LA MAISON DES 1000 MORTS (2003)

Le chanteur Rob Zombie démarre sa carrière de réalisateur avec fracas en nous présentant une famille de tueurs dégénérés et exubérants…

HOUSE OF 1000 CORPSES

 

2003 – USA

 

Réalisé par Rob Zombie

 

Avec Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, Karen Black, Chris Hardwick, Erin Daniels, Jennifer Jostyn, Rainn Wilson, Matthew McGrory

 

THEMA TUEURS I FREAKS I SAGA FIRELFY FAMILY

C’est en tant que membre du groupe White Zombie que Rob Zombie s’est fait connaître, avant d’entamer une carrière solo à succès. Son univers musical étant très largement influencé par le cinéma d’horreur des années 30 aux années 70, il rêve depuis longtemps de pouvoir lui-même passer derrière la caméra. Les choses se font progressivement. Il crée d’abord des designs pour le film d’animation Beavis et Butt-Head se font l’Amérique, réalise plusieurs clips, développe le scénario d’une suite de The Crow qui ne verra finalement pas le jour, bref sème peu à peu les graines de sa future carrière cinématographique. Lorsqu’il est sollicité pour concevoir un labyrinthe hanté pour le parc Universal, l’idée de La Maison des 1000 morts commence à émerger. Après avoir lu quelques pages de scénario, les cadres du studio se laissent convaincre et acceptent de suivre Zombie dans l’aventure, sans se douter que le trublion prépare un film gore, déviant et immoral absolument pas calibré avec les longs-métrages qu’ils ont l’habitude de produire. L’apprenti-cinéaste démarre avec son équipe un tournage de 25 jours – un délai très limité au regard des ambitions du film – dont la majorité se déroule dans l’une des maisons du parc Universal à Hollywood. Les choses se compliquent dans la mesure où le circuit touristique ne s’interrompt pas, obligeant Zombie à stopper régulièrement les prises de vues pour laisser passer le petit train et ses visiteurs.

L’histoire de La Maison des 1000 morts se déroule en 1977. Deux couples s’amusent à répertorier les sites les plus bizarres qu’ils trouvent le long des routes de campagne de l’Amérique profonde, dans l’espoir d’en tirer un livre. L’un des lieux dans lesquels ils font halte est « le musée des monstres et des malades mentaux du Capitaine Spaulding ». Après avoir visité cette étrange attraction, ils embarquent au beau milieu de la nuit l’auto-stoppeuse Baby (Sheri Moon, la compagne de Rob Zombie qui fait ici ses débuts face à la caméra) mais l’un de leurs pneus crève en pleine forêt. Pas de souci : Baby leur propose de venir dîner chez elle. Les voilà donc réunis dans une maison bizarre où vit la famille Firefly. Manque de chance, ce sont tous des psychopathes dégénérés. La mère est incarnée par la vénérable Karen Black, bien connue des fantasticophiles (747 en péril, Trauma, Capricon One, La Poupée de la terreur). L’un des frères de Baby, Otis (Bill Moseley), vient de kidnapper et de torturer cinq pom-pom girls. Son autre frère est Tiny (Matthew McGrory), un colosse bossu et sourd-muet caché derrière un masque. Sans oublier bien sûr l’excentrique Capitaine Spaulding (Sid Haig), qui cache sous son maquillage de clown et son costume aux couleurs du drapeau américain des pulsions meurtrières intenses. Tombés dans la gueule du loup, nos quatre touristes s’apprêtent à vivre l’enfer, tandis que deux policiers et le père d’une des jeunes filles mènent l’enquête…

Trop perturbant pour Universal

Extrêmement inventif, Rob Zombie insère régulièrement dans son montage des plans brefs « salis », comme vus sur un vieux téléviseur des années 70. Certaines images sont solarisées, d’autres passent subitement en négatif. Des flash-back rapides, des images fantasmées, des split-screens jaillissent parfois à l’écran, tandis que la bande originale mixe toutes sortes de sources variées. Cette profusion pourrait s’avérer indigeste, mais Zombie trouve miraculeusement le juste équilibre, dynamisant sa mise en scène en offrant à son premier film une patine très originale, en accord avec l’esthétique granuleuse des seventies (on pense bien sûr à Massacre à la tronçonneuse, source d’inspiration parfaitement digérée). De toutes ces trouvailles se dégage aussi un profond sentiment de liberté créatrice, loin des canons hollywoodiens traditionnels. C’est déjà un signal d’alarme pour Universal. Mais c’est surtout avec l’approche de la violence du film que le studio aura le plus de mal. La cruauté gratuite, l’horreur graphique, les pires sévices s’étalent avec une complaisance assumée, au sein d’une direction artistique extrêmement inventive où finissent par se côtoyer des tueurs biomécaniques et des cobayes humains mutilés, comme échappés d’un épisode de la saga Hellraiser. Zombie a beau couper les scènes les plus perturbantes, Universal se désolidarise et refuse de distribuer le film. C’est finalement Lionsgate qui prendra le relais. Devenu culte, La Maison des 1000 morts entraînera deux suites : The Devil’s Rejects et 3 From Hell.

 

© Gilles Penso


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