L’ATTAQUE DU REQUIN À DEUX TÊTES (2012)

Tout est dans le titre : un requin normal ne suffisant pas, mettons en scène un squale bicéphale pour multiplier les dégâts par deux !

2-HEADED SHARK ATTACK

 

2012 – USA

 

Réalisé par Christopher Ray

 

Avec Carmen Electra, Charlie O’Connell, Brooke Hogan, Gerald Webb, David Gallegos, Geoff Ward, Mercedes Young

 

THEMA MONSTRES MARINS

Après Mega Shark vs. Giant Octopus et Mega Shark vs. Crocosaurus, la compagnie The Asylum continue les délires subaquatiques avec 2-Headed Shark Attack dont le titre, à la manière de ses prédécesseurs, résume à lui seul son délirant concept. Autrement dit « l’attaque du requin à deux têtes » (c’est d’ailleurs le titre qui sera choisi par les distributeurs français au moment de la sortie en DVD de cette œuvre invraisemblable). Le potentiel de cette folle idée, largement exploité sur le poster prometteur du film, apparaît dès le prologue, lorsque deux skieuses nautiques sont happées simultanément par la double gueule du squale mutant. Mais en quelques minutes, tout est dit, et le besogneux métrage de Christopher Ray – fils du roi du bis Fred Olen Ray – n’a déjà plus rien à raconter. Comme en outre la piètre qualité des images de synthèse donnant vie au monstre se révèle sitôt que ce dernier crève la surface, l’heure et demie qui attend le spectateur ne laisse rien augurer de bon. Mais Christopher Ray n’a pas froid aux yeux et tente de mener à bien sa petite affaire jusqu’au bout. Après tout, il en a vu d’autres. N’a-t-il pas à son actif des films aux titres aussi évocateurs que Reptisaurus, Mega Shark vs. Crocosaurus (justement !) ou encore Almighty Thor ?

Le scénario de H. Perry Horton s’intéresse à l’équipage du navire Sea King, bien embarrassé lorsque l’hélice de l’embarcation heurte un squale mort, ce qui endommage la coque et occasionne quelques fuites. Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que notre ami le requin à deux têtes débarque soudain et s’en prend à nos malheureux, brisant l’antenne radio et interdisant dès lors toute communication avec l’extérieur. Le professeur Franklin Babish, à la tête de cette expédition, prend alors la fuite avec ses élèves dans un canot pneumatique et tous partent se réfugier sur un atoll désert à proximité. C’est l’occasion pour quelques-unes des étudiantes de faire un peu de bronzette les seins nus. Mais le monstre bicéphale rôde et décide de repasser à l’attaque. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’un cataclysme volcanique menace l’atoll qui commence à s’enfoncer lentement dans l’eau et qu’un tsunami se forme à l’horizon. Décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !

Quatre mâchoires et beaucoup d’enterrements

Le long-métrage de Ray s’efforce de déployer toutes les possibilités visuelles offertes par son prédateur bicéphale, quitte à plagier Le Monde Perdu : Jurassic Park (la victime attrapée par les deux gueules qui la coupent en deux pour se repaître chacune d’une moitié de corps) ou à s’affranchir de toute vraisemblance (les deux nageuses topless englouties par le monstre géant dans une eau qui leur arrive à peine aux genoux). En amont des préparatifs du film, les premiers designs proposés par les producteurs envisageaient une tête au-dessus de l’autre, jusqu’à ce que le concepteur d’effets spéciaux Cleve Hall (Ghoulies, Re-Animator) ne propose une alternative finalement retenue : les deux gueules alignées horizontalement. Pour quelques gros plans, une double tête mécanique grandeur nature est sollicitée et fonctionne plutôt bien. On ne peut pas en dire autant hélas des effets numériques bon marché supervisés par Joseph Lawson (Basilisk, Lake Placid 2, Infestation). Côté horreur, les carnages perpétrés par la bête restent très sages, le film s’attardant sur sa galerie de héros archétypaux (l’idiot adepte de musculation, le petit malin qui comprend tout, les filles faciles qui tombent rapidement le haut du maillot) avec en « tête d’affiche » une Carmen Electra en bout de course (Alerte à Malibu) qui cachetonne sans conviction. Les joyeux drilles d’Asylum n’ayant jamais eu peur de la démesure, Christopher Ray enchaînera trois ans plus tard avec L’Attaque du requin à trois têtes puis cèdera sa place pour L’Attaque du requin à cinq têtes de Nick Lyon en 2017 et pour L’Attaque du requin à six têtes de Mark Atkins en 2018. Mais jusqu’où iront-ils ?

 

© Gilles Penso


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