LES PASSAGERS DE L’ANGOISSE (1987)

Une famille d’extra-terrestre s’échoue dans la campagne texane et se voit contrainte de prendre en otage une jeune femme et sa grand-mère…

STRANDED

 

1987 – USA

 

Réalisé par Tex Fuller

 

Avec Ione Skye, Joe Morton, Cameron Dye, Brendan Hughes, Maureen O’Sullivan, Susan Barnes, Michael Greene, Gary Swanson, Harry Caesar, Kevin Haley

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Aujourd’hui, un film comme Les Passagers de l’angoisse passerait totalement inaperçu, perdu dans le marché abondant des petits produits « direct to video » ou « direct to VOD ». Mais en 1987, ce genre de long-métrage avait droit à une sortie en salles dans le monde entier et même à une campagne marketing digne de ce nom. Si le film a aujourd’hui sombré dans l’oubli, ceux qui le découvrirent à l’époque en gardent un souvenir mi-nostalgique mi-amusé. Derrière le nom du metteur en scène Tex Fuller se cache Fleming B. Fuller, qui n’a pas réalisé grand-chose auparavant (si ce n’est un documentaire et un épisode de série TV) et pas grand-chose non plus après (si l’on excepte le téléfilm Prey of the Chameleon). Depuis, il a totalement disparu de la circulation, tout comme le scénariste Alan Castle dont c’est le seul titre de gloire. Les Passagers de l’angoisse est donc l’œuvre de parfaits inconnus. Un seul nom ressort vaguement dans les crédits techniques, celui du maquilleur spécial Brian Wade, qui participa notamment à La Galaxie de la terreur, Piranha 2, The Thing, Starfighter, Dreamscape ou encore Terminator. Face à la caméra, des comédiens relativement obscurs côtoient des visages plus familiers, comme le spécialiste du cinéma d’action Joe Morton (Speed, Terminator 2) et surtout Maureen O’Sullivan, qui fut l’inoubliable Jane Parker des Tarzan avec Johnny Weissmuller.

Nous sommes en rase campagne dans le Texas. La jeune Deirdre Clarke (Ione Skye) coule des jours tranquilles avec sa grand-mère Grace (Maureen O’Sullivan) dans une ferme isolée. Mais le calme cède à la tempête lorsqu’une famille d’extra-terrestres s’écrase avec son vaisseau près de leur maison. Ces créatures d’outre-espace se sont échappées d’une planète déchirée par une guerre impitoyable et espèrent trouver refuge sur la Terre. Hélas, à la suite d’un malentendu, le petit-ami de Deirdre perd la vie. Aussitôt, la population locale (principalement des rednecks à la gâchette facile, comme il se doit) s’en prend aux extra-terrestres. La situation vire à l’émeute et les aliens se retrouvent contraints de prendre en otage Grace et sa petite-fille. Alors que les esprits s’échauffent dangereusement, le shérif Hollis McMahon (Joe Morton) s’efforce tant bien que mal de ramener un peu d’ordre dans ce chaos. Mais les événements deviennent rapidement incontrôlables…

Des kidnappeurs venus d’ailleurs

L’absence manifeste de prétention des Passagers de l’angoisse est l’un de ses atouts majeurs. Le postulat de départ semble certes vouloir emprunter les sentiers battus par E.T., et pourtant de nombreux partis pris originaux parviennent à nous prendre par surprise. La première singularité du film concerne l’aspect de ses créatures. Humanoïdes, le visage bleuté, le front haut, les cheveux blancs, elles ont des traits étrangement angéliques.  A leurs côtés se tiennent une créature hirsute et joyeuse ainsi qu’un redoutable garde du corps femelle. La seconde nouveauté consiste à traiter l’assaut de la maison comme une prise d’otage traditionnelle, avec tout ce que cela comporte de tensions et de dilemmes. Si les autochtones versent volontiers dans le stéréotype hargneux et intolérant, la situation dicte logiquement un tel comportement. Quant au manichéisme, il n’a pas vraiment droit de cité. Pas d’optimisme béat chez les détenues consentantes, pas de prise de position tranchée chez les policiers, pas de quête absolue de fraternité chez les aliens. Certes, l’idée intéressante selon laquelle l’expérience passée des extra-terrestres peut être communiquée à autrui par le biais d’un diamant lumineux aurait mérité d’être mieux exploitée (du double point de vue des enjeux dramatiques et du langage cinématographique). Mais Les Passagers de l’angoisse sait tenir en haleine. D’autant que l’intervention au cours du troisième acte d’un extra-terrestre prédateur déguisé en humain et armé d’un bras fusil dévastateur (une idée empruntée à Rayon laser ?) relance l’intrigue et la pousse vers son dénouement minimaliste et efficace.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article