HELLRAISER : HELLSEEKER (2002)

Un sixième épisode qui sombre dans la routine et n’entretient que très peu de rapport avec la mythologie créée par Clive Barker…

HELLRAISER : HELLSEEKER

 

2002 – USA

 

Réalisé par Rick Bota

 

Avec Dean Winters, Ashley Lawrence, Doug Bradley, Rachel Hayward, Sarah-Jane Redmond, Jody Thompson, Kaaren de Zilva, William S. Taylor, Michael J. Rogers

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA HELLRAISER

Comme c’était déjà le cas pour Hellraiser Inferno, ce sixième opus se construit sur un scénario qui n’était initialement pas prévu pour faire partie de la franchise créée par Clive Barker. En découvrant ce script écrit par Carl V. Dupré et Tim Day, les cadres de Dimension Films se disent qu’ils tiennent là la possibilité de concocter un nouveau Hellraiser à moindres frais et demandent donc aux auteurs de réviser leur copie pour l’intégrer dans la saga. Ce rafistolage de dernière minute permet de comprendre pourquoi l’intervention du cube de Lemarchand et des Cénobites semble si artificielle, et pourquoi Pinhead (Doug Bradley, toujours fidèle au poste) n’apparaît que pendant cinq minutes de métrage. Dans l’espoir d’assurer un lien avec les épisodes précédents, l’actrice Ashley Lawrence est embauchée pour reprendre le rôle de Kirsty Cotton qu’elle tenait déjà dans les trois premiers Hellraiser. Mais ses interventions demeurent très limitées et n’assurent aucune véritable continuité avec les films précédents. Le salaire qu’on lui alloue est tellement maigre qu’il lui aurait tout juste suffi – de son propre aveu – à s’acheter un nouveau réfrigérateur ! Car Hellraiser : Hellseeker est tourné à l’économie, ne cherchant jamais à dépasser ses ambitions de simple produit « direct to video ». La mise en scène est confiée à Rick Bota, un chef opérateur expérimenté (La Malédiction du loup-garou, Les Contes de la crypte, Barbwire, L’Arme fatale 4) qui tourne ici son premier long-métrage.

Kirsty apparaît au tout début du film, en pleine conversation avec son époux Trevor (Dean Winters) au volant de leur grande voiture. Ils rient, se bécotent, et ce qui devait arriver arrive : un véhicule évité de justesse, un coup de volant trop abrupt… En perdant le contrôle de sa voiture, Trevor la précipite dans le vide et c’est le grand plongeon. S’il parvient à s’échapper de justesse, Kirsty n’a pas autant de chance et coule à pic. Notre époux éploré et partiellement amnésique erre donc comme une âme en peine en essayant de se concentrer sur son travail. Mais il est harcelé par la police qui se demande si cet accident n’est pas suspect. D’autant que le corps de la jeune femme n’a pas été retrouvé. Comme si ça ne suffisait pas, Trevor est régulièrement frappé par de terribles migraines et par une série de cauchemars de plus en plus effrayants. Bientôt incapable de faire le tri entre la réalité et les hallucinations, il se découvre plusieurs relations extraconjugales dont il n’avait pas idée, notamment avec sa patronne dominatrice et avec sa voisine nymphomane. Les scènes de sexe et de mort s’entremêlent ainsi confusément dans son esprit, ainsi qu’un flash-back bizarre au cours duquel il fait l’acquisition du fameux casse-tête en forme de cube…

Chercheur d’enfer

Le manque de surprise du scénario de cet Hellseeker (littéralement « chercheur d’enfer ») est timidement compensé par les effets spéciaux inventifs concoctés par Gary J. Tunnicliffe (Candyman, Blade, Sleepy Hollow). Plusieurs séquences choc surprenantes ponctuent ainsi le film, notamment l’opération du cerveau à vif de Trevor, l’énorme anguille visqueuse qui surgit de sa bouche, l’épingle que Pinhead lui plante en travers de la gorge ou encore l’impensable apparition d’un policier bicéphale ! Au détour de ces passages surréalistes, on découvre quelques clins d’œil inattendus, notamment à Basic Instinct et à L’Échelle de Jacob. Pinhead, lui, se fait attendre et délivre des monologues poétiques avec sa voix de ténor (réécrits par Doug Bradley lui-même, déçu de ne pas avoir assez de texte). L’un des problèmes majeurs de cet Hellraiser est la totale inexpressivité de son acteur principal. Le personnage qu’il incarne hérite de fait d’une sorte d’apathie qui n’aide pas les spectateurs à s’intéresser à son sort. On ne le sent jamais totalement troublé par la disparition de sa femme ni par les événements de plus en plus préoccupants qui surviennent autour de lui. Il flotte donc mollement dans toutes les situations. Ces dernières sont très limitées, dans la mesure où Trevor passe son temps à effectuer des allers retours répétitifs (et lassants) entre son appartement, son bureau et le commissariat. La toute fin du film s’articule sur un coup de théâtre intéressant qui permet de remettre en perspective les péripéties du film, mais c’est bien trop tard. La plupart des spectateurs auront hélas sombré dans la torpeur avant cette révélation finale.

 

© Gilles Penso


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