DAY WATCH (2006)

Timur Bekmambetov réalise une suite de son monumental Night Watch tout aussi spectaculaire et confuse que le premier épisode

DNEVNOY DOZOR MEL SUDBI

2006 – RUSSIE

Réalisé par Timur Bekmambetov

Avec Konstantin Khabensky, Mariya Poroshina, Vladimir Menshov, Galina Tyunina, Viktor Verzhbitsky, Zhanna Friske

THEMA VAMPIRES I SORCELLERIE ET MAGIE I POUVOIRS SURNATURELS

Vertigineux, le prologue de Day Watch a de quoi clouer sur son fauteuil le spectateur le plus blasé. Des centaines de cavaliers mongols y traversent des montagnes enneigées iraquiennes pour partir à l’assaut d’un monastère fortifié, tandis qu’un hallucinant plan aérien survole la folle cavalcade jusqu’à ce que les guerriers et leurs montures défoncent littéralement les murailles qui leur font obstacle ! A la tête de cette meute, le vaillant Tamerlane lutte sauvagement contre maints soldats armés jusqu’aux dents et met enfin la main sur un objet inestimable : la craie du destin, capable de bouleverser l’avenir du monde. Des séquences de cet acabit, Day Watch en compte de nombreuses, nouvelle preuve de l’extraordinaire savoir-faire technique du réalisateur Timur Bekmambetov, formé à l’école du film publicitaire et nanti ici d’un budget colossal. Mais les problèmes mis en évidence dans Night Watch, précédent épisode de cette saga fantastique, ne font que s’accroître dans le second épisode.

Berkmanbetov s’avoue en effet incapable de narrer un récit sans recourir à d’innombrables effets de mise en scène garnis jusqu’à plus soif de trucages numériques. Lorsqu’il s’agit de filmer une bataille médiévale homérique, cela se justifie, certes. Mais quand le film doit s’attarder sur un moment de séduction intimiste entre deux protagonistes sous une douche, est-il nécessaire de transposer soudain les personnages sous une gigantesque cascade filmée dans la forêt jamaïcaine ? Quand une jeune femme excentrique déboule sans crier gare dans le quartier général de son patron, est-elle obligée de s’envoler à bord de sa voiture décapotable, de rouler le long de la façade, puis de défoncer des dizaines de murs avant de freiner en catastrophe ? Tant d’artifices nuisent considérablement à la lisibilité d’une intrigue déjà passablement confuse.

L'ombre et la lumière

Pourtant, les prémisses de Day Watch étaient très prometteurs. Tandis qu’Anton Gorodetski, membre actif des forces de la lumière, forme la stagiaire Svetlana et s’efforce de rentrer en contact avec son fils Yegor, sur le point de basculer définitivement dans l’autre camp, une jeune femme des forces de l’ombre est assassinée de sang froid dans sa cage d’escalier. A cause de cet acte d’une extrême gravité, la trêve fragile qu’avaient conclue depuis des siècles les chefs des deux confréries, Guesser et Zavoulon, est sur le point d’être rompue. Si la guerre s’enclenche à nouveau, le monde tel que nous le connaissons risque bien de courir à sa propre perte. Les enjeux semblent intenses, mais l’incapacité du metteur en scène à les décrire clairement, à filmer un simple champ-contre champ entre acteurs, à ralentir le rythme le temps d’un dialogue, saborde illico tout l’impact émotionnel du film. Vampires, bébés araignées et sorciers en tout genre s’animent donc une fois de plus en une folle sarabande, sans que le spectateur n’ait le loisir de se raccrocher réellement aux personnages, à leurs sentiments et leurs motivations. Reste le spectacle, toujours aussi gratifiant, comme en témoigne ce final apocalyptique digne des films catastrophes les plus emphatiques du cinéma hollywoodien.
 

© Gilles Penso

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