SHRUNKEN HEADS (1994)

Un film complètement fou réalisé par le frère du compositeur Danny Elfman et produit par le roi de la série B Charles Band…

SHRUNKEN HEADS

 

1994 – USA

 

Réalisé par Richard Elfman

 

Avec Julius Harris, Meg Foster, Aeryk Egan, Rebecca Herbst, A.J. Damato, Bo Sharon, Darris Love, Bodhi Elfman, Troy Fromin, Leigh-Allyn Baker, Paul Linke

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I ZOMBIES I SAGA CHARLES BAND

Sur le papier, ça semblait être une bonne idée. C’est ce que s’est dit le producteur Charles Band lorsque Richard Elfman, le frère du célèbre compositeur Danny Elfman, lui présenta le scénario d’un long-métrage qu’il souhaitait réaliser. Le titre ? Shrunken Heads. Le concept ? Trois têtes réduites dotées de pouvoirs magiques font régner la justice dans les rues de New York. Band est emballé. Certes, Richard Elfman n’est pas un nom particulièrement « bankable » à Hollywood. Ses deux premiers films, Forbidden Zone et Streets of Rage, sont restés confidentiels. Mais son frère est une star (qui s’engage à écrire la musique du générique, le reste de la bande originale étant pris en charge par Richard Band) et l’accord que Charles Band a passé avec Paramount pourrait permettre au film de sortir en salles. Mais face au résultat final, les cadres du studio se désolidariseront de ce Shrunken Heads décidément trop « tordu » pour eux. Tout commence pourtant bien. Il y a d’abord ce thème principal virevoltant composé par un Danny Elfman en grande forme, évoquant derrière ses rythmes tribaux le « March of the Dead » qu’il écrivit pour L’Armée des ténèbres mais aussi plusieurs de ses travaux super-héroïques (Darkman, Flash, Batman). Les jeunes protagonistes du film sont d’ailleurs fans des comics DC. Il s’agit de Tommy Larson (Aeryk Egan), Bill Turner (Bo Sharon) et Freddie Thompson (Darris Love).

Ces trois adolescents new-yorkais passent leur temps à lire des bandes dessinées qu’ils achètent au kiosque à journaux de Monsieur Sumatra (Julius Harris) et à éviter d’être bousculés par la bande du voyou Vinnie Benedetti (A.J. Damato). Ce dernier travaille pour la patronne de la mafia locale, Big Moe (Meg Foster), et s’occupe des basses besognes. Pour compliquer un peu les choses, Tommy, l’un de nos sympathiques ados, a le béguin pour Sally (Rebecca Herbst), la petite amie de Vinnie, et ses sentiments semblent partagés. Au début, Shrunken Heads ressemble à une gentille production Moonbeam un peu plus soignée que les autres et taillée sur mesure pour le tout jeune public. Certes, quelques éléments bizarres n’entrent pas dans les cases, notamment cette mafieuse qui se comporte comme un homme et caresse la bimbo décorative qui traîne sur son bureau, ou ces « fuck » qui ponctuent les dialogues des mauvais garçons. Et puis soudain, à 26 minutes du début du métrage, les trois jeunes héros sont abattus à coups de fusils et de pistolets ! A partir de là, le film prend une tournure définitivement saugrenue.

Mais à qui ce film s’adresse-t-il ?

Après ce triple meurtre particulièrement brutal, Monsieur Sumatra montre ses penchants pour le vaudou. Il s’immisce donc en pleine nuit dans la morgue et tranche la tête des trois petits cadavres avant de les plonger dans un liquide bouillonnant aux côtés d’une dépouille de chat mort ! Et voilà nos trois garçons ramenés à l’état d’hideuses têtes réduites à la bouche et aux yeux cousus ! Et ce n’est pas fini. Maintenant, Tommy, Bill et Freddie sont des têtes volantes aux instincts meurtriers. L’un est armé d’un couteau, l’autre est affublé de dents de vampire, le troisième peut envoyer des décharges électriques. Nos « têtes réduites » ne se contentent pas de faire régner la justice comme des super-héros. Elles égorgent, sucent le sang et électrocutent les méchants puis les transforment en zombies flatulents ! Si l’on ajoute à ce concept complètement délirant quelques scènes insaisissables, pour ne pas dire embarrassantes (la mini-tête de Tommy qui se frotte contre les seins naissants de la toute jeune Sally pour lui témoigner son affection !), on en vient légitimement à se demander à qui s’adresse ce film. Certes, la mise en forme est très soignée, les effets visuels particulièrement réussis, les maquillages impressionnants et la musique de Richard Band impeccable (avec des allusions au thème des « Jets » de West Side Story pour illustrer les déambulations du gang de Vinnie). Mais le résultat final peine à trouver son public. Trop gentillet pour les amateurs de films d’horreur, trop glauque pour les enfants, Shrunken Heads reste une curiosité dont le non-conformisme laisse encore rêveur aujourd’hui.

 

© Gilles Penso


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