LE PEUPLE DE L’ENFER (1956)

Une expédition scientifique se rend dans une cité antique inexplorée et découvre une horde d’hommes-taupes aux yeux globuleux…

THE MOLE PEOPLE

 

1956 – USA

 

Réalisé par Virgil Vogel

 

Avec John Agar, Cynthia Patrick, Hugh Beaumont, Alan Napier, Nestor Paiva, Phil Chambers, Rodd Redwing, Robin Hughes

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Le prologue du Peuple de l’enfer, très didactique, est assuré par un professeur d’anglais (le docteur Frank Baxter, dans son propre rôle) nous expliquant les possibilités d’un monde intérieur caché quelque part dans le globe terrestre. Après un générique volcanique à souhait, nous voilà transportés « quelque part en Asie », où une équipe d’archéologues découvre une tablette vieille de cinq mille ans. « Quand je pense à ces innombrables civilisations perdues, englouties ou détruites, j’ai le vertige » lâche alors d’un air inspiré le professeur Bentley (incarné par ce bon vieux John Agar, héros de Tarantula et de La Revanche de la créature). Visiblement désireux de revenir aux sources de leur âge d’or, les studios Universal nous plongent ainsi dans une ambiance très proche de La Momie de 1932, d’autant que la tablette en question promet une malédiction à ceux qui auront l’outrecuidance de la déterrer. Im-Ho-Tep n’est pas loin… Nos chercheurs partent dès lors en quête d’une cité antique, quelque part dans les hauteurs montagneuses. Après un long périple, ils la découvrent, mais les ruines semblent habitées…

Si les premières péripéties du film savent piquer l’intérêt, et si la première apparition des inquiétants « hommes taupes », dont on n’aperçoit que les griffes et un bout de museau, est plutôt efficace, la suite du métrage frôle dangereusement le grotesque. Car les survivants de l’expédition découvrent bientôt toute une peuplade albinos adoratrice de la déesse Ishtar, vêtue de toges anachroniques, évoluant dans des décors de théâtre et s’exprimant dans un parfait anglais ! A partir de là, tous les clichés sont autorisés : le conseiller du roi qui complote avec duplicité contre son souverain, le héros qui tombe amoureux d’une belle autochtone soumise, la longue et inutile scène de danse exotique (à la chorégraphie joyeusement improbable), la révolte des esclaves contre l’autorité tyrannique ou encore l’inévitable cataclysme final.

Étranges créatures en caoutchouc

Les monstres eux-mêmes, lorsqu’ils se révèlent sous toutes leurs coutures, perdent beaucoup de leur superbe. Car leur grosse tête caoutchouteuse, leurs yeux globuleux et leur dos bossu engoncé dans une veste de costume noir suscitent plus volontiers le rire que la frayeur. C’est pourtant Bud Westmore, superviseur du fameux costume de L’Étrange créature du lac noir, qui en est l’auteur. Le film doit principalement sa notoriété à ces créatures souterraines venues s’ajouter au panthéon des monstres délicieusement rétro de la science-fiction des fifties, même si leur temps de présence dans le métrage demeure finalement très réduit. Faisant ici son baptême de metteur en scène, Virgil Vogel, monteur d’œuvres variées telles que Deux nigauds et l’homme invisible ou Les Survivants de l’infini, s’efforce de donner un peu de cohérence à ce récit en singulière perte de crédibilité. L’année suivante, Vogel allait signer un sympathique Oasis des tempêtes s’efforçant à son tour de varier les plaisirs autour du thème du monde perdu, avant de redevenir provisoirement monteur le temps d’un chef d’œuvre d’Orson Welles, le célèbre La Soif du mal.

 

© Gilles Penso


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