TROLL (2022)

En creusant un tunnel dans la roche d’une vallée norvégienne, des ouvriers réveillent une force monstrueuse qui jaillit des entrailles de la terre…

TROLL

 

2022 – NORVÈGE

 

Réalisé par Roar Uthaug

 

Avec Ine Marie Willmann, Kim Falck, Mads Sjøgård Pettersen, Gard B. Eidsvold, Anneke von der Lippe, Fridtjov Såheim, Dennis Storhøl, Bill Campbell

 

THEMA CONTES

Le réalisateur norvégien Roar Uthaug s’est fait remarquer à l’échelle internationale avec son premier long-métrage, le slasher glacial Cold Prey. Depuis, notre homme a gravi les échelons en dirigeant notamment la version 2018 de Tomb Raider. Or c’est pendant la finalisation de cette réinvention des aventures de Lara Croft qu’Uthaug contacte la compagnie de production Motion Blur pour lui faire part d’une idée qui lui trotte dans la tête depuis deux bonnes décennies : un blockbuster qui mettrait en scène l’une des créatures les plus fameuses du folklore norvégien, autrement dit le troll. Son compatriote Andre Ovredal s’était déjà frotté au sujet avec succès par le biais de l’audacieux « found footage » Troll Hunter sorti en 2010. Mais Roar Uthaug a en tête une autre approche, ne reculant devant aucun morceau de bravoure spectaculaire pour placer son monstre dans le sillage de King Kong. L’un des premiers dessins conceptuels liés au projet montré dans les médias montre d’ailleurs un troll titanesque attaquant la ville d’Oslo. Voilà qui en dit long sur les ambitions du film.

Le personnage central de Troll est Nora Tidemann (Ine Marie Willmann), une paléontologue opiniâtre et passionnée que nous découvrons en train de mettre à jour le crâne d’un grand carnosaure au beau milieu de la terre boueuse. A peine a-t-elle le temps de se réjouir de cette découverte avec le chef des fouilles (un professeur incarné par Bill Campbell, le héros de Rocketeer) qu’un hélicoptère de la défense nationale atterrit sur le site. Nora est sollicitée d’urgence par le gouvernement pour donner son avis sur un sujet de la plus haute importance. Une opération de forage creusant un tunnel dans les montagnes de Dovre a en effet provoqué une immense éruption et la mort de plusieurs ouvriers et manifestants. Un rugissement caverneux jailli des entrailles de la terre, une forme titanesque indistincte aperçue par plusieurs caméras de smartphones et des traces de pas disproportionnés égrenées dans le paysage alentour poussent le cercle rapproché de la Première Ministre à se demander si une créature inconnue n’est pas à l’origine du chaos…

La montagne qui marche

L’entrée en matière de Troll évoque irrésistiblement Jurassic Park, notamment par sa manière de présenter son personnage de paléontologue exaltée. Roar Uthaug assume la référence en reprenant le fameux effet de l’eau qui vibre à l’approche des pas du monstre. Pour tenter de comprendre à quel phénomène ils ont affaire, les membres du gouvernement se réfèrent à King Kong, à un T-rex et même à Godzilla. Alors que nos yeux tentent de décrypter la silhouette titanesque d’un monstre hypothétique capté par des vidéos prises à la volée, les dialogues évoquent une montagne qui se déplace ou encore une force de la nature bipède. Le film sait donc créer savamment l’attente auprès des spectateurs. Lorsque la créature paraît enfin, elle ne déçoit guère. Ce titan gigantesque, dont le faciès est conforme à l’imagerie traditionnelle des trolls et dont la peau semble faite de roche et de terre, est une indiscutable réussite technique. Superviseur des effets visuels, Esben Syberg (La Nonne, The Mandalorian, The Innocents) donne au film les moyens de ses ambitions et concrétise une série de séquences follement spectaculaires. Certes, Troll est entravé par des facilités scénaristiques un peu grossières (le père de l’héroïne est comme par hasard un grand spécialiste des trolls) et par des personnages à la caractérisation trop schématique. Mais le spectacle vaut amplement le détour, d’autant qu’il se double d’un intéressant discours environnemental, le troll symbolisant bien sûr la furie d’une nature perturbée par l’homme qui prend soudain sa revanche.

 

© Gilles Penso


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