PLUS MOCHE QUE FRANKENSTEIN, TU MEURS ! (1975)

Aldo Maccione incarne une créature monstrueuse et lubrique dans cette parodie italienne parfaitement improbable…

FRANKENSTEIN ALL’ITALIANA

 

1975 – ITALIE

 

Réalisé par Armando Crispino

 

Avec Aldo Maccione, Gianrico Tedeschi, Jenny Tamburi, Anna Mazzamauro, Lorenza Guerrieri, Ninetto Davoli, Aldo Valletti, Alessandra Vazzoler

 

THEMA FRANKENSTEIN

Après s’être délecté du Frankenstein Junior de Mel Brooks, comment ne pas s’affliger lorsque, l’année suivante, l’Italie nous livre Frankenstein all’Italiana ? Armando Crispino, qui vient tout juste de réaliser Frissons d’horreur, se lance donc dans la gaudriole en confiant le rôle du monstre de Mary Shelley à Aldo Maccione. Le public français connaît déjà le trublion grâce à L’Aventure c’est l’aventure et Mais où est donc passé la septième compagnie ?, mais il faudra attendre d’autres comédies « bien de chez nous » comme Je suis timide mais je me soigne, C’est pas moi c’est lui ou Tais-toi quand tu parles pour qu’Aldo « la classe » se mue en superstar du rire en nos contrées (son accent impayable et sa démarche légendaire déclenchant alors les zygomatiques de toute une frange de la population). Du coup, les distributeurs français décident d’exhumer cet obscur Frankenstein all’Italiana et de lui donner un titre qui claque. Au lieu d’un trop banal « Frankenstein à l’italienne » (traduction littérale de son appellation originale), on opte pour un clin d’œil éléphantesque au Plus beau que mois tu meurs de Philippe Clair qui vient alors de déplacer les foules dans l’hexagone. Place donc à Plus moche que Frankenstein tu meurs !

Aldo incarne donc le monstre de Frankenstein. Affublé d’un maquillage blafard, d’un crâne hypertrophié et de bottes compensées, il débarque dans la chapelle du château de son créateur (Gianrico Tedeschi) et interrompt ses noces, provoquant des évanouissements en cascade. La créature ne va pas bien : son organisme rejette les membres et les viscères qui lui ont été greffés. Il craquèle de partout, perd sa langue et une main, se démembre lamentablement, bref tout va mal. Frankenstein charge donc son valet bossu Igor (Ninetto Tamburi) de récupérer quelques litres de sang ainsi que les organes manquants dans l’espoir de ressusciter son « enfant ». Dans le « centre de récupération de cerveaux », l’assistant contrefait nous joue un remake de Frankenstein Junior, brisant plusieurs bocaux et récupérant en désespoir de cause la matière grise d’un dangereux maniaque sexuel. Quant au sang, il l’obtient par carafes entières dans l’auberge vampirique du coin. À l’issue d’une expérience mouvementée menée par Frankenstein, Igor et deux assistantes aux mœurs légères (Lorenza Guerrieri et Anna Mazzamauro), le monstre revient miraculeusement à la vie. Le voilà désormais pourvu d’un appétit sexuel inextinguible dont seront victimes plus ou moins consentantes toutes les femmes passant à sa portée.

Vas-y Frankie, c’est bon !

Un prêtre qui louche, un bossu maladroit aux mains baladeuses, un savant hystérique qui gesticule en tous sens, un monstre qui émet de généreuses flatulences, un interminable petit déjeuner où la créature s’efforce de rester cachée sous la table, un chat qui rugit comme un lion… voilà la nature des ressorts comiques déployés dans ce film dont le mot d’ordre, on l’aura compris, n’est pas la finesse. Quant à Aldo Maccione, il grogne, grimace et baragouine quelques mots confus, quasiment méconnaissable sous son grimage vaguement karloffien, sans bien sûr s’adonner à cette fameuse démarche chaloupée qu’esquisse pourtant abusivement l’affiche française. Pour faire bonne mesure, Armando Crispino saupoudre son film d’érotisme bon enfant et cligne vaguement de l’œil vers le classique de James Whale (la scène de l’affrontement entre Igor, une torche à la main, et le monstre enchaîné dans la cave). Les seules idées intéressantes sont hélas inexploitées, notamment ce passage où la fiancée de Frankenstein (Jenny Tamburi), perdue dans les catacombes du château, découvre toute une série d’anciennes créatures momifiées qui prennent la poussière (dont l’une ressemble à Hitler !). Mais cette séquence ne débouche sur rien et cède le pas à une sarabande de nouveaux gags poussifs jusqu’à un final pataud qui, une fois de plus, se réfère lourdement à Frankenstein Junior.

 

© Gilles Penso


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