GODZILLA II : ROI DES MONSTRES (2019)

Il revient, et il n’est pas content ! D’autant que Mothra, Ghidrah et Rodan ont décidé de se joindre à la fête…

GODZILLA: KING OF THE MONSTERS

 

2019 – USA

 

Réalisé par Michael Dougherty

 

Avec Kyle Chandler, Vera Farmiga, Ken Watanabe, Sally Hawkins, Millie Bobby Brown, Bradley Whitford, Thomas Middleditch, CCH Pounder, Charles Dance

 

THEMA DINOSAURES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I DRAGONS I SAGA GODZILLA

En réalisant sa propre version de Godzilla, Gareth Edwards l’envisageait comme un film autonome ne nécessitant aucune suite. Mais Hollywood ne fonctionne pas selon cette logique, on le sait bien. Lorsque le long-métrage se hisse au sommet du box-office dès sa sortie en salles, la compagnie Legendary lance aussitôt la mise en chantier d’un nouvel épisode. Une idée un peu folle se met même à germer dans l’esprit des cadres de la société de production : pourquoi ne pas concevoir un gigantesque « Cinematic Universe », à la manière de celui de Marvel, en imaginant une série de crossovers confrontant les grands monstres les plus célèbres ? C’est dans cet esprit que seront mis en chantier Kong : Skull Island et plus tard Godzilla vs. Kong. Mais pour l’heure, il faut donner une suite au Godzilla de 2014. Le scénario est confié à Michael Dougherty et Zach Shields (auteurs du sympathique Krampus). Gareth Edwards étant sollicité par le tournage de Rogue One puis occupé par des projets plus personnels, c’est Dougherty qui hérite de la mise en scène de Godzilla II : Roi des monstres. Enthousiaste, ce dernier envisage son épisode comme une suite musclée et survitaminée, n’hésitant pas à affirmer que son film sera à Godzilla ce qu’Aliens était à Alien. L’intention est claire : il faut en mettre plein la vue.

L’intrigue de Godzilla II se situe cinq après les événements décrits dans le film précédent. Désormais, l’existence des monstres géants (« Titans » pour les intimes) est connue de tous. Le docteur Emma Russell (Vera Farmiga), une paléobiologiste qui travaille pour l’organisation Monarch, s’est séparée de son époux Mark (Kyle Chandler), suite à la mort de leur fils Andrew, et vit désormais avec sa fille Madison (Millie Bobby Brown). Alors que toutes deux assistent avec fascination à la naissance de la gigantesque chenille Mothra, un groupe d’éco-terroristes dirigé par l’ancien colonel de l’armée britannique Alan Jonah (Charles Dance) attaque leur base et les kidnappe. Mark est donc sollicité par ses ex-collègues de chez Monarch pour aider à les retrouver. Peu à peu, d’autres créatures colossales s’éveillent et commencent à semer le chaos : le dragon tricéphale Ghidrah, le ptérodactyle Rodan et bien sûr ce bon vieux Godzilla.

L’attaque des Titans

Le film ne pèche pas par manque de générosité, certes, mais les monstres de Godzilla II nous sont jetés à la figure les uns après les autres en une orgie d’images de synthèse sans charme ni retenue qui nous empêchent d’apprécier pleinement la beauté intrinsèque des créatures. Ce n’est pas tant le design des bêtes qui pèche (de ce point de vue, le travail des artistes conceptuel est irréprochable), mais plutôt leur mise en scène qui, à trop vouloir jouer la carte du dynamisme spectaculaire, n’engendre que confusion et frustration. Michael Dougherty sature ses images de fumée, de lumières multicolores qui clignotent, de particules qui flottent, d’éclairs, de pluie, de neige, de foudre, de gerbes d’eau, de lave en fusion, le tout filmé par une caméra qui a la tremblote. Par conséquent, le corps à corps de Godzilla et Ghidrah en Antarctique, le surgissement de Rodan dans un volcan mexicain, l’éclosion de Mothra au milieu d’une cascade ou le combat de catch final ressemblent à des spectacles de son et lumière sous acide. Comment s’impliquer dans de telles séquences sans avoir la migraine ? Il y a certes une idée intéressante qui surnage au fil du scénario de Shields et Dougherty : cette attaque des Titans serait le réveil du système immunitaire de notre planète contre l’infection que représente l’espèce humaine. Mais cette théorie, expliquée scolairement à mi-parcours du film, n’a aucune réelle conséquence sur le déroulement du récit. De fait, malgré un casting de premier ordre (Kyle Chandler, Vera Farmiga et Charles Dance rivalisent comme toujours de charisme), rien n’est crédible dans Godzilla II. Gareth Edwards avait donc raison : son Godzilla se suffisait amplement à lui-même.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article