FAIRY TALES (1978)

Un conte de fées parodique ponctué de numéros musicaux délirants et de séquences de nudité sans complexe… Ah, les années 70 !

FAIRY TALES

 

1978 – USA

 

Réalisé par Harry Hurwitz

 

Avec Don Sparks, Sy Richardson, Irwin Corey, Robert Harris, Simmy Bow, Robert Staats, Martha Reeves, Brenda Fogarty, Frank Ray Perilli, Angelo Rossitto

 

THEMA CONTES I SAGA CHARLES BAND

Le conte de fées érotico-musical Cinderella ayant connu un certain succès en 1977, le producteur Charles Band décide de retenter une expérience similaire, toujours sous l’impulsion du scénariste Frank Ray Perilli. Band retrouve à cette occasion une partie de l’équipe du film précédent, notamment le compositeur Andrew Belling qui est à nouveau chargé d’écrire la musique du film et les chansons qui ponctuent l’action. Sy Richardson, la « marraine fée » de Cinderella, revient cette fois dans le rôle de « Sirius le proxénète ». La mise en scène est signée Harry Hurwitz, réalisateur au début des années 70 des comédies The Projectionist et Richard, qui signe ici sous le pseudonyme de Harry Tampa. Comme pour Cinderella, Charles Band doit réunir un grand nombre d’acteurs en costumes pseudo-médiévaux, des chevaux, des carrosses et des décors baroques. Comme si ça ne suffisait pas, il ajoute un défi supplémentaire : la construction grandeur nature d’une maison close en forme de botte géante, la fameuse « Shoe of Pleasure ». Pour édifier ce décor surréaliste de quatorze mètres de haut, il trouve un volontaire – le charpentier Joe Chavez – et décide de l’installer dans Griffith Park, au cœur de Los Angeles, sans véritable autorisation. Toutes les scènes devant la chaussure géante sont bouclées en une journée et la botte à trois étages est lâchement abandonnée dans la nature par l’équipe qui prend aussitôt la poudre d’escampette !

La musique enchanteresse sur laquelle défile le générique de début, avec en image de fond un château médiéval, laisse d’abord imaginer un conte tout-à-fait traditionnel, d’autant que le titre Fairy Tales n’a rien de particulièrement subversif. Mais au bout de cinq minutes, une fille entièrement nue s’installe dans le lit d’un prince encore vierge (Don Sparks) qui vient de fêter ses 21 ans. Cette impudique intruse est un cadeau d’anniversaire offert par des médecins désireux d’initier l’ingénu aux plaisirs de la chair. Mais le prince est insensible à ses charmes. Seul le portrait d’une hypothétique « fille de ses rêves », suspendu au-dessus de son lit, semble susceptible de l’émoustiller. Or si le prince n’est pas capable de donner au royaume une descendance dans les jours qui viennent, il sera déchu. Pour trouver le moyen d’éveiller sa libido, il doit se rendre sur la « Terre des fées », dans une forêt où se dresse la célèbre « Shoe of Pleasure ».

The Love Botte

Cette improbable botte à trois étages abrite une Blanche-Neige lubrique et ses sept nains en maillot marin, un miroir magique dans lequel se reflète parfois une tête de dinosaure, un donjon SM où bourreaux et victimes dansent joyeusement, une sorcière vaudou et ses philtres d’amour, une Shéhérazade strip-teaseuse, une variante primitive de la Bête de Jean Cocteau et une belle au bois dormant incarnée par Linnea Quigley. Cette dernière, alors en tout début de carrière, aurait éprouvé quelques difficultés à jouer l’intégralité de ses scènes quasiment nue. Mais ce pied à l’étrier l’a transformée en « Scream Queen » beaucoup moins pudique au fil des ans (la fameuse punk aux seins nus du Retour des morts-vivants, c’est elle !). Si les numéros musicaux sont plus élaborés et plus réussis que dans Cinderella, Fairy Tales souffre lui aussi d’une gestion du rythme assez évasive. Régulièrement, entre deux séquences anecdotiques, le montage nous offre des scènes d’orgies parfaitement gratuites, sous l’œil égrillard d’un voyeur qui glousse bêtement. Le scénariste Frank Ray Perilli s’octroie un rôle de baron italien burlesque qui se lance dans une sorte de duo comique avec Angelo Rossitto. Fairy Tales s’achève sur un monologue du portier de « The Shoe » (Robert Staats) qui propose aux spectateurs des produits dérivés du film ! Quant au décor de la botte géante, il est resté dressé en plein Griffith Park comme une curiosité locale, attirant de nombreux curieux, avant d’être peu à peu démantelé pour disparaître définitivement.

 

© Gilles Penso


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