JEEPERS CREEPERS REBORN (2022)

Le réalisateur d’Iron Sky reprend en main la franchise créée par Victor Salva et nous livre une suite/reboot… calamiteuse !

JEEPERS CREEPERS REBORN

 

2022 – USA

 

Réalisé par Timo Vuorensola

 

Avec Sydney Craven, Imran Adams, Jarreau Benjamin, Peter Brooke, Matt Barkley, Ocean Navarro, Alexander Halsall, Georgia Goodman, Jodie Mcmullen

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA JEEPERS CREEPERS

Créateur de la trilogie Jeepers Creepers, Victor Salva envisage dans la foulée un quatrième épisode dont il écrit le scénario et dont il souhaite confier le premier rôle à Gina Philips, qui tenait la vedette du premier film. Mais sa proposition est rejetée par les producteurs qui décident d’enclencher une suite/reboot de leur côté sans impliquer les créateurs de la franchise. Sean-Michael Argo (créateur de la série Salvage Marines) écrit donc un scénario confié au réalisateur finlandais Timo Vuorensola, qui avait mis en scène les deux Iron Sky. Le prologue de Jeepers Creepers Reborn est quasiment un remake de celui du tout premier film, si ce n’est que le frère et la sœur incarnés jadis par Gina Philips et Justin Long sont désormais remplacés par un couple âgé que jouent Dee Wallace (Hurlements, E.T., Cujo) et Gary Graham (Robot Jox, Necronomicon, Star Trek Enterprise). Tous deux sont donc pris en chasse sur la route par une camionnette menaçante que conduit un chauffeur sinistre coiffé d’un chapeau à larges bords et découvrent que ce dernier dissimule des cadavres au pied d’une église. Mais cette entrée en matière n’est qu’un faux départ, les images d’un docu-fiction diffusé sur Youtube. Nous découvrons alors les vrais protagonistes du film, et force est de constater qu’ils sont bien moins intéressants que leurs prédécesseurs.

Les héros de Jeepers Creepers Rerborn sont un autre couple : Chase (Imran Adams), un fan de films d’horreur qui croit dur comme fer à la légende de Creeper, et sa petite amie Laine (Sydney Craven), qui accepte un peu à contrecœur de l’accompagner dans un festival de geeks en Louisiane, le « Horror Hound ». Leurs dialogues sont volontiers référentiels, clignant de l’œil vers Iron Sky (un peu d’autocitation ne peut nuire !) et vers les trois précédents films de la saga Jeepers Creepers (qui sont donc assumés comme étant de la fiction inspirée de faits prétendument réels). Laine est enceinte mais Chase ne le sait pas. Ce dernier a prévu de la demander en mariage le soir-même. Voilà pour la caractérisation de nos tourtereaux, qui n’ira pas plus loin. Alors qu’ils se dirigent vers le festival des fans d’horreur, une créature décrépie émerge dans les bois. Il s’agit du Creeper, qui rampe pathétiquement dans sa carcasse momifiée, avale quelques vers puis change de peau et renaît à la vie, prêt à reprendre le massacre qu’il avait laissé en suspens pendant son hibernation…

L’étendue du désastre

Le fait que Jeepers Creepers Reborn ait choisi comme protagonistes des personnages agaçants, sots et peu crédibles n’aide évidemment pas les spectateurs à s’attacher à eux. Lorsqu’ils débarquent dans ce fameux « Horror Hound » (une sorte de kermesse cheap rurale où tous les participants ressemblent à des idiots névropathes), les choses empirent. Mais le film se saborde définitivement en transportant son action dans une vieille maison abandonnée où une poignée de survivants est traquée par le Creeper. Le décor lui-même est une aberration. Nous sommes au milieu de la nuit sans électricité, et pourtant chaque étage est suréclairé par des centaines de sources de lumière incompréhensibles. Ce part pris visuel, illogique et peu esthétique, ôte à la mise en scène toute possibilité de nous effrayer. Comment ressentir la moindre peur dans ce décor ouvertement factice dénué de la moindre zone d’ombre ? Le monstre lui-même est une sorte de clown qui s’amuse à faire des blagues, écoute de la musique sur un vieux phonographe et surgit de manière aléatoire au détour d’un couloir pour attaquer ses victimes. Ajoutez à ce cocktail déjà navrant une sorte de culte (représenté par trois figurants encapuchonnés) aux intentions nébuleuses, une quasi-absence de péripéties et des effets visuels hideux (notamment lorsque les personnages sont filmés devant un fond vert), et vous aurez une idée de l’étendue du désastre. Le Creeper de Victor Silva va avoir beaucoup de mal à se remettre de cette « renaissance » ratée…

 

© Gilles Penso


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