LE COBAYE 2 – CYBERSPACE (1996)

Une suite pataude qui n’entretient plus aucun rapport avec Stephen King et sacrifie son potentiel sur l’autel des effets spéciaux numériques…

THE LAWNMOWER MAN 2 : BEYOND CYBERSPACE

 

1996 – USA

 

Réalisé par Farhad Mann

 

Avec Patrick Bergin, Matt Frewer, Ely Pouget, Austin O’Brien, Kevin Conway, Camille Cooper, Patrick LaBrecque, Crystal Celeste Grant

 

THEMA MONDE PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS I SAGA STEPHEN KING

Les liens qui unissent ce film avec Le Cobaye de Brett Leonard sont si ténus qu’on peut difficilement parler de séquelle. Jobe est interprété ici par Matt Frewer, ex-Max Headroom, lequel cabotine au point que son personnage devient vite irritant, perdant par là-même toute la dimension pathétique que Jeff Fahey avait su lui insuffler à l’origine. Ce changement de visage est justifié dans le récit par une opération chirurgicale destinée à sauver Jobe d’une mort certaine. Moribond, muet, amputé des deux jambes et en grande partie paralysé, celui-ci retrouve l’usage de tous ses membres de l’autre côté du miroir… dans la réalité virtuelle. Cette thérapeutique peu conventionnelle est pratiquée par le docteur Cori Platt (Ely Pouget), sous la tutelle de Jonathan Walker (Kevin Conway) qui se soucie bien moins de la guérison de Jobe que du moyen qu’il voit en lui de devenir maître du cyberespace. L’idée ne manque pas d’intérêt, mais il eut fallu que Farhad Mann se concentre davantage sur ses implications sociales et politiques que sur la quantité d’images de synthèse contenues dans son film. On se prend à rêver à ce que Michael Crichton ou Peter Hyams auraient pu faire d’un tel point de départ.

L’intrigue se corse lorsque Jobe, au fur et à mesure du développement de ses facultés dans l’au-delà virtuel, est pris d’une mégalomanie croissante et décide de coiffer Walker au poteau en se muant en dieu omniprésent. Et de prouver l’ampleur de ses pouvoirs en déclenchant des catastrophes à distance, comme le crash d’un avion dont il a dérouté l’ordinateur de bord, un peu comme Richard Burton dans La Grande menace. Sauf qu’ici, signe des temps, l’informatique a pris le pas sur la parapsychologie. Le scénario se complique jusqu’à virer à l’imbroglio lorsqu’interviennent pêle-mêle Benjamin Trace (Patrick Bergin), pionnier de la réalité virtuelle, et Peter (Austin O’Brien), un ado fan de jeux vidéo.

La grande menace

L’intrigue n’offre en fin de compte que peu d’intérêt, dans la mesure où aucun des personnages n’inspire une réelle sympathie, les motivations de chacun d’entre eux demeurant assez évasives. Pour compenser, le réalisateur cherche à combler l’amateur d’effets visuels spectaculaires en ouvrant le film sur la vision gigantesque d’une mégapole du futur, inspirée comme il se doit par celle de Blade Runner. Et pour mieux époustoufler le spectateur, il tourne les premières scènes du film en format « carré » 1.33 (celui d’un écran de télévision), afin de pouvoir élargir son image sur toute la latitude du Cinémascope dès que démarre vraiment le film. Une idée intéressante, si ce n’est qu’elle avait déjà brillamment servi dans Mad Max 2 et Brainstorm. Les images de synthèse interviennent aussi – et surtout – dans les séquences de réalité virtuelle, ce Cobaye 2 comblant les frustrations engendrées par le film précédent, dont les immersions dans l’univers 3D étaient souvent très brèves. Ici, la caméra virevolte à loisir dans des paysages intégralement synthétiques, procurant parfois au spectateur les joies d’un « ride » de parc d’attractions. La thématique des dangers encourus par l’informatisation à outrance n’est hélas qu’à peine effleurée, le film n’ayant ni la rigueur ni l’ambition nécessaires pour dépasser son stade de feu d’artifice à l’impact très éphémère.

 

© Gilles Penso


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