INSIDIOUS : LA DERNIÈRE CLÉ (2018)

Ce quatrième épisode s’intéresse au passé de la médium Elise Rainier et au démon qui hanta son enfance…

INSIDIOUS: THE LAST KEY

 

2018 – USA

 

Réalisé par Adam Robitel

 

Avec Lin Shaye, Caitlin Gerard, Spencer Locke, Javier Botet, Josh Stewart, Leigh Whannell, Angus Sampson, Kirk Aceveco, Tessa Ferrer, Bruce Davison

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I FANTÔMES I SAGA INSIDIOUS

La grande force de la franchise Insidious a toujours été liée au personnage du médium Elise Rainier, incarnée avec justesse et sensibilité par Lin Shaye. Le problème, c’est qu’elle disparaissait à la fin du premier épisode, lequel n’était pas forcément conçu au départ pour donner naissance à une saga. Dès l’opus suivant, Elise réapparaissait donc à la faveur de flash-backs situés dans les années 80. Pour Insidious 3, Leigh Whannell bâtissait carrément une prequel pour pouvoir redonner la vedette à la vénérable parapsychologue. Quant à ce quatrième Insidious, en pourparlers dès l’été 2015, il s’agit d’une autre prequel, prenant la suite de la précédente tout en s’intéressant à l’enfance d’Elise. Pour ceux qui auraient perdu le fil, voici donc comment s’ordonne la chronologie de la franchise : Insidious 3, Insidious : la dernière clé, Insidious et Insidious 2. Pour succéder à James Wan et Leigh Whannell derrière la caméra, le choix se porte sur Adam Robitel, co-auteur et réalisateur du found footage L’Étrange cas Deborah Logan en 2014. Après avoir été sollicité par le studio Paramount pour réécrire et affiner le scénario de Paranormal Activity 5 : Ghost Dimension, Robitel s’attaque directement à Insidious : la dernière clé, qui est donc son second long-métrage.

Nous sommes d’abord transportés en 1953, époque de l’enfance d’Elise Rainier qui vit alors avec ses parents et son jeune frère à Five Keys, au Nouveau-Mexique, au pied d’un pénitencier. Chaque fois que la lumière vacille chez eux, un détenu est en train de griller sur la chaise électrique. L’atmosphère est donc tendue, d’autant que le père d’Elise est un homme violent qui est effrayé par ses dons précoces de médium, à tel point qu’il la bat et l’enferme chaque fois qu’elle mentionne ses visions. Un jour où, une fois de plus, elle est claquemurée dans la cave, Elise ouvre une mystérieuse porte rouge et entraperçoit une créature démoniaque… Et puis nous voilà en 2010, juste avant les événements narrés dans le premier Insidious. Elise utilise depuis longtemps ses capacités parapsychologiques de manière professionnelle, épaulée par les deux geeks Specs (Leigh Whannell) et Tucker (Angus Sampson). Elle reçoit un jour un coup de fil d’un homme désespéré victime d’une activité paranormale incontrôlable. Elle est prête à l’aider, mais se ravise aussitôt en découvrant que son interlocuteur vit dans la maison qu’elle habitait lorsqu’elle était enfant…

Le Mal derrière la porte

Insidious : la dernière clé lève donc un voile sur les jeunes années de la vie d’Elise en structurant son récit autour de voyages réguliers entre le présent et le passé. Plus que jamais, cet opus tente le grand écart entre le drame personnel (l’enfance tourmentée de la parapsychologue, victime de sa différence et de ce don vécu comme une malédiction), la comédie (à travers ses deux assistants émules des Ghostbusters dont le camion arbore un logo de fantôme) et l’épouvante pure. Dans ce dernier domaine, Adam Robitel suit fidèlement les voies empruntées avant lui par James Wan et Leigh Whannell, construisant la tension à travers l’épure, les moments d’attente, le hors-champ et le non vu. On note par exemple des jeux habiles sur les ombres et sur les vêtements pendus qui semblent furtivement prendre vie. Pour autant, le réalisateur ne peut s’empêcher de céder à la tentation d’une poignée de « jump-scares » faciles. À mi-parcours du métrage, un rebondissement intéressant réoriente l’intrigue. Comme souvent, le monstre le plus effrayant s’avère être l’homme, dont les travers sont révélés par les phénomènes surnaturels. « Il y a une foule de démons bien vivants », dit Elise pour souligner cet amer constat. En ce sens, le scénario de ce quatrième Insidious emprunte les voies ouvertes par Stephen King. Nous avons tout de même droit à un démon digne de ce nom, auquel Javier Botet prête son incroyable morphologie, et dont le faciès évoque beaucoup la sorcière de Nuits de terreur. Dommage que cet épisode très honorable s’achève par un climax décevant situé dans « le lointain ». Insisidous : la dernière clé ravira cependant les spectateurs, remportant la coquette somme de 167 millions de dollars à travers le monde. Il n’en coûta que dix. Voilà ce qui s’appelle une affaire rentable.

 

© Gilles Penso


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