LA CHOSE (1983)

Une créature extra-terrestre mutante constituée d’énormes gueules carnivores terrorise une petite ville des États-Unis…

THE DEADLY SPAWN

 

1983 – USA

 

Réalisé par Douglas McKeown

 

Avec James Brewster, Elissa Neil, John Schmerling, Ethel Michelson, Judith Mayes, Andrew Michaels, John Arndt

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Grand amateur de cinéma d’horreur et de science-fiction, éditeur de la revue éphémère SPFX consacrée aux effets spéciaux, Ted A. Bohus s’est lancé au début des années 80 dans la production de films de genre à tout petit budget. Après Fiend et Nightbeast, il enchaîne avec ce mémorable Deadly Spawn que les distributeurs français éditèrent en VHS sous le titre de La Chose, entretenant une confusion hors-sujet avec The Thing de John Carpenter. Certes, cette « chose » vient elle aussi d’un autre monde et sa morphologie est en mutation permanente, mais les points communs s’arrêtent là. Tourné en 16 mm avec des moyens précaires, une équipe semi-amateur et beaucoup de bonne volonté, The Deadly Spawn est réalisé par Douglas McKeown dont ce sera le premier et seul film. Tout commence – refrain connu – par la chute d’une météorite dans les bois. Curieux, deux campeurs vont voir de quoi il en retourne. Mal leur en prend. Ils meurent hors-champ en poussant de grands cris, avec force jets de sang, tandis qu’une étrange créature apparaît en ombre chinoise. Cette mise en bouche est très prometteuse, mais dès lors La Chose souffre d’un gros déséquilibre, alternant des séquences d’effets spéciaux réjouissantes avec de longs dialogues filmés platement et joués avec une conviction toute relative.

Le passage où Sam et Barbara (James Brewtser et Elissa Neil) s’éveillent chez eux et découvrent qu’il n’y a plus d’eau chaude dure par exemple beaucoup trop longtemps, d’autant qu’il ne s’y passe rien de palpitant. Les choses se corsent heureusement par la suite. En descendant dans la cave pour réparer la chaudière, Sam est attaqué et tué par un monstre dont on ne voit encore que l’ombre, tandis que le sang gicle avec toujours autant d’abondance. Lorsque Barbara le rejoint, nous voyons enfin la bête : une bouche immense garnie d’un nombre impensable de dents acérées qui lui arrache la moitié de la peau du visage. Exit Sam et Barbara. Nous faisons alors connaissance de Charles, un garçon qui adore regarder des films d’horreur, se déguiser en monstre et lire la revue « Famous Monsters ». C’est de toute évidence une sorte d’alter-ego de Ted Bohus, non seulement producteur mais aussi scénariste du film. Sa chambre est décorée avec des posters de King Kong, Frankenstein, Le Monstre des abîmes, Le Colosse de New York, La Vallée de Gwangi, The Spider, mais aussi des photos du Monstre des temps perdus et d’À des millions de kilomètres de la Terre et une figurine de Godzilla. Ce sera lui le héros du film, aux côtés de son frère Peter, étudiant en sciences.

Les têtards de l’espace

L’une des scènes d’anthologie est celle où Charles découvre les premières victimes. Le monstre y apparaît dans toute sa splendeur, se multipliant, exhibant plusieurs têtes montées sur de longs cous qui se rattachent à la première, tandis que des espèces de têtards géants aux gueules voraces (mi-piranhas mi-« face huggers ») se déplacent dans l’eau et rongent les restes des corps humains. Autres moments mémorables : la réunion des végétariennes qui dégénère lorsque les « têtards » les attaquent, ou encore la découverte de l’oncle mort avec des bêtes à la place des orbites et une autre qui sort de sa poitrine façon Alien. Dommage que la mise en scène soit si académique, la photo si plate, les dialogues si insipides et les comédiens si peu convaincants. Avec plus de soin apporté à tous ces aspects, le film aurait pu gagner ses galons d’œuvre culte. Restent les extraordinaires effets spéciaux concoctés par John Dods et Arnold Gargiulo qui à eux seuls valent largement le déplacement. De fait, si La Chose n’a rien d’inoubliable, sa créature est l’une des préférées des amateurs de tous ces monstres « old school » qui pullulaient joyeusement dans les années 80.

 

© Gilles Penso


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