MIRACLE SUR LA 34ème RUE (1947)

Un sympathique vieil homme embauché par un grand magasin affirme qu’il est le véritable Père Noël…

MIRACLE ON 34th STREET

 

1847 – USA

 

Réalisé par George Seaton

 

Avec Maureen O’Hara, John Payne, Edmund Gwenn, Gene Lockhart, Natalie Wood, Porter Hall, William Frawley, Jerome Cowan, Philip Tonge

 

THEMA CONTES

C’est pendant les fêtes de fin d’années, alors qu’il brave la foule de consommateurs massés dans les grands magasins en quête de cadeaux, que le scénariste Valentine Davies se met à se demander comment agirait le véritable Père Noël s’il se retrouvait au beau milieu de cette « fièvre acheteuse ». Peu à peu, cette idée se transforme en histoire complète que Davies soumet à la Twentieth Century Fox. George Seaton (ancien collaborateur des Marx Brothers et co-auteur non crédité du Magicien d’Oz) est alors chargé d’en tirer un scénario complet et de diriger lui-même le film, sous la houlette du puissant producteur Darryl Zanuck. La très influente Motion Picture Association, qui veille alors aux intérêts de l’industrie cinématographique américaine afin de favoriser l’exportation des films, passe quatre mois à scruter le script et à le commenter, incitant le studio à le réviser tout en envisageant toutes sortes de titres possibles, de The Big Heart (« Le grand cœur ») à Meet Me at Dawn (« Retrouvez-moi à l’aube ») en passant par It’s Only Human (« C’est humain »). Celui qui est finalement sélectionné, A Christmas Miracle on 34th Street, change encore à la demande de Zanuck, qui souhaite sortir le film au mois de juin et non pendant l’hiver (au prétexte que les spectateurs sont plus nombreux dans les salles en été). Toute allusion à Noël sera donc effacée du matériel publicitaire et le film s’appellera Miracle on 34th Street (Miracle sur la 34ème rue).

Maureen O’Hara, qui fut une très convaincante Esmeralda face à Charles Laughton dans le Quasimodo de 1939, incarne Doris Walker, une employée du grand magasin Macy’s de la 34ème rue de New York. Elle élève seule sa fille Susan (Natalie Wood, à l’affiche la même année de L’Aventure de Madame Muir) et porte la responsabilité d’une grande parade de Thanksgiving qui doit traverser toute la ville. En découvrant que le père Noël qu’elle a engagé est complètement ivre, elle le renvoie et le remplace au pied levé par un vieil homme affable qui se porte volontaire (Edmund Gwenn). Il s’avère tellement convaincant que le magasin Macy’s l’embauche pour en faire son père Noël officiel. Le problème, c’est que cet homme affirme sans sourciller qu’il s’appelle Kris Kringle et qu’il est le vrai père Noël. Le psychiatre Granville Sawyer (Porter Hall), chargé de son évaluation psychologique, déclare que cet homme est déséquilibré et potentiellement dangereux. Mais le doute finit s’immiscer, face à la bonté, la bonhomie et la malice de ce Kringle plus vrai que nature…

L’affaire Kringle

Le film joue sans cesse sur la suspension d’incrédulité de ses personnages mais aussi de ses spectateurs. Après tout, pourquoi ce sympathique bonhomme ne serait pas vraiment le Père Noël ? Des deux côtés de l’écran, personne n’y croit mais tout le monde veut y croire. A ce titre, la prestation incroyablement convaincante d’Edmund Gwenn (qui fut pourtant un second choix, après le refus de l’acteur Cecil Kellaway) s’avère renversante. Si Santa Claus existait vraiment, c’est sans conteste à cet homme qu’il ressemblerait. Habile, le scénario nous laisse libres de faire notre choix, même si les indices faisant pencher la balance vers la fantasmagorie et le merveilleux s’accumulent sans cesse. C’est là toute la force de ce conte moderne qui s’amuse à questionner la foi et les croyances de chacun, quitte à ridiculiser les sceptiques les plus virulents en retournant contre eux leur propre logique. D’où cette dernière demi-heure consacrée à un procès absurde et pourtant crucial au cours duquel le jeune avocat Fred Gailey (John Payne) va devoir prouver l’impensable face à une cour stricte et conservatrice : non seulement le Père Noël existe mais en plus il s’agit de ce vieil homme assis sur le banc des accusés. Film totem du public américain depuis sa sortie en 1947, Miracle sur la 34ème rue a remporté l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Edmund Gwenn, de la meilleure histoire originale pour Valentine Davies et de la meilleure réalisation pour George Seaton. Joli tiercé gagnant.

 

© Gilles Penso


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