QUEEN OF OUTER SPACE (1958)

Un sommet de science-fiction kitsch des années 50 dans lequel de fiers astronautes américains découvrent une planète peuplée par des femmes…

QUEEN OF OUTER SPACE

 

1958 – USA

 

Réalisé par Edward Bernds

 

Avec Zsa Zsa Gabor, Eric Fleming, Dave Willock, Laurie Mitchell, Lisa Davis, Paul Birch, Patrick Waltz, Barbara Darrow, Marilyn Buferd

 

THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I ARAIGNÉES

Le plus incroyable, dans Queen of Outer Space, ce n’est pas tant l’absurdité absolue de son concept, sa naïveté délicieuse ou son machisme aberrant. C’est surtout de découvrir que cette perle de la science-fiction kitsch des années 50 soit née sous la plume de deux scénaristes extrêmement prestigieux, en l’occurrence Ben Hecht (Scarface de Howard Hawks, Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock) et Charles Beaumont (l’un des auteurs phare de la série La Quatrième dimension). Que s’est-il donc passé dans la tête de ces deux vénérables dramaturges ? Quelles substances illicites ont-ils donc consommé ? Nul ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il qu’un beau jour, Ben Hecht propose à la compagnie Allied Artist un scénario baptisé Queen of the Universe narrant la découverte d’une planète dirigée par des femmes. Charles Beaumont est chargé de retravailler cette histoire qui deviendra finalement Queen of Outer Space (le titre initial faisant penser à un concours de beauté du type « Miss Univers ») et s’inspirera d’autres films de SF abordant déjà un sujet similaire, notamment Deux nigauds chez Venus, Cat Women of the Moon et Fire Maidens from Outer Space. Le budget de ce long-métrage étant réduit à peau de chagrin, tous les moyens sont bons pour faire des économies, y compris la réutilisation des costumes de Planète interdite, des maquettes de Destination Mars et des effets spéciaux d’Un monde sans fin.

En cette lointaine année futuriste 1985, un équipage constitué du sage capitaine Patterson (Eric Fleming), du lieutenant chaud-lapin Mike Cruze (Dave Willock), de l’officier blagueur Turner (Patrick Waltz) et du vénérable professeur Konrad (Paul Birch) s’envole en direction d’une station spatiale en orbite dans les étoiles. Mais alors qu’ils approchent de leur destination, un rayon d’énergie interstellaire en dessin animé pulvérise la station et heurte leur fusée. Soudain, après ce prégénérique d’un quart d’heure, le titre du film s’étale alors plein écran, dans tout son glorieux Cinemascope. Les quatre hommes découvrent qu’ils se sont échoués sur la planète Venus, où l’air est parfaitement respirable, et décident de passer la nuit à la belle étoile. Les premières mini-jupes ne tardent pas à entrer dans le champ. Toute une armée de jolies filles, dont l’uniforme très seyant porte les mêmes couleurs que celles du futur équipage de Star Trek, intervient en effet et les capture pour les traîner jusqu’au palais de la cruelle reine Yllana (Laurie Mitchell), qui ne se sépare jamais de son masque et règne en dictatrice sur la planète. Les hommes sont promis à un sort funeste. Fort heureusement, la courtisane Talleah (Zsa Zsa Gabor) et ses alliées préparent la révolte…

Amazon Women on Venus

Les amateurs d’anachronismes surréaliste tomberont à coup sûr sous le charme suranné de ces tableaux invraisemblables : de fiers astronautes qui se promènent dans une jungle multicolore vénusienne sans besoin de porter la moindre combinaison spatiale ; de mignonnes extra-terrestres court-vêtues qui les menacent avec des pistolets aux allures de sèche-cheveux et parlent couramment l’anglais ; un palais spatial qui ressemble à une scène de music-hall ; une chambre royale toute rose où une bonne bouteille de vin attend les invités… Pour expliquer cette infinité d’aberrations scientifiques, le savant de l’équipe a une phrase imparable : « tout est possible dans l’espace ». De nombreux dialogues joyeusement macho ponctuent le film. L’un des plus gratinés ? « Comment un groupe de femmes aurait pu inventer un tel rayon, vous avez-vu comment les femmes conduisent ? ». Ou encore : « Même à 40 millions de kilomètres de la Terre, ces poupées sont toutes les mêmes ». Bien sûr, toutes les vénusiennes finissent par succomber face aux attraits de ces beaux visiteurs mâles, poussant le capitaine à affirmer sans ciller : « Vous n’êtes pas qu’une reine, vous êtes aussi une femme, et une femme a besoin de l’amour d’un homme. » Ce que confirme la jet-setteuse Zsa Zsa Gabor engagée ici pour jouer une extra-terrestre rebelle : « Les femmes ne peuvent pas être heureuses sans hommes. » Queen of Outer Space souffre d’une mise en scène statique, abusant de plans larges fixes, d’interminables déambulations dans des couloirs et de dialogues longuets. Mais le film reste résolument divertissant. Coloré, léger, sexy, ne se prenant jamais vraiment au sérieux, nous offrant même l’incontournable scène de l’araignée géante (une grande marionnette statique en plastique), ce sera l’influence principale du désopilant Amazon Women on the Moon.

 

© Gilles Penso


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