DANS LES GRIFFES DU LOUP-GAROU (1975)

En partant enquêter sur les apparitions d’un yéti dans les montagnes du Tibet, un homme rencontre deux jolies lycanthropes qui le contaminent…

LA MALDICION DE LA BESTIA

 

1975 – ESPAGNE

 

Réalisé par Miguel Iglesias Bonns

 

Avec Paul Naschy, Mercedes Molina, Silvia Solar, Gil Vidal, Josep Castillo Escalona, Luis Induni, Ventura Oller, Veronica Miriel, Juan Velilla

 

THEMA LOUPS-GAROUS I YÉTIS ET CHAÎNONS MANQUANTS I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Se souciant bien peu d’une quelconque continuité, le scénariste et acteur Paul Naschy concocte une septième aventure du loup-garou Waldemar Daninsky qui ne tient compte d’aucun des épisodes précédents et reprend l’histoire depuis le début. Chaque opus de cette étrange série agit donc comme une sorte de reboot, déstabilisant forcément ceux qui auraient pu espérer suivre la saga dans l’ordre chronologique. Connu aux États-Unis sous divers titres folkloriques (The Werewolf and the Yeti, Night of the Howling Beast ou encore Hall of the Mountain King), Dans les griffes du loup-garou commence par l’attaque de deux hommes dans les montagnes tibétaines (en réalité filmées en Catalogne) par une sorte d’homme-singe. S’agirait-il de l’abominable homme des neiges ? C’est ce que pense le professeur Lacombe (Josep Castillo Escalona), dont la fille Sylvia (Mercedes Molina) est fiancée à ce bon vieux Waldemar (Paul Naschy, toujours aussi taciturne et monolithique). Ce dernier accepte de servir de guide à l’expédition que mène Lacombe au Tibet pour chercher des preuves de l’existence du yéti. Dès qu’ils arrivent sur place, nos explorateurs se heurtent aux superstitions locales des indigènes. Un monstre rôde-t-il vraiment dans les parages ?

Bientôt, Waldemar est séparé du groupe principal (qui regagne le campement et assiste à d’interminables danses folkloriques locales), se perd dans la forêt hivernale (plus ou moins enneigée selon les plans) et se retrouve dans une étrange grotte décorée d’artefacts tribaux étranges. Il s’agit en réalité d’un lieu sacré dédié à la redoutable déesse Kali la noire. Là, alors qu’il est à moitié inconscient, deux femmes nues se jettent langoureusement sur lui (car Waldemar est irrésistible comme toujours, son regard noir et son torse viril en ayant fait chavirer plus d’une par le passé). Hélas ces autochtones peu farouches sont anthropophages (comme nous montre cette scène improbable où elles se repaissent bestialement d’un bras et de quelques morceaux de viande humaine non identifiée) et aussi lycanthropes. Notre héros parvient à les éliminer, mais l’une d’elles le mord avant de périr. Dès lors, chaque fois que les rayons de la lune le frappent, Waldemar se mue en bête velue. Contrairement à La Furie du loup-garou, le yéti vaguement intégré à l’intrigue n’a donc rien à voir ici avec la malédiction qui frappe ce pauvre Daninsky.

La chair, le sang et les poils

Un peu plus soignée qu’à l’accoutumée (malgré quelques coups de zoom intempestifs et des nuits américaines bleutées très naïves), la réalisation de cet opus est signée par le vétéran Miguel Iglesias Bonns (Le Fugitif d’Anvers, Échec au tueur, L’Épée du Cid). Côté effets spéciaux, on assure en revanche le service minimum. Le maquillage est peu soigné et la transformation d’homme en bête recycle la vieille technique des fondus enchaînés héritée des productions Universal d’antan. Qu’il joue sous son apparence humaine ou lupine, Paul Naschy se bat avec plus d’énergie et de fougue que jamais, nous rappelant son passé de catcheur et de cascadeur. Curieusement, entre les attaques du loup-garou, les exactions sanglantes d’une bande de redoutables mercenaires, l’intervention d’un vieux sage mentionnant des herbes magiques susceptibles de guérir la lycanthropie, un palais tibétain où les prisonnières sont dénudées et torturées ou encore une super-vilaine sadique et sexy qui pratique des expériences occultes, on finit par perdre totalement de vue l’objet premier de l’expédition, autrement dit le yéti. Le scénario lui-même semble l’avoir oublié, le convoquant à la toute dernière minute pour un combat final avec Waldemar expédié en deux coups de cuiller à pot. Très généreux en scènes de nudité et en passages gore (décapitations, mutilations, empalements, écorchage vif), Dans les griffes du loup-garou affolera la censure anglaise qui interdira sa sortie sur l’ensemble du territoire britannique.

 

© Gilles Penso


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