SEXY KILLER (2008)

Ce pastiche espagnol des slashers s’intéresse aux méfaits d’une tueuse psychopathe qui sévit dans une école de médecine…

SEXYKILLER, MORIRA POR ELLA

 

2008 – ESPAGNE

 

Réalisé par Miguel Marti

 

Avec Macarena Gómez, Alejo Sauras, César Camino, Angel de Andrés López, Juan Carlos Vellido, Nadia Casado, Juan Diaz, David Tenreiro

 

THEMA TUEURS I ZOMBIES

Barbara est une jeune étudiante qui a planifié sa vie depuis qu’elle est toute petite en s’inspirant de la béatitude tranquille des poupées Barbie. Son avenir idéal est celui d’une femme active qui aurait trois emplois, deux enfants blonds et un mari chirurgien esthétique. Pour tendre vers ce but, elle s’est inscrite dans une école de médecine. Voilà le point de départ d’une gentille petite histoire naïve et acidulée. Sauf que Barbara est une fille très particulière : c’est une tueuse en série. Tous ceux qui la contrarient d’une manière ou d’une autre finissent les deux pieds devant, généralement dans un spectaculaire bain de sang. Armes blanches, armes à feu, outils divers, tous les moyens sont bons pour faire passer son entourage de vie à trépas. La première partie du film est structurée sous forme d’un flash-back raconté par Barbara, alors qu’elle est sur le point d’achever un voyou qui a écrasé en voiture son chien adoré. Un gag récurrent nous permet donc de retrouver régulièrement le pauvre gars dans des situations de plus en plus déplaisantes, contraint d’écouter les confessions de la pétulante psychopathe. Les méfaits répétés de la jeune fille affolent bientôt la police et la presse qui s’empressent de parler de « l’assassin du campus ». L’enquête suit son cours tant bien que mal, mais aucun soupçon ne se porte sur Barbara…

Tête coupée et conservée dans un frigo, cadavre aux entrailles pendantes exhibé pendant un cours de médecine, mutilations en série, meurtres violents et originaux (avec une mention spéciale pour le talon aiguille qui s’enfonce dans la tempe d’un professeur), Sexy Killer n’y va pas avec le dos de la cuiller côté gore, démarrant par un pastiche potache de Scream avant d’emprunter des sentiers plus inattendus. Car à mi-parcours, la parodie de slasher part dans une direction surprenante, alors qu’entrent en scène deux autres étudiants en médecine, Alex (Alejo Sauras) et Tomas (Cesar Camino). Ce dernier a inventé une machine capable de projeter sur un écran les dernières images vues par un mort. Cette idée scénaristique excentrique (qui n’est pas sans rappeler le postulat de Quatre mouches de velours gris de Dario Argento) pourrait permettre de faire avancer l’enquête d’un grand pas. Or Barbara se laisse séduire par Tomas, qu’elle croit être son parfait alter-ego. Un quiproquo tenace la laisse en effet imaginer qu’il est lui aussi un meurtrier en série, alors qu’il travaille en réalité à la morgue. L’idylle qui s’installe entre eux ne sera pas un long fleuve tranquille…

La mort lui va si bien

Délicieuse dans le rôle de cette « psycho-killeuse » instinctive qui ne réfrène aucune de ses impulsions, Macarena Gómez (que les fantastciophiles ont découverte dans le Dagon de Stuart Gordon) excelle dans le double registre du charme et de la comédie (son visage est d’une incroyable mobilité, digne d’un personnage de Tex Avery). Brisant régulièrement le fameux quatrième mur pour parler à la caméra et rendre le spectateur complice de ses actes, elle justifie ses meurtres en affirmant avec malice : « la question n’est pas pourquoi, mais pourquoi pas ». Le scénario de Paco Cabezas (Les Disparus) déborde d’idées folles qui s’imbriquent plutôt bien les unes avec les autres (on aurait pu frôler l’indigestion, mais le miracle opère), portées à l’écran par la mise en scène extrêmement inventive de Miguel Marti qui multiplie les idées visuelles étonnantes. Sexy Killer ne recule pas devant les références, citant Vendredi 13, Titanic, Le Silence des agneaux, Evil Dead, clignant de l’œil vers Scream, Crocodile Dundee et La Nuit des morts-vivants. Mais au-delà de l’exercice de style parodique, rien n’empêche de lire en filigrane le désespoir d’un être à la dérive dont l’apparente absence de tabous et de barrière morale masque un grand vide affectif que rien ne pourra jamais combler, ce que laisse entrevoir un épilogue en équilibre instable entre l’exubérance et la tristesse.

 

© Gilles Penso


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