ESTHER (2009)

Après la perte douloureuse de leur enfant, deux parents décident d’adopter une petite fille brillante… qui cache bien son jeu !

ORPHAN

 

2009 – USA

 

Réalisé par Jaume Collet-Serra

 

Avec Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, CCH Pounder, Jimmy Bennett, Margo Martindale, Karel Roden

 

THEMA ENFANTS

En découvrant en 2004 La Maison de cire, faux remake opportuniste de L’Homme au masque de cire et imitation officieuse de Tourist Trap, on avait un peu tôt rangé Jaume Collet-Serra dans la catégorie des réalisateurs anonymes et sans personnalité. Mais avec Esther, la donne a radicalement changé. Pourtant, ce long-métrage horrifique est toujours produit par Dark Castle (La Maison de l’horreur, Gothika, 13 fantômes), une compagnie qui n’a jamais reculé devant les clichés pour essayer – souvent en vain – de faire frissonner ses spectateurs. Certes, Esther recourt encore à quelques mécanismes un peu galvaudés (musique d’ambiance un tantinet appuyée, prélude en forme de scène de cauchemar, effets chocs parfois gratuits). Mais Collet-Serra démontre bien vite qu’il sait intelligemment créer des ambiances oppressantes tout en maîtrisant l’épouvante insidieuse et viscérale. La clef de la réussite d’Esther repose d’abord sur le scénario de David Johnson, qui s’attache avant tout à ses personnages principaux et à leurs fêlures – qu’ils sont loin, les jeunes protagonistes décérébrés de La Maison de cire !

Avec une sensibilité à fleur de peau, Vera Farmiga (future héroïne de la saga Conjuring et de la série Bates Motel) incarne Kate Coleman, fragilisée par la perte d’un enfant au point de s’agiter la nuit sous les assauts de cauchemars récurrents. Bien décidée à se reprendre en main pour retrouver l’équilibre de son couple et de sa famille (elle a deux autres enfants), elle fait le choix, avec son compagnon John (Peter Sarsgaard), de se lancer dans un processus d’adoption. Ils visitent donc l’orphelinat voisin et se sentent attirés par Esther (Isabelle Fuhrman), une fille de neuf ans à l’intelligence remarquable et aux dons artistiques singuliers. Mais bientôt, Esther montre quelques penchants violents qui la poussent par exemple à blesser une camarade de classe sur un toboggan. De plus en plus surpris par le comportement de leur fille adoptive, Kate et John enquêtent sur son passé et découvrent que de nombreux accidents inexpliqués se sont déjà produits dans les orphelinats où elle séjourna. Esther semble cacher un secret, mais lequel ?

Déviances

Brillant par bien des aspects, à la fois subtil et radical, Esther est un film qui tranche dans le vif (au propre comme au figuré) et n’hésite jamais à choquer en osant des retournements de situation violents. Tant et si bien que l’issue du drame semble incertaine jusqu’au bout. À ce titre, les vingt dernières minutes du métrage prennent la tournure d’un suspense éprouvant qui va crescendo jusqu’à un climax à couper le souffle. Entre temps, une révélation surprenante nous aura permis de comprendre la véritable identité d’Esther et la nature de son comportement déviant. Ce récit perturbant fait d’autant plus froid dans le dos qu’il s’inspire d’un fait divers réel survenu en 2007 en République tchèque. Une grande partie de l’impact du film repose sur la finesse du jeu de ses acteurs, parmi lesquels Isabelle Fuhrman se révèle particulièrement saisissante. La jeune actrice aurait préparé son rôle en étudiant les performances de Glenn Close et Anthony Hopkins, respectivement dans Liaison fatale et Le Silence des agneaux. Érigé dès sa sortie au rang de petit classique du genre, Esther compte parmi ses producteurs plusieurs noms prestigieux comme Joel Silver (Piège de cristal, L’Arme fatale), Susan Downey (l’épouse de Robert Downey Jr) et Leonardo di Caprio.

 

© Gilles Penso


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