VIRUS (1999)

Jamie Lee Curtis, William Baldwin et Donald Sutherland affrontent des cyborgs d’origine extra-terrestre au milieu de l’océan…

VIRUS

 

1999 – USA / GB / JAPON / FRANCE / ALLEMAGNE

 

Réalisé par John Bruno

 

Avec Jamie Lee Curtis, William Baldwin, Donald Sutherland, Joanna Pacula, Marshall Bell, Sherman Augustus, Cliff Curtis, Julio Oscar Mechoso

 

THEMA ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES

Talentueux superviseur d’effets visuels, John Bruno a œuvré sur de nombreux blockbusters. On le trouve par exemple au générique de Poltergeist, Vampire vous avez vampire, Batman le défi ou Cliffhanger. James Cameron, dont on connaît l’exigence, sollicita pour sa part son savoir-faire sur Abyss, Terminator 2, True Lies et Titanic. Notre homme connaît donc son affaire. L’envie de passer lui-même à la mise en scène le titille assez tôt. Après avoir fait ses premiers pas de réalisateur sur l’un des segments du dessin animé Métal Hurlant et sur le film de parc d’attraction Terminator 2 3D, il fait le grand saut avec Virus. Produit par Gale Anne Hurd, ce long-métrage ambitieux adapte une bande dessinée du même nom créée par Chuck Pfarrer. Les nombreux défis techniques qu’exige le scénario co-écrit par Pfarrer et Dennis Feldman semblent taillés sur mesure pour John Bruno, qui en a vu d’autres. Profitant du confortable budget de 75 millions de dollars mis à sa disposition par cette importante co-production internationale entre les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la France et l’Allemagne, Bruno ne recule devant aucune séquence spectaculaire et installe la majeure partie de son tournage à bord d’un véritable navire ancré sur la James River, en Virginie.

Le prologue de Virus nous annonce très tôt la nature de la menace qui va s’abattre sur ses protagonistes : une entité extra-terrestre qui prend la forme d’une source d’énergie en suspension dans l’espace, frappe la station Mir puis infecte le système électrique du Vokov, un vaisseau de recherche russe, au beau milieu du Pacifique Sud. Après ce prologue choc, l’action ne faiblit pas puisque nous voilà à bord du remorqueur Sea Star plongé dans la tourmente d’un typhon. Désespéré, le capitaine Robert Everton (Donald Sutherland) vient de perdre sa cargaison non assurée. Un malheur n’arrivant jamais seul, la navigatrice Kelly Foster (Jamie Lee Curtis) et l’ingénieur Steve Baker (William Baldwin) découvrent que la salle des machines prend l’eau. Alors que la situation semble désespérée, un navire entre dans leur radar : le Volkov. Les membres de l’équipage montent à bord mais ne trouvent personne. Everton réalise qu’ils pourraient gagner des millions en ramenant le Volkov au gouvernement russe. Mais quelque chose les guette à bord…

Waterminator

Si l’entrée en matière est solidement menée et plutôt prometteuse, une mécanique familière empruntée à Alien se met rapidement en place et fleure donc le déjà-vu, avec des machines en révolte à la place du xénomorphe et Jamie Lee Curtis en substitut de Sigourney Weaver. Car l’entité extra-terrestre s’est infiltré partout et transforme tout l’équipement mécanique de bord en autant de robots autonomes de plus en plus agressifs. Certains s’inspirent de la morphologie des insectes, d’autres imitent les humains en fusionnant les machines avec des morceaux de cadavres, d’autres encore prennent l’aspect de colosses métalliques. L’influence du cinéma de James Cameron s’immisce alors dans le film, qui semble vouloir mixer Terminator et Titanic (puisque l’intrigue se résume bientôt à l’attaque de cyborgs indestructibles à bord d’un navire en train de couler). Au-delà de ces sources d’inspiration manifestes, le scénario de Virus évoque irrésistiblement celui de Moontrap, une modeste série B de SF avec Bruce Campbell et Walter Koenig dont il finit presque par ressembler à un remake à gros budget. Comme on pouvait s’y attendre, le travail sur les effets spéciaux est remarquable : les maquillages spéciaux et les marionnettes animatroniques de Steve Johnson et Eric Allard rivalisent d’inventivité, tandis que les images de synthèse conçues par le Tippett Studio débordent de dynamisme. Mais du côté des humains, la dramaturgie s’avère déficiente. Les revirements du capitaine incarné par Donald Sutherland n’ont aucun sens, Jamie Lee Curtis donne le sentiment de jouer dans un état second sans croire une seconde au personnage qu’elle incarne et le climax bascule carrément dans le grotesque. Gros échec critique et commercial, Virus restera sans suite et John Bruno reviendra avec bonheur à ses premières amours : les effets spéciaux.

 

© Gilles Penso


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