THE CLOVERFIELD PARADOX (2018)

Un équipage d'ingénieurs spatiaux tente de trouver une solution pour régler les graves problèmes énergétiques qui frappent la Terre…

THE CLOVERFIELD PARADOX

 

2018 – USA

 

Réalisé par Julius Onah

 

Avec Gugu Mbatha-Raw, David Oyelowo, Daniel Brühl, John Ortiz, Chris O’Dowd, Aksel Hennie, Zhang Ziyi, Elizabeth Debicki, Roger Davies

 

THEMA SPACE OPERA I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES I SAGA CLOVERFIELD

Comme c’était le cas pour 10 Cloverfield Lane, le premier scénario de The Cloverfield Paradox n’a à l’origine aucun lien avec la franchise créée par J.J. Abrams. La première version du script, écrite par Oren Uziel, s’appelle God Particle (« la particule de Dieu »). Le studio Paramount sent le potentiel de ce récit de science-fiction et en fait l’acquisition. Mais investir 50 millions de dollars sur un tel long-métrage est un pari risqué, à moins qu’il ne soit rattaché à une franchise déjà existante. C’est là que J.J. Abrams entre en jeu. Pourquoi ne pas conserver le scénario de God Particle tel quel mais y injecter quelques éléments permettant de relier narrativement la mésaventure spatiale de ses héros aux événements décrits dans Cloverfield et 10 Cloverfield Lane ? Uziel revoit donc sa copie mais conserve l’intrigue qu’il avait initialement bâtie. Une fois de plus, il ne s’agit pas d’une suite à proprement parler mais plutôt d’un film autonome s’inscrivant presque « en creux » dans la mythologie Cloverfield. L’intrigue se situe dans un futur proche, autrement dit en 2028, période où la Terre souffre d’une crise énergétique mondiale. Alors que les coupures de courant sont légion, que les queues devant les stations-service deviennent interminables et que la situation semble désespérée, les agences spatiales du monde entier s’unissent pour tenter de trouver une solution.

Une mission internationale se met en place à bord de la station orbitale Cloverfield. Son but : tester l’accélérateur de particules Shepard qui permettrait en théorie de fournir à la Terre une source d’énergie inépuisable. Les membres de cet équipage cosmopolite sont le commandant américain Kiel (David Oyelowo), l’ingénieur britannique Ava Hamilton (Gugu Mbatha-Raw), le physicien allemand Ernst Schmidt (Daniel Brühl), le médecin brésilien Monk Acosta (John Ortiz), l’ingénieur irlandais Mundy (Chris O’Dowd), l’ingénieur russe Volkov (Aksel Hennie) et l’ingénieur chinois Tam (Zhang Ziyi). Tous unissent leurs compétences complémentaires pour mener à bien cette opération, malgré les levers de boucliers des théoriciens de la conspiration persuadés que cette expérience ouvrira des portails vers des univers parallèles permettant à des entités monstrueuses d’envahir la Terre. Ces craintes – qui ne sont pas sans évoquer le postulat de The Mist – ne sont bien sûr pas prises au sérieux par les scientifiques. Mais les spectateurs qui ont déjà vu le premier Cloverfield leur accordent logiquement du crédit. Les premières tentatives d’utilisation de l’accélérateur de particules échouent lamentablement. Mais notre équipage insiste, jusqu’à ce que l’expérimentation fonctionne enfin…

Cauchemar spatial

The Cloverfield Paradox s’appuie sur la solidité de sa brochette d’acteurs aux visages plus ou moins familiers pour les fantasticophiles (Daniel Brühl était le sinistre baron Zemo de Captain America : Civil War, Zhang Ziyi la délicieuse Jen de Tigre et dragon). Tous jouent avec suffisamment de conviction pour nous faire croire à l’incroyable. Car la situation à bord de la station Cloverfield bascule rapidement dans le délire surréaliste : mutations physiques, changements de comportements, apparitions et disparitions. Les événements cauchemardesques qui surviennent dans les coursives suscitent leur lot de surprises et de frissons. Par ailleurs, le scénario s’enrichit de la mise en parallèle des conflits imminents sur Terre avec les tensions au sein de cet équipage international (ce qui n’est pas sans évoquer le 2010 de Peter Hyams). Mais le film souffre d’un problème majeur : son incapacité à exprimer clairement les règles qui régissent son paradoxe spatio-temporel. Privé de cette information, le spectateur ne comprend jamais clairement les enjeux dramatiques et ne peut s’impliquer dans les agissements de l’équipage dont le langage pseudo-scientifique devient vite abscons. Le champ des possibles étant visiblement illimité, les situations se nouent et se dénouent en laissant le public sur le bas-côté. Quant au plan final, il cligne lourdement de l’œil vers le premier Cloverfield pour essayer de légitimer sans finesse la présence de ce film au sein de la franchise.

 

© Gilles Penso


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