TRANSFORMATIONS (1988)

Un astronaute séduit par une femme mystérieuse est bientôt victime d’une étrange mutation qui fait de lui une bête gluante…

TRANSFORMATIONS

 

1988 – USA

 

Réalisé par Jay Kamen

 

Avec Rex Smith, Lisa Langlois, Patrick Macnee, Christopher Neame, Michael Hennessy, Cec Verrell, Benito Stefanelli, Donald Hodson, Pamela Prati

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I DIABLE ET DÉMONS I FUTUR I SAGA CHARLES BAND

Transformations est l’un des derniers films produits par la compagnie Empire de Charles Band, alors au bord de la faillite après son départ en fanfare quatre ans plus tôt. Cette série B de science-fiction – qui intègre comme souvent chez Band des éléments horrifiques et érotiques – a donc été réalisée à la va vite avec les moyens du bord. Le rôle principal est tenu par Rex Smith, alors très populaire grâce à la série Tonnerre mécanique. Il entre ici dans la peau de John Wolf, un astronaute voguant dans l’espace à bord de son vaisseau spatial. Un soir, une rencontre inattendue vient briser sa solitude : une énigmatique jeune femme qui apparaît inexplicablement, le rejoint dans son lit et s’offre à lui dans ce qui ressemble à un rêve polisson permettant à la comédienne Pamela Pratti de s’exhiber sans pudeur. Mais ses traits finissent par se déformer, révélant sous sa peau des écailles gluantes. L’inconnue disparaît comme elle est apparue, laissant perplexe un Wolf qui doit soudain gérer les avaries de son vaisseau atterrissant en catastrophe sur la colonie pénitentiaire Hephaestus IV. Là, notre bel astronaute est pris en charge par l’accorte Miranda (Lisa Langlois, vue dans Class 1984 et Voyage au bout de l’horreur) qui n’est pas insensible à ses charmes. Mais bientôt, Wolf est en proie à des crises violentes, prélude aux transformations promises par le titre du film.

Quelle est la nature de la jeune femme ayant « contaminé » Wolf d’un étrange mal ? Un démon ? Un succube ? Une entité extra-terrestre ? Une mutante ? Nous n’en saurons rien, le scénario de Mitch Brian (futur co-auteur de l’excellente série animée Batman) ne s’embarrassant pas d’explications ni même de cohérence. Jay Kamen lui-même, le réalisateur (qui se spécialisera plus tard dans le montage son de nombreux blockbusters), n’a pas grand-chose à défendre et assure donc le service minimum, dans des décors futuristes minimalistes empruntés à d’autres productions Empire en cours, en l’occurrence Robot Jox et Arena, où des figurants aux looks post-punk anachroniques simulent des bagarres de rue théâtrales. Peu palpitant, répétitif, Transformations souffre aussi du manque de conviction global de ses comédiens. Rex Smith est transparent, Lisa Langlois se contente de lui lancer des regards langoureux en répétant « I love you » et Patrick Macnee cachetonne sous la défroque d’un prêtre mystique qui anone des versets en latin.

Brûlez le monstre !

Pour remplir son quota d’érotisme et d’horreur, le film multiplie les séquences où Wolf, en proie à des pulsions incontrôlables, fait l’amour avec toutes les femmes qu’il croise et se met à subir des mutations. Des boutons purulents apparaissent sur son corps, ses mains deviennent griffues, son teint blafard, puis son visage se mue en une bouillie de latex gluante et informe aux traits vaguement reptiliens. Rien à voir donc avec la métamorphose spectaculaire et surréaliste qu’essayait de nous vendre le poster du film, avec un homme empruntant sa morphologie à la fois aux insectes, aux serpents, aux chauve-souris et à d’autres créatures indéterminées. « Le costume du monstre final a été fabriqué à partir de restes d’autres films d’Empire, de même que tous les maquillages », raconte Michael Deak, superviseur des effets spéciaux sur le plateau et membre de l’équipe du maquilleur John Buechler. « Je crois que John avait un budget de 7000 dollars pour faire une tête et c’était à nous, sur place, de faire le reste. Le dernier jour du tournage, lorsque le monstre a été mis au feu pour le climax du film, tout le monde, y compris le personnel de bureau, s’est pressé pour le regarder brûler, tellement tout le monde le détestait. » (1) Car cette créature faite de bric et de broc symbolise alors la fin du studio et donc le futur renvoi de tous ses employés. Une poignée d’autres films sortiront pourtant en vitesse sous le label Empire avant sa fermeture définitive.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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