GINGERDEAD MAN (2005)

Gary Busey prête sa voix à un petit bonhomme en pain d’épice psychopathe bien décidé à décimer une famille de boulangers !

THE GIGNGERDEAD MAN

 

2005 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Gary Busey, Robin Sydney, Ryan Locke, Alexia Aleman, Jonathan Chase, Margaret Blye, Daniela Melgoza, Newell Alexander, James Snyder, Larry Cedar

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

Grand amateur du show télévisé burlesque Mad TV, le scénariste William Butler imagine un sketch absurde dans lequel un bonhomme en pain d’épice assassine une famille le soir de Noël. Son titre : The Gingerdead Man, un jeu de mot intraduisible en français qui fusionne « Gingerbread » (pain d’épice) et « Dead » (mort). L’équipe de Mad TV apprécie mais décline son offre, dans la mesure où l’un de leurs sketches ressemble déjà beaucoup à l’idée de Butler (si ce n’est qu’un ourson remplace le biscuit assassin). Le scénariste se tourne alors vers le producteur Charles Band, avec qui il a eu l’occasion de travailler depuis le début des années 80. Band s’emballe et lui propose d’en tirer le script d’un long-métrage. Problème : en l’état, le film coûterait dans les trois millions de dollars, ce que Band ne peut pas se permettre en cette période de vaches maigres. Avec l’autorisation de Butler, le concept est donc entièrement revu et corrigé par l’auteur Brian Muir (Critters) pour se conformer à une enveloppe budgétaire minuscule. Seul le titre et l’idée d’un biscuit assassin sont conservés. Pour le reste, nous avons affaire à simple huis-clos classique : un seul décor, une poignée de personnages et un petit monstre qui se cache dans l’ombre. Band connaît bien cette formule, qu’il décline à loisir depuis longtemps, notamment avec les Puppet Master, les Ghoulies, les Demonic Toys, ou encore Hideous.

L’idée peut de prime abord faire penser à une variante pâtissière de Chucky : l’âme d’un tueur psychopathe qui se transfère dans un petit corps et le transforme en mini-monstre. Dans le rôle de l’assassin, Band porte son choix sur Gary Busey (le fameux vilain de L’Arme fatale) sans trop y croire. Or l’acteur accepte le rôle contre la modique somme de 25 000 dollars. Band se frotte les mains : il ne le sollicitera que pendant une seule journée de tournage, le fera revenir pour une session de doublage afin qu’il prête sa voix au cookie psychopathe et misera toute la promotion sur son nom. Hélas, l’acteur va s’avérer ingérable. « Il était capricieux, bizarre et impossible ! », se souvient Band. « Presque immédiatement, deux femmes de la garde-robe et du maquillage se sont approchées de moi et m’ont fait savoir qu’il disait des choses obscènes et qu’il était “accidentellement” tactile. » (1) La journée de tournage au cours de laquelle Busey incarne le désaxé Millard Findlemeyer qui assassine un homme et son fils dans un restaurant texan est donc cauchemardesque pour l’équipe. « Le reste du film a été beaucoup plus facile, parce qu’au lieu de Gary, nous avons travaillé avec le biscuit » (2), confesse Band.

L’attaque du biscuit tueur !

Comment le tueur se transforme-t-il en bonhomme en pain d’épices psychopathe ? Manifestement indécis, le scénario se perd dans une triple explication confuse. A priori, cette métamorphose survient à cause d’un sort jeté par la mère du tueur, qui a mêlé ses cendres à de la farine de pain d’épice et l’a déposée dans la boulangerie de la famille Leigh. Mais une autre explication survient plus tard dans le métrage : le sang d’un des employés s’écoule par accident dans la pâte et provoque une étrange réaction en chaîne. Puis c’est carrément un éclair à la Frankenstein qui frappe le four en train de cuire le bonhomme en pain d’épices. Le petit monstre est une marionnette conçue par John Carl Buechler. Son animation extrêmement limitée ne lui permet malheureusement pas de faire grand-chose, à part surgir ici et là en s’agitant modérément. C’est pourtant l’un des personnages les plus convaincants du film. Car à l’exception de Robin Sydney, qui tente tant bien que mal de mettre un peu de conviction dans son jeu, les acteurs jouent tous plus mal les uns que les autres, de la mère alcoolique à la rivale écervelée en passant par le businessman au chapeau de cowboy, le petit ami « bad boy » ou le « boulanger catcheur ». Très court (à peine plus d’une heure), le film semble pourtant très long, tant il est chiche en péripéties, préférant utiliser des dialogues insipides pour faire office de remplissage. Bref, voilà encore un concept amusant gâché par un scénario paresseux et une mise en scène bâclée. Gingerdead Man aura pourtant droit à plusieurs suites et même à un crossover avec la saga Evil Bong.

 

© Gilles Penso

 

(1) Extrait de l’autobiographie de Charles Band « Confessions of a Puppet Master » (2022).


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