LE SECRET DE LA PLANÈTE DES SINGES (1970)

Après le choc monumental du chef d’œuvre de Franklin J. Schaffner, ce second épisode prend la tournure d’une petite série B facultative…

BENEATH THE PLANET OF THE APES

 

1970 – USA

 

Réalisé par Ted Post

 

Avec James Franciscus, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison, Paul Richards, Charlton Heston, Victor Buono

 

THEMA SINGES I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA LA PLANÈTE DES SINGES

Bien sûr, le final vertigineux de La Planète des singes n’exigeait aucune suite. Le choc durable subi par les spectateurs se suffisait à lui-même. Mais comment un producteur hollywoodien pouvait-il rester insensible au succès monumental du film de Franklin J. Schaffner ? Arthur P. Jacobs lance donc très tôt l’idée d’un second épisode et propose tout naturellement à Rod Serling, scénariste du premier film, de l’écrire. Mais le créateur de La Quatrième dimension est alors très occupé par sa série Night Gallery et passe son tour, non sans avoir proposé quelques idées éparses. Pierre Boulle lui-même, auteur du roman original, écrit un script baptisé « La Planète des hommes » et situé quinze ans après les événements décrits dans La Planète des singes. Ce traitement déplait à la production, qui confie finalement le scénario à Paul Dehn, auteur de Goldfinger. Ce dernier écrit une toute nouvelle histoire qui intègre quelques-unes des idées de Serling et Boulle. Le vétéran de la télévision Don Medford accepte de diriger le film mais se retire en apprenant que le budget initial (estimé à cinq millions de dollars) est finalement réduit de moitié. La 20th Century Fox traverse en effet une mauvaise passe, suite aux échecs successifs de Star, Hello Dolly et Tora Tora Tora. Les restrictions budgétaires imposées par le studio n’effraient pas Ted Post, un autre vieux routier du petit écran (plus de 460 épisodes de séries au compteur à l’époque !) qui prend la relève derrière la caméra.

Dans un premier temps, Charlton Heston refuse de reprendre le rôle de l’astronaute Taylor, peu confiant dans l’intérêt de cette suite. Il finit par se raviser à condition que son rôle soit considérablement réduit (il apparaît finalement moins de vingt minutes dans le film) et que son salaire soit entièrement reversé à une association caritative. Le premier rôle échoit donc à l’athlétique James Franciscus qui incarne l’astronaute Brent, envoyé en mission dans l’espace afin de retrouver et ramener sur Terre son compatriote Taylor dont on est sans nouvelles. À la suite d’une série d’incidents techniques, Brent se pose en catastrophe sur une planète inconnue. Il découvre alors avec terreur et stupéfaction que son « compte temps » affiche la date de 3955 après JC. Plongé dans un dédale de cités interdites, l’astronaute rencontre une mystérieuse jeune femme, Nova (Linda Harrison), et découvre la cité des singes, peuple dominant de ce monde redevenu sauvage. Or les primates sont en train de former des bataillons prêts à donner l’assaut à d’étranges créatures mutantes qui prêchent la paix et adorent un dieu : la bombe atomique.

Cheap planète

Entravé par de nombreux compromis et par de drastiques coupes budgétaires, Le Secret de la planète des singes n’a pas du tout l’étoffe qu’il mériterait. Après l’approche brute et primitive du chef d’œuvre de Schaffner, ce basculement hasardeux dans la science-fiction bon marché est forcément décevant. Massés dans un site souterrain post-apocalyptique recyclant l’un des décors de Hello Dolly, ces mutants au maquillage approximatif peinent à nous convaincre. Les singes eux-mêmes, pour peu qu’ils n’apparaissent pas en gros plans, sont des acteurs affublés de simples cagoules beaucoup moins convaincantes que les prothèses du premier film. Le Secret de la planète des singes finit par ressembler à un épisode de série TV à petit budget, sentiment accru par la mise en scène relativement académique de Ted Post. Mais tout n’est pas à jeter dans ce second opus, loin de là. Le film présente tout de même le mérite d’offrir un rôle solide à James Franciscus (que les fantasticophiles apprécièrent l’année précédente en cowboy affrontant des dinosaures dans La Vallée de Gwangi), d’introduire l’impressionnant personnage d’Ursus (le gorille belliqueux qu’on allait retrouver sous le nom d’Urko dans la série TV La Planète des singes) et surtout de s’achever sur une note nihiliste permettant d’amorcer le paradoxe temporel développé dans Les Évadés de la planète des singes. On note que Roddy McDowall, occupé à la réalisation de The Ballad of Tam Lin, est absent du Secret de la planète des singes. Son rôle est donc repris par David Watson. Mais il reviendra en force dans les trois films suivants.

 

© Gilles Penso


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