VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 2 : L’ÎLE MYSTÉRIEUSE (2012)

Une séquelle exubérante qui prend comme son prédécesseur les allures d’un manège de parc d’attractions, avec The Rock en Monsieur Loyal…

JOURNEY 2: THE MYSTERIOUS ISLAND

 

ANNEE – USA

 

Réalisé par Brad Peyton

 

Avec Dwayne Johnson, Josh Hutcherson, Vanessa Hudgens, Michael Caine, Luis Guzman, Kristin Davis, Stephen Caudill, Anna Coldwell

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I REPTILES ET VOLATILES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS

La relecture simpliste et récréative du roman « Voyage au centre de la Terre » par le réalisateur Eric Brevig en 2008 fut un succès au box-office, grâce à une campagne marketing de grande envergure, des péripéties mouvementées célébrant un « retour de la grande aventure » dont Brendan Fraser fut lui-même le porte-étendard avec La Momie, un déchaînement d’effets visuels très spectaculaires et une exploitation dynamique de la 3D. La formule ayant fait ses preuves, il ne restait plus qu’à la reproduire. Or un scénario baptisé « Mysterious Travels », œuvre de Richard Outten (Simetierre 2) traîne dans les bureaux de New Line Cinema depuis quelques temps et pourrait bien servir de base à une suite. Le studio rachète donc le manuscrit et demande à Brian et Mark Gunn de le retravailler pour le raccorder avec Voyage au centre de la Terre. Cette fois-ci, le roman de Jules Verne qui servira d’inspiration principale aux péripéties est « L’île mystérieuse », auquel s’ajoutent très vaguement des éléments puisés dans « Les Voyages de Gulliver » et « L’île au trésor ». Brendan Fraser et Anita Briem n’étant pas disponibles au moment du tournage, les deux comédiens n’apparaissent pas dans ce second épisode, le seul personnage assurant le lien étant l’ado Sean Anderson, toujours incarné par Josh Hutcherson. Il faut tout de même une tête d’affiche pour attirer les foules. Ce sera Dwayne Johnson, l’ex-catcheur mué en superstar du grand écran depuis le début des années 2000.

The Rock incarne Hank, le beau-père musclé et sympathique de Sean. Celui-ci, désormais âgé de 17 ans, vient d’être arrêté par la police après s’être introduit dans un centre de contrôle de satellites. Il cherchait en fait à améliorer un signal codé qui, selon lui, a été envoyé par son grand-père Alexander (Michael Caine) disparu depuis longtemps. Dans l’espoir d’améliorer ses relations tendues avec le jeune garçon, Hank l’aide à déchiffrer le message. Tous deux découvrent les coordonnées d’une île et décident de s’y rendre, avec la bénédiction de la mère de Sean qui voit là un moyen comme un autre de les rapprocher tous les deux. Sauf qu’il ne s’agira pas d’un simple voyage touristique. En louant les services d’un pilote d’hélicoptère et de sa fille au fin fond du Pacifique, ils s’enfoncent dans un ciel tourmenté et finissent par se crasher sur ce qui semble être l’île mystérieuse décrite dans le roman de Jules Verne. Là, mille dangers imprévus les guettent…

Le monde perdu

Le manque absolu de finesse et de crédibilité du film est assumé dès ses premières minutes, comme si le réalisateur signait d’emblée un contrat avec le spectateur en lui proposant de jouer le jeu sans se montrer trop regardant. Pour peu qu’on accepte les énormes ficelles, les clichés impensables et les caractères taillés au burin (Dwayne Johnson et Luis Guzman semblent jouer des caricatures d’eux-mêmes, Michael Caine cachetonne en émule septuagénaire d’Indiana Jones et Crocodile Dundee), on entre dans le jeu et l’on profite d’une succession de séquences joyeusement mouvementées. Le fantasticophile se rabat principalement sur la faune monstrueuse de ce monde perdu qui doit finalement plus à Arthur Conan Doyle qu’aux trois auteurs cités dans le film (Verne, Swift et Stevenson). Conçus et animés par une armada d’infographistes, plusieurs bêtes impensables font ainsi face à nos aventuriers en herbe : des éléphants miniatures, des abeilles géantes, des oiseaux gigantesques, une murène électrique surdimensionnée et surtout un lézard titanesque, version survitaminée de celui d’Un million d’années avant JC qui nous offre sans doute la meilleure scène du film. Cette tendance à associer les écrits de Jules Verne aux animaux géants semble d’ailleurs héritée de Ray Harryhausen et tout particulièrement de L’île mystérieuse de 1961 auquel le film de Brad Peyton rend plusieurs hommages (la cité perdue atlante, le pont suspendu à la King Kong, la présence du Nautilus, la grande éruption volcanique finale). Gentiment inoffensif, sitôt oublié après son visionnage, Voyage au centre de la Terre 2 est donc conçu comme son prédécesseur à la manière d’un grand manège de parc d’attraction, ne cherchant jamais à placer plus loin ses ambitions. Brad Peyton a au moins l’honnêteté de ne pas tenter de nous mentir sur la marchandise.

 

© Gilles Penso


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