SCREAM (2022)

Conçu comme un hommage à Wes Craven, ce cinquième épisode n’apporte rien de bien neuf à la franchise créée 25 ans plus tôt…

SCREAM

 

2022 – USA

 

Réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett

 

Avec Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Melissa Barrera, Jack Quaid, Mikey Madison, Jenna Ortega, Dylan Minnette, Jasmon Savoy Brown

 

THEMA TUEURS I SAGA SCREAM

Scream 4 était le dernier film de Wes Craven avant son décès en août 2015. La disparition du cinéaste aurait logiquement dû mettre un terme à cette franchise déjà passablement usée. Mais on ne tue pas la poule aux œufs d’or. Après sa déclinaison sous forme de série télévisée entre 2015 et 2019, la saga s’offre donc un cinquième épisode qui ne s’appelle pas Scream 5, comme la logique l’aurait voulu, mais simplement Scream. Cette tendance à oublier la numérotation crée une confusion qui place cette suite au-dessus de son statut de simple séquelle pour lui octroyer une singularité quelque peu abusive (tout comme le Halloween de David Gordon Green ou le Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia). Ce Scream n’est pourtant ni un reboot, ni un remake, mais bel et bien un cinquième opus prenant la suite des événements racontés onze ans plus tôt dans Scream 4. Et même si un clin d’œil à l’intérieur du film se moque de ce principe du titre tronqué (quelqu’un sur Youtube déplore un huitième « Stab » qui ne s’appelle pas « Stab 8 » mais simplement « Stab »), ça ne change rien au problème. Dénoncer des travers ne rend pas leur usage plus pertinent pour autant. Cette histoire de chiffre ne pourrait être qu’un détail, mais elle est symptomatique du problème majeur du Scream co-réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (qui avaient signé ensemble Wedding Nightmare). Voilà un énième chapitre qui n’apporte absolument rien de neuf tout en prétendant le contraire.

Sans surprise, le film commence comme un remake de la fameuse scène d’ouverture de Scream, reprenant servilement le motif de la jeune fille seule chez elle au milieu de la nuit qui répond au téléphone à un maniaque l’interrogeant sur ses goûts en matière de film d’horreur. Certes, le tueur s’avère ici plus violent, plus brutal et plus sadique que dans les opus précédents, les effets gore ayant gagné en débordements. Mais pour le reste, nous nageons en plein déjà vu. L’habituel groupe d’étudiants qui se serre les coudes autour des victimes en se demandant qui sera la prochaine et surtout qui est l’assassin est donc de la partie. Au beau milieu des nouvelles têtes apparaissent les trois stars indéboulonnables de la franchise, autrement dit Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette, reprenant leurs rôles familiers pour assurer la transition. Ces « Legacy Characters » retrouvent d’ailleurs rapidement leurs vieilles habitudes pour ne pas désarçonner le public. Dewey et Gale continuent donc à se disputer et Sid joue une fois de plus les dures à cuire.

Déjà vu

Comme on pouvait s’y attendre, les dialogues n’en finissent plus d’énoncer les règles qui régissent les films d’horreur, évoquent les slashers, les franchises, les séquelles, les remakes, les reboots, le phénomène des fans, l’horreur « raffinée » façon Hérédité ou The Witch (pour être dans l’air du temps), bref on se regarde le nombril avec satisfaction. L’idée d’une paranoïa grandissante auprès de l’intégralité du casting – chacun se demandant si l’autre n’est pas le tueur – avait un potentiel intéressant, soulevant en substance une question troublante : à quel point connait-on ses amis et sa famille ? Mais ce n’est finalement qu’un gimmick sans grande conséquence, si ce n’est l’abus de coups de théâtre, de révélations et de monologues trop écrits pour sonner justes. « Il te faut de nouvelles idées ! » finit par dire Sidney au tueur, lasse de voir les mêmes situations se répéter inlassablement. Nous serions tentés d’adresser le même conseil aux scénaristes. Finalement très fidèle à ce qu’est devenue la franchise Scream dès son second chapitre (autrement dit un festival d’autocitations complaisantes), ce cinquième opus n’élève donc pas le débat, pas plus qu’il ne renouvelle le genre, se contentant de recycler scolairement des recettes connues. L’hommage au travail de Wes Craven est manifeste et les cinéastes ont bien appris leurs leçons, mais l’exercice est un peu vain.

 

© Gilles Penso


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