NOTRE DAME DE PARIS (1956)

Anthony Quinn et Gina Lollobrigida incarnent Quasimodo et Esmeralda dans cette adaptation luxueuse du classique de Victor Hugo…

NOTRE DAME DE PARIS

 

1956 – FRANCE / ITALIE

 

Réalisé par Jean Delannoy

 

Avec Gina Lollobrigida, Anthony Quinn, Jean Danet, Alain Cuny, Valentine Tessier, Jacques Dufilho, Piéral

 

THEMA FREAKS

Au milieu des années 50, Jean Delannoy avait déjà prouvé un indiscutable savoir-faire en matière de reconstitutions historiques et de superproductions marquées sous le signe de l’épopée et de l’aventure. Appuyée sur un scénario de Jean Aurenche, son approche du récit de Victor Hugo s’avère relativement fidèle au texte initial. Nous sommes à Paris, en 1482, sous le règne de Louis XI. Alors que la fête des fous agite la population, la belle bohémienne Esméralda (Gina Lollobrigida) s’exhibe sur le parvis de la cathédrale Notre Dame. Réveillant le désir de tous les hommes, elle est surveillée du haut des tours par le sinistre alchimiste Frollo (Alain Cuny), dont les ardents désirs sont sévèrement refoulés… D’autres hommes interviennent dans sa vie, notamment le poète Pierre Gringoire (Robert Hirsch), qu’elle épousera afin de lui sauver la vie, et surtout le monstrueux Quasimodo (Anthony Quinn), le sonneur des cloches de Notre Dame auquel elle a prêté secours au moment où la foule le fouettait en place publique. Sans oublier le beau capitaine Phœbus de Châteauners (Jean Danet), qu’elle s’est mise à aimer dès le premier regard. Au lendemain de la fête des fous, Phœbus a rendez-vous avec Esméralda, mais Frollo veille, poignarde son rival et fait condamner la Bohémienne…

Même si l’impressionnante reconstitution du Paris du 15ème siècle (bâtie de toutes pièces dans les vastes studios de Boulogne) n’est pas avare en détails pittoresques, en couleurs bigarrées et en populaces excentriques (mille figurants se bousculent parfois dans les décors somptueux de René Renoux), cette troisième grande adaptation du roman de Victor Hugo manque singulièrement de panache et d’emphase, d’autant que le scénario de cette co-production franco-italienne (co-écrit par deux très belles plumes au demeurant, Jacques Prévert et Jean Aurenche) pêche par une narration un peu lâche et un enchaînement de péripéties aux enjeux pas toujours bien définis. Le choix de la pulpeuse Gina Lollobrigida en Esméralda (à coup sûr la plus mémorable de toutes celles qui incarnèrent l’envoûtante Gitane) est certes judicieux. Mais on ne peut pas en dire autant de celui d’Anthony Quinn en Quasimodo…

Anthony couine

Après les performances de Lon Chaney et Charles Laughton, Quinn, dont le charisme et le talent n’étaient pourtant plus à prouver depuis belle lurette, manque ici de crédibilité et se prête mal aux gesticulations et aux grimaces du sonneur de cloches. Monstrueusement pathétique dans le texte d’Hugo, il se mue ici en simple d’esprit aux traits disgracieux, perdant en cours de route la majeure partie de son aura. Ce parti pris est à l’image du film tout entier, évacuant le caractère gothico-fantastique du récit – très présent dans les deux films précédents – au profit d’un grand spectacle en Cinémascope et en Technicolor plus proche du style et des goûts de Jean Delannoy. Anthony Quinn se tire tout de même de ce rôle complexe sans sombrer dans le ridicule, ce qui n’est pas évident en pareil contexte. Le reste du casting, plutôt heureux, nous offre une galerie de personnages surprenants et mémorables. Dommage que le monument lui-même, qui donne pourtant son nom au titre, n’ait pas été mieux exploité, et que l’éclat des costumes l’emporte bien souvent sur celui des décors. Sans le savoir, ce Notre Dame de Paris plantait les graines d’une future comédie musicale de Richard Cocciante et Luc Plamondon amenée à triompher en Europe à la fin des années 90.

© Gilles Penso


Partagez cet article