CRASH (1976)

Un mari jaloux, une amulette mystérieuse, une femme aux pouvoirs paranormaux et une voiture démoniaque se télescopent dans Crash…

CRASH !

 

1976 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec José Ferrer, Sue Lyon, John Ericson, Leslie Parrish, John Carradine, Jerome Guardino, Paul Dubov, Reggie Nalder 

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I OBJETS VIVANTS I SAGA CHARLES BAND

« Tu devrais faire un film d’accidents de voiture », dit un jour Frank Perilli à Charles Band. Ce dernier est alors un tout jeune producteur qui vient de se lancer dans l’aventure cinématographique avec Massacre Mansion, dont Perilli a justement écrit le scénario. La mode étant aux films de poursuites automobiles (La Course à la mort de l’an 2000, Duel, French Connection, Point limite zéro, Police puissance 7, La Grande casse), pourquoi ne pas s’engouffrer dans la brèche ? Band décide de réaliser le film lui-même et de le titrer tout simplement Crash (à ne pas confondre avec le film homonyme de David Cronenberg). Ce sera son baptême officiel de mise en scène (si l’on excepte l’anecdotique Last Foxtrot in Burbank tourné en 1973 et tombé immédiatement dans l’oubli). Signé Marc Marais, le scénario de Crash nécessite la destruction d’un très grand nombre de véhicules. Charles Band achète donc des dizaines d’épaves à bas prix, les fait retaper, repeindre, remettre sur pieds (ou plutôt sur roues), puis les confie aux bons soins du roi des cascades Von Deming qui coordonne avec ses fils un impressionnant catalogue de séquences spectaculaire et explosives (la pyrotechnie étant assurée par Harry Woolman, dont le surnom « Dynamite Harry » est suffisamment éloquent). Tourné pour un modeste budget de 300 000 dollars, Crash est un film étrange dont le scénario erratique joue la carte de la confusion.

Tout commence par une musique funky d’Andrew Belling qui se déchaîne pendant le générique et s’inscrit parfaitement dans l’air du temps (nous sommes alors en 1976). Le personnage principal du film est Kim Denne, une ravissante jeune femme incarnée par Sue Lyon (la Lolita de Stanley Kubrick, c’était elle !). Alors qu’elle déambule longuement dans les allées d’un marché aux puces, elle est attirée par une petite amulette en forme de cyclope que lui vend un homme au sourire étrange (Reggie Nalder, le fameux tueur de L’Homme qui en savait trop). De retour chez elle, Kim veut offrir l’objet à son époux Marc (José Ferrer, oscarisé pour le Cyrano de Bergerac de 1950). Mais ce dernier est un vieil homme aigri cloué sur un fauteuil roulant depuis un accident de voiture dont il juge sa femme responsable. Il refuse le cadeau et envoie Kim au diable. Non content d’être acariâtre, Marc est un psychopathe qui lance aussitôt aux trousses de sa femme son grand chien noir qu’il a dressé pour tuer. D’où une séquence invraisemblable où Kim, au volant de sa voiture, est soudain attaquée par le molosse et subit un terrible accident. Recueillie dans un hôpital, elle est frappée d’amnésie et découvre que l’amulette la dote de pouvoirs paranormaux…

Enfer mécanique

Le problème du scénario de Crash est son manque d’équilibre. Si Charles Band avait respecté une progression dramatique classique, il aurait dû attendre le dernier quart du film pour mettre en scène les cascades automobiles. Or celles-ci constituent son argument marketing majeur. Le film joue donc la carte du flash-forward, quitte à semer une totale confusion dans l’esprit des spectateurs qui s’efforcent comme ils peuvent de recoller les morceaux. La voiture décapotable maléfique que Kim télécommande à distance au moment du climax surgit donc régulièrement en montage parallèle, au mépris de toute chronologie, pour faire des siennes sur le macadam et provoquer des collisions en série. De ce point de vue, le film est extrêmement généreux, ne faisant guère mentir son titre. Les véhicules s’entrechoquent, se retournent sur eux-mêmes, explosent, voltigent ou s’écrasent sur les bas-côtés avec une frénésie époustouflante. Certains morceaux de bravoure – comme le carambolage contre un semi-remorque ou la station-service qui s’embrase – causent quelques frayeurs à l’équipe et manquent d’échapper à tout contrôle, mais aucun accident ne sera à déplorer pendant le tournage. Au détour du casting, on note l’apparition de John Carradine dans le rôle d’un professeur d’anthropologie nous expliquant la nature de l’étrange amulette. « Le Kashkuh est d’origine hittite », affirme-t-il avec aplomb. « C’est une divinité étroitement liée à Mars, la planète rouge. C’est un personnage déplaisant voué à la vengeance, à la haine et à la violence. » Crash fait son petit effet lors de sa sortie en salle et annonce même par ses thématiques deux longs-métrages beaucoup plus connus : Enfer mécanique et Christine.

 

© Gilles Penso


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