LA GUERRE DES ETOILES (1977)

George Lucas rend hommage aux serials de sa jeunesse et pose le premier jalon d'une mythologie contemporaine

STAR WARS

1977 – USA

Réalisé par George Lucas

Avec Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher, Peter Cushing, Alec Guinness, Anthony Daniels, David Prowse, Kenny Baker

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

La Guerre des étoiles constitue un virage définitif dans l’histoire de la science-fiction cinématographique, empruntant son inspiration aux contes médiévaux, aux westerns, aux serials des années 30, aux films de guerre, au « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, à La Forteresse cachée d’Akira Kurosawa, à la légende du roi Arthur et même à la tragédie shakespearienne. Le film de George Lucas,  guidé par l’analyse des mythes de l’anthropologue Joseph Campbell, constitue ainsi un admirable travail de recyclage qui débouche, à l’arrivée, sur un résultat d’une unité, d’une originalité et d’une personnalité tout à fait remarquables. A contre-courant de la science-fiction traditionnelle, un carton d’introduction nous annonce d’emblée que les événements ne se situent pas dans la Terre du futur, mais « il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine… » D’où une filiation évidente avec le conte pour enfants, dont le récit s’amuse à emprunter de nombreux archétypes. L’Empire galactique, qui fait régner la peur en usant de sa colossale force militaire, vient d’achever la création de l’Étoile Noire, une gigantesque station spatiale capable d’anéantir en un instant une planète tout entière. Darth Vader et le général Tarkin sont les auteurs de cette terrifiante entreprise. Fuyant les forces impériales, la princesse Leïa, à la tête des rebelles, est capturée par Vader. Avant de tomber entre ses griffes, elle a tout juste le temps d’expédier deux droïdes sur la planète Tatooine, pour alerter Obi Wan Kenobi, survivant de l’ordre des chevaliers Jedi. Les robots messagers, C3PO et R2D2, sont recueillis par le jeune Luke Skywalker, qui décide de prendre fait et cause pour les rebelles lorsque son oncle et sa tante sont assassinés par les gardes impériaux. Il s’assure le concours du mercenaire Han Solo et de son co-pilote wookie Chewbacca.

Le film marque une étape si importante que la plupart des films « spatiaux » ultérieurs s’en inspireront, plus ou moins volontairement, ne serait-ce que dans la manière de cadrer leurs vaisseaux spatiaux. Avec La Guerre des étoiles, George Lucas détournait d’ailleurs des ingrédients habituellement rattachés aux films de série B (monstres en tous genres, chevaliers et princesses, méchants folkloriques, combats interplanétaires) pour les offrir aux yeux d’un très large grand public et créer ainsi l’un des premiers blockbusters de l’histoire du cinéma. « Généralement, George Lucas arrivait avec l’idée de départ de chacune des séquences à effets spéciaux, sans trop se soucier des moyens que nous allions utiliser », explique Dennis Muren, superviseur des effets visuels du film. C’était ensuite à nous de proposer des approches techniques. A l’époque, la meilleure façon de procéder pour donner vie aux créatures issues de son imagination était souvent de fabriquer des marionnettes ou des figurines d’animation. Les designers ont effectué un travail remarquable, surtout si l’on tient compte de la technologie limitée dont nous disposions à l’époque. » (1)

La Symphonie des Planètes

Mais ce serait une erreur de limiter la réussite de Star Wars à une performance technique, même si c’en est effectivement une, et de taille. Le récit universel qui y est conté, les forces qui s’y opposent et les sentiments qui s’y développent confèrent au film sa véritable force, dont la portée ne s’exprimera dans toute son étendue qu’au cours des épisodes suivants. Et puis il y a ce casting étonnant, mariant des jeunes espoirs inconnus (dont seul Harrison Ford accèdera finalement au vedettariat) et la vieille garde britannique (avec en tête Alec Guiness, en émule du Gandalf du « Seigneur des Anneaux », et Peter Cushing, recyclant son rôle récurrent d’officier nazi). Sans oublier, ultime atout, la partition époustouflante, magistrale et wagnérienne d’un John Williams alors à l’apogée de son art, assumant l’influence de Gustav Holst et de sa fameuse « Symphonie des Planètes ». En 1997, pour célébrer les vingt ans du film, George Lucas eut la mauvaise idée de le remonter et d’y intégrer d’hideuses images de synthèse dans le but de créer une édition spéciale, traitement également infligé aux deux autres films de la trilogie. 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2014.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article