LA CITÉ DES ANGES (1998)

Nicolas Cage et Meg Ryan tiennent la vedette de ce remake hollywoodien des Ailes du désir de Wim Wenders…

CITY OF ANGELS

 

1998 – USA / ALLEMAGNE

 

Réalisé par Brad Siberling

 

Avec Nicolas Cage, Meg Ryan, Dennis Franz, Andre Braugher, Colm Feore, Robin Bartlett, Joanna Merlin, Sarah Dampf

 

THEMA DIEU, LES ANGES, LA BIBLE

Le concept des Ailes du désir était tellement fort qu’il aurait sans doute mérité une mise en forme moins ampoulée que celle adoptée par Wim Wenders. Un grand film restait manifestement à faire sur les anges déchus par amour. Toujours prompts à recycler les bonnes idées quand elles peuvent attirer les spectateurs en salle, les producteurs hollywoodiens se sont donc lancés dans un remake ouvertement conçu pour séduire le public le plus large. Afin de respecter ce cahier des charges, la scénariste Dana Stevens (Blink) a opté pour une approche moins cérébrale et plus sensitive que celle du film initial, même si la mécanique du récit demeure très similaire. S’évadant quelque peu des films d’action dans lesquels il était alors cantonné suite à son succès dans The Rock, Les Ailes de l’enfer et Volte/face, Nicolas Cage interprète Seth, un ange des temps modernes que la vie sur Terre tente de plus en plus. Il prend donc la relève de Bruno Ganz, qui incarnait l’ange Damiel dans Les Ailes du désir.

Drapé d’un long manteau noir comme tous ses collègues, Seth observe les humains et accompagne les trépassés vers leur destination finale. En rôdant dans un hôpital pour recueillir l’âme d’un opéré du cœur, Seth tombe amoureux d’une chirurgienne de renom, Maggie, à qui Meg Ryan prête ses jolis traits, sans se départir ainsi du rôle de gentille héroïne de comédie romantique qui lui colle à la peau depuis toujours. Pour entrer en contact avec elle, Seth se matérialise. Maggie peut désormais le voir et l’entendre, et elle est immédiatement séduite. Mais peu à peu, l’aura mystérieuse qui entoure cet homme, sa mélancolie et son détachement troublent quelque peu la jeune femme. Lorsqu’elle comprend enfin qu’elle a affaire à un ange, elle s’effraie, refuse d’y croire et décide de ne plus jamais revoir Seth. Ce dernier décide alors de faire le grand saut. Par amour pour Maggie, il renonce à ses privilèges angéliques, à son immortalité, à son invulnérabilité, et il se jette du haut d’un immeuble. Lorsqu’il atterrit, meurtri et ensanglanté, il s’est mué en simple humain, et part dès lors à la reconquête de Maggie…

Tombé du ciel

Nicolas Cage et Meg Ryan trouvent ici des rôles taillés sur mesure, le regard de chien battu de l’un et la frimousse gracieuse de l’autre s’accordant merveilleusement à l’écran. À leurs côtés, Dennis Franz, héros de la série NYPD Blues, prend le relais de Peter Falk et nous livre les séquences les plus drôles et les plus attendrissantes du film. Pour faire écho à la poésie inhérente au film de Wim Wenders, Brad Silberling collectionne dans La Cité des anges les moments de pur lyrisme, notamment les séquences de rassemblement des anges sur la plage, au soleil levant, leur noire silhouette se nimbant progressivement d’une lueur dorée du plus bel effet. Ces passages fort inspirés surprennent agréablement de la part d’un réalisateur dont le seul titre de gloire sur grand écran, jusqu’alors, était le très anecdotique Casper. Hélas, toutes ces belles intentions et cette conjonction de talents finissent par se noyer dans une intrigue qui emprunte sans finesse tous les lieux communs du mélodrame amoureux larmoyant. Le postulat fantastique s’efface ainsi progressivement derrière les clichés de la romance contrariée. Ce parti pris regrettable s’achemine vers un dénouement abrupt et grotesque, conçu manifestement pour activer les glandes lacrymales des spectateurs et pour émouvoir artificiellement le tout-venant. Dommage que La Cité des anges n’ait pas placé ses ambitions plus haut.

 

© Gilles Penso


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