A CHRISTMAS HORROR STORY (2015)

Un lycée hanté, des elfes morts-vivants, un enfant possédé et un démon ancestral sont au menu de ce conte de Noël pas comme les autres…

A CHRISTMAS HORROR STORY

 

2015 – CANADA

 

Réalisé par Grant Harvey, Steven Hoban, Brett Sullivan

 

Avec William Shatner, George Buza, Rob Archer, Zoé De Grand Maison, Alex Ozerov, Shannon Kook, Amy Forsyth, Jeff Clark, Michelle Nolden

 

THEMA CONTES I DIABLE ET DÉMONS I ENFANTS I FANTÔMES

C’est l’équipe à la tête de la trilogie Ginger Snaps, relecture audacieuse du mythe du loup-garou sous un angle adolescent contemporain et féminin, qui est à l’initiative de A Christmas Horror Story. Steven Hoban qui en a eu l’idée originale, est le producteur des trois Ginger Snaps. A ses côtés, Grant Harvey fut réalisateur de deuxième équipe du premier puis co-producteur des deux suivants. Quant à Brett Sullivan, il fut monteur du Ginger Snaps original et réalisateur de ses séquelles. Hoban, Harvey et Sullivan décident donc d’unir leurs forces pour réaliser ensemble cette « Histoire d’horreur de Noël » qu’ils situent dans la petite ville fictive de Bailey Down… où se déroulaient justement les trois Ginger Snaps. A Christmas Horror Story est un film à sketches en quatre segments dont le fil conducteur est assuré par William Shatner, dans le rôle d’un animateur radio bourru et porté sur la bouteille répondant au sobriquet de Dangerous Dan. La première originalité du film repose sur le fait que les sketches ne se succèdent pas l’un après l’autre, comme dans les films d’anthologie classiques, mais sont montés en parallèle. Les histoires avancent donc ensemble et se dénouent au fur et à mesure, chacune renforçant l’impact et l’effet de suspense des autres. D’autre part, tous ces récits se déroulent simultanément – la nuit de Noël – et sont reliés par des personnages ou des événements communs.

La première histoire concerne Dylan, Ben et Molly, trois adolescents qui décident de s’introduire par effraction dans leur lycée, qui fut autrefois un couvent cachant de lourds secrets, pour y enquêter sur le meurtre de deux étudiants survenus dans le sous-sol de l’établissement l’année précédente. La seconde s’intéresse à Scott, qui convainc sa femme et leur jeune fils de pénétrer dans un grand bois pour y couper un sapin afin de le ramener dans leur salon et de le décorer. Dans le troisième récit, Taylor, Diane et leurs enfants partent rendre visite à contrecœur à leur vieille tante Edda, visiblement obsédée par le légendaire Krampus qui hanterait les nuits hivernales. Le héros de la quatrième histoire est le Père Noël en personne (George Buza, qui n’est pas sans présenter d’étonnantes ressemblances avec Michael Lonsdale), troublé par une épidémie de rage qui semble gagner un à un tous ses lutins. Tandis que Dangerous Dan continue d’alimenter les ondes radio de réflexions désabusées et de standards musicaux de fin d’année, les trois lycéens s’enfoncent dans les souterrains lugubres de leur école, le fils de Scott disparaît dans les bois, le séjour chez tante Edda tourne au vinaigre et le Père Noël se retrouve seul face à une armée d’elfes zombies !

Santa versus Krampus !

Le fait d’entremêler de manière quasiment organique chacun des courts récits permet de doter A Christmas Horror Story d’une unité et d’une cohésion dont bénéficient rarement les films à sketches, tout en jouant sur l’attente des spectateurs. A chaque moment crucial, l’action s’interrompt pour aller découvrir ce qui se passe en parallèle. Réalisé avec soin, interprété avec conviction, le long-métrage parvient à surprendre sans cesse tout en déployant un bestiaire généreux : les fameux elfes morts-vivants (il fallait y penser !) mais aussi des Trolls cachés dans les ténèbres et surtout le redoutable Krampus. En tous points conforme à l’imagerie traditionnelle, ce monstre cornu aux attributs sataniques se prépare à un duel au sommet contre le Père Noël mué en guerrier impitoyable, le tout dans un décor glacial déstabilisant qui ressemble bien plus à une administration lugubre qu’à l’usine à jouets multicolore que nous décrit habituellement l’imagerie classique. Très réussis, les maquillages spéciaux et les effets animatroniques sont supervisés par David Scott (à l’œuvre sur Ginger Snaps bien sûr, mais aussi sur Jack Brooks et Solomon Kane). Riche en rebondissements, A Christmas Horror Story s’achève sur une chute inattendue, savoureuse et cruellement ironique, cerise sur le gâteau de ce quadruple conte de Noël horrifique très recommandable.

 

© Gilles Penso


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