SUPER-HÉROS MALGRÉ LUI (2021)

L’acteur principal d’un film de super-héros se prend pour son personnage après un accident qui l’a rendu amnésique…

SUPER-HÉROS MALGRÉ LUI

 

2021 – FRANCE

 

Réalisé par Philippe Lacheau

 

Avec Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Jean-Hugues Anglade, Alice Dufour, Brahim Bouhlel, Pascal Boisson, Chantal Ladesou

 

THEMA SUPER-HÉROS I CINÉMA ET TÉLÉVISION

Depuis le succès surprise de son premier film Babysitting en 2014, la carrière de l’acteur/réalisateur Philippe Lacheau est montée en flèche, au rythme de comédies populaires ayant su ravir un jeune public totalement en phase avec cet humour simple, franc et frontal. Suivirent donc Baysitting 2, Alibi.com et Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Pour son cinquième long-métrage, Lacheau aimerait se frotter au pastiche d’un genre cinématographique. Ce sont d’abord les films d’espionnage qu’il a en ligne de mire. Son idée : après un accident de voiture, un acteur perd la mémoire et se prend pour l’agent secret qu’il interprète, une sorte de mixage entre James Bond et Jason Bourne. L’idée fait son chemin mais ne semble pas offrir toutes les possibilités comiques que le réalisateur a en tête. D’où la volonté de finalement parodier les films de super-héros, dont les codes connus de tous offrent une infinité de gags potentiels. Bien sûr, un tel choix nécessite des moyens relativement importants. Confiante, la production lui alloue un budget de plus de quinze millions d’euros, largement de quoi s’amuser pendant le tournage et la post-production. Après tout, Nicky Larson avait coûté la coquette somme de 18,5 millions. Quand on aime, on ne compte pas, surtout si les spectateurs répondent présents.

Fidèle à ses habitudes, Philippe Lacheau s’octroie le rôle principal, celui de Cédric, un apprenti acteur sans le sou obligé de cohabiter avec sa sœur et de transformer son appartement en point-relais pour arrondir ses fins de mois. Jusqu’au jour où il décroche le premier rôle d’un film de super-héros français, « Badman ». En réalité, il n’était que le second choix, mais l’heureux élu est devenu indisponible suite à un accident stupide. Après un entraînement intensif, Cédric revêt l’impressionnante combinaison du super-justicier (évidemment très inspirée de celle de Batman) et commence le tournage. Mais entre deux prises, il apprend que son père a été hospitalisé à des kilomètres de là. Pour le rejoindre au plus vite, il emprunte la voiture de tournage (la Badmobile) et fonce sur la route… jusqu’à l’accident. À son réveil, Cédric a totalement perdu la mémoire. Il découvre alors le costume cuirassé qu’il porte, le véhicule stylisé dans lequel il est assis, et se persuade bientôt qu’il est un réel super-héros engagé dans une mission de la plus haute importance…

Il fait le bien… mais mal

Super-héros malgré lui cultive un humour principalement visuel, assumant pleinement son absence de sophistication. On cherche donc le rire facile et les situations immédiatement absurdes, quitte à déculotter plusieurs fois d’affilée le personnage principal où à transformer sa future petite-amie (Alice Dufour) en souffre-douleur soumis à autant de sévices cartoonesques qu’un personnage des Looney Tunes. L’imagerie des films du genre est détournée avec soin (le look de Batman, le baiser de Spider-Man, le rassemblement des Avengers) et la mise en forme générale (photographie, cascades, effets spéciaux) se conforme aux ambitions du récit. En quête d’une certaine impertinence politiquement incorrecte, le scénario s’appuie même sur certains faits d’actualité réels pour les intégrer dans le script, parfois de manière involontaire, comme ce gag autour d’un pistolet réel égaré au milieu d’armes factices d’un film. Le drame survenu sur le tournage de Rust vient alors de survenir et l’équipe s’interroge longtemps avant de prendre finalement la décision de conserver la scène. Bref Super-héros malgré lui ne brille pas par sa subtilité, mais une fois de plus la bonne humeur de Lacheau et son envie sincère de bien faire finissent par emporter l’adhésion. Du coup, la phrase d’accroche du film (« Il fait le bien… mais mal ») offre une intéressante mise en abîme. Au-delà de sa bande habituelle (Élodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti), le réalisateur s’offre les services de quelques vedettes invitées : Jean-Hugues Anglade en inspecteur de police, Chantal Ladesou en productrice, Régis Laspalès en chef de famille peu recommandable, Vincent Desagnat en expert de la sécurité routière, Michel Crémadès en retraité hargneux… et même le vétéran Georges Corraface dans le rôle d’un acteur de renom. Quant à Philippe Katerine, il joue le maire de Paris dans une intrigue parallèle qui fut finalement coupée au montage pour resserrer le récit, ramenant le film à une durée de 80 minutes.

 

© Gilles Penso


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