LE MORT DANS LE FILET (1959)

La morsure d’une improbable araignée géante transforme un imprésario en mutant psychopathe obsédé sexuel !

EIN TOTER HING IM NETZ / HORRORS OF SPIDER ISLAND

 

1959 – ALLEMAGNE

 

Réalisé par Fritz Boettger

 

Avec Harald Maresch, Helga Franck, Alexander D’Arcy, Allen Turner, Temple Foster, Helga Neuner, Rainer Brandt

 

THEMA ARAIGNÉES I MUTATIONS

Le scénario invraisemblable du Mort dans le filet est si ténu qu’il conviendrait tout juste à un court métrage de quelques minutes. Gary Webster, un homme de spectacle bourru et arrogant, organise un casting de danseuses pour un show qui aura lieu à Singapour. Une fois la troupe constituée, elle traverse l’océan à bord d’un avion qui, hélas, prend feu en plein vol. Après le crash, Gary et ses huit danseuses errent sur un canot de sauvetage qui prend vite les allures du Radeau de la Méduse, jusqu’à ce qu’enfin une île soit en vue. La seule trace de civilisation apparente sur ce bout de terre est une cabane, à l’intérieur de laquelle nos héros découvrent horrifiés le cadavre d’un homme pris dans une gigantesque toile d’araignée. Cet homme est un chercheur, le professeur Green, qui semblait étudier sur place des gisements d’uranium. Tandis que les filles se reposent dans la cabane, Gary s’en va inspecter les lieux nuitamment. Et là, c’est le drame. Car le voilà soudain agressé par une araignée géante, probablement la plus grotesque de l’histoire du cinéma. Qu’on essaie donc de s’imaginer une bestiole grosse comme un chat, couverte de poils, au faciès étrange arborant deux grands yeux noirs et un nez pointu, affublée de huit pattes semblables à des mains griffues, et on aura une petite idée de l’aspect surréaliste du monstre. Sans compter qu’il s’agit d’une petite marionnette fort mal animée par un technicien qui avait visiblement l’esprit ailleurs.

La bête, qui semble avoir muté à cause des radiations, mord Gary, qui parvient à la tuer d’un bon coup de pistolet. Mais soudain, le corps de l’imprésario est secoué de spasmes. Trois ans plus tard, la piqûre d’une araignée radioactive aurait transformé notre homme en super-héros rouge et bleu grimpant aux murs et tissant des toiles. Mais ici il n’en est rien. Gary se mue soudain en monstre sanguinaire. Son visage prend vaguement les allures d’un loup garou à la mâchoire garnie de trois dents pointues, et ses mains deviennent des griffes bestiales. Déambulant dans les bois, il va s’en prendre tout naturellement aux jolies danseuses. Comme un tel script ne permet pas mille rebondissements, le film passe de longs moments à exploiter les charmes de ses comédiennes, accumulant plus que de raison les séquences où elles dansent, se dévêtent, se bagarrent, se prélassent, se baignent…

Les pin-up et le monstre

Bref Le Mort dans le filet vire rapidement au calendrier de pin-up des années 50, et notre pauvre monstre mi-homme mi-araignée est régulièrement oublié en cours de scénario, se contentant de quelques apparitions de temps à autres histoire de justifier le statut de film d’horreur de cet hallucinant long-métrage. L’intrigue rebondit très mollement lorsque débarquent sur l’île deux hommes qui travaillent pour le professeur, et dans les bras desquels vont se jeter les demoiselles visiblement assoiffées de sexe. D’où de nouvelles interminables séquences de danse, de déshabillages et de disputes. Au bout d’un temps jugé suffisamment long, le monstre revient et meurt finalement enlisé dans des sables mouvants, concluant en queue de poisson ce film absurde qui sortit en Belgique sous le titre suggestif de L’île du sadique.

 

© Gilles Penso


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