AFTER EARTH (2013)

Will Smith et Jaden Smith incarnent un père et son fils plongés dans une Terre futuriste revenue à l’état ptimitif, sous la direction de M. Night Shyamalan…

AFTER EARTH

 

2013 – USA

 

Réalisé par M. Night Shyamalan

 

Avec Will Smith, Jaden Smith, Sophie Okonedo, Zoe Kravitz, Glenn Morshower, Kristofer Hivju, Sacha Dhawan, Chris Geere, Diego Klattenhoff, David Denman

 

THEMA FUTUR I SAGA M. NIGHT SHYAMALAN

After Earth fait office d’exception dans la filmographie de M. Night Shyamalan. C’est en effet la première fois que le cinéaste travaille sur commande à partir d’un scénario qui n’est pas de lui. L’idée originale du film vient de Will Smith, qui confie l’écriture du scénario à Gary Whitta. Au départ, le récit est celui d’un adolescent traversant la forêt pour secourir son père après un accident de voiture. Mais au fil des réécriture, le concept est relocalisé dans un cadre de science-fiction futuriste. Et c’est là que Shyamalan entre en jeu, embauché par Smith qui admire son travail et rêve depuis longtemps de travailler avec lui. Le réalisateur met son grain de sel dans le scénario afin de se l’approprier, puis cède la place à Stephen Gaghan et Mark Boal qui ajoutent leurs touches personnelles. Pour Smith, à la fois producteur et acteur principal, After Earth est une nouvelle occasion de jouer avec son fils Jaden, après A la recherche du bonheur en 2006. Pour Shyamalan, c’est un moyen intéressant d’aborder la sortie de l’enfance. « J’ai gardé en mémoire cette période particulière de l’enfance où vous arrêtez de croire à la magie, où vous commencez à voir le monde comme les adultes le voient », raconte-t-il. « C’est un moment très triste. Je me souviens avoir ressenti ça. Depuis, je n’ai jamais cessé de lutter contre ce sentiment. L’une des manières de mener cette bataille est de continuer à regarder le monde comme les enfants le voient. D’où ma tendance à écrire des rôles importants pour de jeunes comédiens. » (1)

Nous sommes en l’an 3071 et le bilan n’est pas folichon. Comme on pouvait s’y attendre, la dégradation environnementale de la Terre l’a rendue inhabitable, poussant ses habitants à partir s’installer sur une autre planète, Nova Prime. Mais il y a un problème de taille sur cette nouvelle terre d’asile : les Ursas. Ces créatures aveugles sentent la peur chez les humains et les massacrent impitoyablement. Le seul moyen de leur échapper est de parvenir à « effacer » sa peur, un domaine dans lequel le ranger Cypher Raige (Will Smith) est passé maître. Ce dernier part en mission spatiale avec son fils Kitaï (Jaden Smith) afin de faire des expériences sur un spécimen d’Ursa. Hélas, une pluie d’astéroïdes provoque le crash de leur vaisseau sur la planète Terre, désormais en quarantaine. L’Ursa s’est échappé et tout l’équipage est mort à l’exception du père et du fils. Mais le ranger a les jambes cassées et ne peut plus bouger. Il confie donc à Kitaï la mission de traverser la jungle hostile de la planète pour partir retrouver une balise qui permettrait d’appeler les secours.

La tête et les jambes

Par l’entremise de splendides effets visuels, After Earth nous offre le spectacle inédit d’une Terre au sein de laquelle la nature aurait repris ses droits. La première vision grandiose des plaines emplies de troupeaux en liberté et de cieux traversés par des milliers d’oiseaux amène un constat sans appel : notre planète se porte bien mieux sans les terriens. Elle est sauvage, inhospitalière, traversée par des périodes de grand froid, toxique par endroit, mais libérée du joug humain. Dans ce cadre primitif imprévisible s’installe une relation complexe entre un père et son fils, un sujet qui semble tout droit échappé de la filmographie de Steven Spielberg. D’autant qu’ici, l’enfant doit agir comme un adulte pour survivre. Dans ce duo improvisé, le père est la tête et le fils les jambes. Tous deux sont en contact audio et vidéo permanent. Cypher voit et entend tout ce que fait Kitaï. Il le guide, l’assiste, le conseille, le fils se laissant guider par la voix rassurante de son père. Will Smith joue sur un registre dénué d’émotion – dicté par la nature de son personnage – mais non sans subtilité, car on sent bien que le ranger qu’il incarne les réfrène. Jaden Smith, au contraire, incarne le « chien fou » qui rêverait de bénéficier d’autant de self-control que ce père modèle. Le spectateur sent pourtant que c’est justement sa capacité à s’émouvoir qui sauvera Kitaï. Cette mission est bien sûr un voyage initiatique. Lorsque tout contact sera coupé entre ces deux êtres, l’enfant sera bien forcé de couper le cordon, livré soudain à lui-même et à son libre arbitre. After Earth développe donc des thématiques passionnantes, au sein d’un univers sauvage servi par une direction artistique de premier ordre. Le film sera pourtant un échec cuisant au box-office, poussant M. Night Shyamalan à se tourner vers des projets plus modestes et plus personnels.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2015

 

© Gilles Penso


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