HELLRAISER : DEADER (2005)

Une journaliste qui n’a pas froid aux yeux enquête sur une secte jouant avec la mort et se retrouve en ligne de mire du redoutable Pinhead…

HELLRAISER : DEADER

 

2005 – USA

 

Réalisé par Rick Bota

 

Avec Kari Wuhrer, Doug Bradley, Paul Rhys, Simon Kunz, Marc Warren, Georgina Rylance, Ionut Chermenski, Hugh Jorgin, Linda Marlowe, Madalina Constantin

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA HELLRAISER

C’est en 2002, alors que Hellraiser : Hellseeker vient de sortir, que Dimension film décide de lancer le septième volet de la franchise en confiant le scénario à Peter Briggs (Freddy contre Jason). Mais rien ne va se passer comme prévu. L’histoire proposée par Briggs est jugée trop coûteuse en termes de production et l’on se rabat finalement sur un autre scénario n’ayant initialement aucun rapport avec Hellraiser. Il s’agit de Deader, écrit par Neil Marshall Stevens (13 fantômes). Ce projet avait été proposé à Dimension dès 2000 et le roi des effets spéciaux Stan Winston, séduit, s’était engagé à le produire. Tim Day (qui avait écrit Hellseeker) est donc sollicité pour réadapter Deader afin de le muer en septième opus de la saga Hellraiser et Winston reste attaché à la production. Le mot d’ordre est de s’approcher de la vague montante du cinéma d’horreur japonais, et notamment de Ring. Reste à trouver un réalisateur. Scott Derrickson est approché mais passe son tour. Un seul Hellraiser lui suffit dans sa carrière (l’opus Inferno) et il préfère se consacrer à L’Exorcisme d’Emily Rose. C’est donc Rick Bota, réalisateur du très anecdotique sixième épisode de la franchise, qui rempile pour la suite. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, d’autant que les moyens à sa disposition restent extrêmement réduits. Hellraiser : Deader est d’ailleurs tourné intégralement en Roumanie en même temps que l’épisode suivant, Hellraiser : Hellworld.

L’entrée en matière d’Hellraiser : Deader est pourtant prometteuse et laisse imaginer un film beaucoup plus soigné et cohérent que le précédent. Kari Wuhrer incarne Amy Klein, une journaliste tout-terrain qui n’hésite pas à s’immerger dans les situations les plus périlleuses ou les plus interlopes pour ramener des articles coup de poing. A la demande de son rédacteur en chef (Simon Kunz), elle part à Bucarest pour enquêter sur une cassette vidéo montrant le meurtre rituel – puis la réanimation – d’un membre d’une secte qui se fait appeler « Les Deaders ». Le visionnage de cette cassette plonge d’emblée les spectateurs dans un irrépressible état de malaise. Le stress provoqué plus tard par la découverte d’un cadavre pendu au milieu d’un appartement roumain décrépit accentue ce climat malsain et donne le sentiment que Rick Bota a tiré des leçons des faiblesses du film précédent. De retour dans sa chambre d’hôtel, Amy ouvre la boîte qu’elle a trouvée dans les mains crispées du cadavre et déclenche aussitôt un cauchemar effroyable dans lequel Pinhead (Doug Bradley) vient à sa rencontre…

D’entre les morts

Le saut qualitatif par rapport à Hellraiser : Hellseeker est indiscutable. Deader nous semble, dès les premières minutes, mieux réalisé, mieux joué, mieux rythmé et mieux écrit que son prédécesseur. Surréalistes, les séquences situées dans une rame de métro transformée en club SM échangiste morbide convoquent une imagerie directement héritée de Clive Barker. Mais une telle sous-culture peut-elle réellement exister secrètement dans les transports publics souterrains de Bucarest ? A vrai dire, la tangibilité de ces scènes pose question. Car depuis qu’elle a ouvert le cube, notre héroïne vit dans un monde où l’illusion et le cauchemar s’invitent sans préavis dans le monde réel. La scène du couteau est à ce titre déstabilisante. Ce qui a tout d’une sanglante hallucination refuse ainsi de s’évaporer pour s’ancrer obstinément dans la réalité en y déversant des taches de sang indélébiles. Comme en outre le personnage d’Amy trimballe un traumatisme d’enfance qui revient la hanter de manière lancinante, le trouble s’accroît. Hélas, le scénario se perd en cours de route, s’essoufflant sous ses facéties hallucinatoires qui ne masquent pas de grosses scories d’écriture. On sent bien que le troisième acte, réécrit pour imbriquer le film dans la mythologie d’Hellraiser, ne tient pas la route. Kari Wuhrer elle-même, convaincante en début de métrage, finit par gémir et hurler sans retenue face aux horreurs que le film accumule artificiellement jusqu’à un massacre final expédié à la va-vite. Dommage. Les deux premiers tiers du film laissaient espérer un épisode beaucoup plus abouti.

 

© Gilles Penso


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