, il a pris les traits charismatiques de David Anders (le maléfique Sark de la série Alias). Ces Démons du maïs, qui cherchent visiblement à faire oublier toutes les versions précédentes, se parent d’idées visuelles intéressantes, comme ce montage parallèle entre la course poursuite dans le champ de maïs et les souvenirs de la guerre du Vietnam. Facteur récurrent de l’univers de King, les traumatismes passés du personnage principal viennent ainsi le hanter dans le présent et contaminent la réalité, jusqu’à ce que les frontières entre le monde tangible et l’illusion deviennent dangereusement poreuses.

Le monstre invisible

Plus que jamais, les épis de maïs semblent ici dotés d’une vie autonome, enfermant le héros dans des murailles végétales, enroulant des lianes autour de ses membres, suscitant un sentiment efficace de claustrophobie. Nous avons sans doute affaire là à la meilleure et à la plus fidèle des adaptations de la nouvelle de King, dressant un portrait peu reluisant de la bigoterie et de l’extrémisme religieux. Dommage que le final, même s’il est assez éprouvant, évacue l’atmosphère lovecraftienne développée par le texte original et se prive du monstre tentaculaire décrit dans les pages de la nouvelle. C’est d’autant plus frustrant que deux ténors des effets spéciaux œuvrent sur ce téléfilm, Kevin Kutchaver (X-Men 2, Hellboy, The Mist) et Robert Kurtzman (L’Armée des ténèbres, Une Nuit en enfer, Scream), et qu’ils auraient pu donner corps à la créature que Stephen King décrivait comme « une masse énorme qui se confondait avec le ciel… une masse verte où brillaient deux yeux énormes et rouges ». Nous devrons nous contenter d’imaginer ce démon ancestral, faute de le voir s’animer à l’écran.

 

© Gilles Penso


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