PIRATES DES CARAÏBES : LA VENGEANCE DE SALAZAR (2017)

Dans cette cinquième aventure, Javier Bardem incarne un redoutable marin fantôme avide de revanche contre Jack Sparrow

PIRATES OF THE CARIBBEAN: DEAD MEN TELL NO TALES

 

2017 – USA

 

Réalisé par Joachim Rønning et Espen Sandberg

 

Avec Johnny Depp, Javier Bardem, Brenton Thwaites, Kaya Scodelario, Kevin McNally, Geoffrey Rush, Orlando Bloom, Golshifteh Farahani, Keira Knightley

 

THEMA FANTÔMES I MONSTRES MARINS I SAGA PIRATES DES CARAÏBES

Gore Verbinski ayant déserté les aventures de Jack Sparrow depuis le troisième volet en 2007, d’autres cinéastes durent prendre le relais pour faire perdurer la franchise. Après Rob Marshall, signataire de Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence, le cinquième épisode de la saga est confié aux duettistes Joachim Rønning et Espen Sandberg, qui avaient notamment signé la comédie policière Bandidas avec Penelope Cruz et Salma Hayek. Sûr de son coup, le studio Disney lance les préparatifs du film alors que le précédent n’est pas encore sorti sur les écrans. Mais le scénario connaît de nombreux remaniements qui reportent sans cesse son entrée en production. Auteur des quatre opus précédents, Terry Rossio est logiquement engagé pour écrire le film. Mais son travail n’étant pas jugé assez satisfaisant, il est repris par Jeff Nathanson (Arrête-moi si tu peux, Le Terminal), que Johnny Depp épaule officieusement. La date de sortie de La Vengeance de Salazar recule plusieurs fois pendant ce processus. De 2015, elle passe à 2016 puis 2017. Rassembler le budget colossal nécessité par un tel blockbuster (estimé entre 250 et 320 millions de dollars) n’est pas non plus une mince affaire. Réunissant Depp et Geoffrey Rush, offrant de petites apparitions à Orlando Bloom et Keira Knightley, ce cinquième Pirates des Caraïbes semble avoir été conçu comme une sorte de « best of » dans l’espoir de séduire les fans de la première heure.

Ce sont deux nouveaux personnages qui servent de point d’accroche à l’intrigue : Henry Turner (Brenton Thwaites, le prince Philip de Maléfique), qui se met en quête du légendaire Trident de Poséidon pour libérer son père d’une malédiction le liant au Hollandais Volant, et Carina Smyth (Kaya Scodelario, future héroïne de Crawl), une astronome accusée de sorcellerie qui possède le précieux journal de son père inconnu. La quête de ces deux jeunes héros est donc directement liée à celle de leurs géniteurs respectifs. Pour parvenir à leurs fins, ils doivent unir leurs forces et s’allier bon gré mal gré avec Jack Sparrow (Johnny Depp), pirate déchu, alcoolique et excentrique qui n’a plus grand-chose d’un meneur d’hommes. Or Sparrow est dans la ligne de mire du redoutable Armando Salazar (Javier Bardem), un ancien chasseur de pirates espagnol devenu une créature spectrale, tout comme l’ensemble de son équipage, et voguant à bord d’un sinistre bateau fantôme. En s’efforçant d’échapper à ces sinistres morts flottants, Sparrow et ses deux jeunes compagnons croisent la route d’une autre vieille connaissance : le pirate Hector Barbossa (Geoffrey Rush).

Les morts à l’abordage

Conformément à l’imagerie établie dans les autres films de la franchise, La Vengeance de Salazar nous offre son lot généreux de visions fantastiques joyeusement surréalistes : le lugubre Hollandais Volant qui surgit des profondeurs, une cérémonie de mariage organisée dans un squelette de baleine transformé en église improvisée, la « résurrection » du Black Pearl sorti par miracle de sa bouteille ou encore la trop furtive intervention d’une proue agressive (réminiscence probable de celle du Voyage fantastique de Sinbad). Les adversaires de nos protagonistes sont ici une impressionnante troupe de marins fantômes aux corps et aux visages à moitié décomposés, variante des pirates zombies de La Malédiction du Black Pearl. À leur tête, Javier Bardem porte un maquillage blafard qui se complète d’une tignasse de cheveux en images de synthèse qui s’agitent au ralenti, comme s’il se déplaçait sous l’eau. Le navire de cet équipage macabre, aux allures de carcasse menaçante prenant presque l’apparence d’une araignée géante lorsqu’il aborde d’autres bateaux, est survolé de sinistres volatiles squelettiques. Ce cinquième opus rivalise donc une fois de plus de trouvailles artistiques et de prouesses techniques, son budget pharaonique autorisant tous les excès en matière de séquences d’action, de la banque arrachée à ses fondations puis traînée par des chevaux dans toute la ville à la double exécution brutalement interrompue (avec une caméra embarquée sur une guillotine transformée en manège infernal) en passant par l’impensable attaque des requins zombies. Les amateurs de la saga aquatique en ont largement pour leur argent, avec en prime une apparition de Paul McCartney dans le rôle de l’oncle de Jack Sparrow et un étonnant flash-back dans lequel Anthony De La Torre incarne une version juvénile de l’incorrigible pirate.

 

© Gilles Penso


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