DÉJÀ VU (2006)

Tony Scott combine avec beaucoup d'audace les codes du cinéma d'action avec le thème du voyage dans le temps

DEJA VU

2006 – USA

Réalisé par Tony Scott

Avec Denzel Washington,Paula Patton, Jim Caviezel, Val Kilmer, Adam Goldberg, Bruce Greenwood, Erika Alexander

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

En découvrant le scénario de Déjà vu, œuvre de Bill Marsilli et Terry Rossio, Jerry Brukheimer pensa à son vieux complice Tony Scott, dont il produisit cinq blockbusters. Fort heureusement, le frère du grand Ridley a décidé de ne pas réitérer les expériences filmiques indigestes et maniérées de son opus précédent, Domino, pour proposer une mise en scène nerveuse et instinctive bien plus adaptée au sujet de Déjà vu. Situé en pleine Nouvelle-Orléans post-Katrina, le film s’ouvre sur l’explosion d’une bombe ravageant un ferry plein à craquer. Dépêché sur place, l’agent Doug Carlin fait le lien entre cet attentat et le meurtre de Claire Kuchever, une jeune femme dont la mort semble remonter à deux heures avant la déflagration. Pour l’aider dans ses investigations, le FBI lui donne accès à un dispositif top secret permettant d’ouvrir une « fenêtre sur le temps ». Le principe consiste à visionner sous tous les angles possibles les événements survenus quatre jours dans le passé. Bientôt, Carlin comprend qu’il n’a pas affaire à un simple dispositif de vidéo-surveilance mais à une véritable machine à remonter le temps. Dès lors, il décide de faire lui-même le grand saut pour enrayer l’attentat du ferry et sauver cette jeune femme dont il est en train de tomber amoureux…

Peut-on changer le destin ? Telle est la grande question soulevée par ce film aux rebondissements incessants, sollicitant sans cesse l’attention du spectateur pour s’assurer de sa pleine participation. Les indices énigmatiques collectés tout au long de la première partie du récit (un message sur un répondeur, du linge ensanglanté dans une poubelle, une maison détruite) ne trouvent ainsi leur sens qu’à l’occasion d’une seconde lecture, en un gratifiant jeu de va et vient entre les causes et les effets. Pour donner un maximum de crédit à ce scénario non exempt d’incohérences, Scott s’est entouré de comédiens en béton armé. Denzel Washington, à qui le cinéaste avait déjà offert des rôles magnifiques dans USS Alabama et Man on Fire, nous offre une prestation à fleur de peau emportant en quelques secondes l’adhésion du public. Paula Patton, la belle défunte à qui le destin va peut-être offrir une seconde chance, est une véritable révélation, dans le délicat registre de la fragilité, de la frayeur et de l’incrédulité.

Course contre le temps

Jim Caveziel, déjà familier avec les paradoxes temporels grâce à Fréquence interdite, se livre ici à un contre-emploi saisissant. Quant à Adam Goldberg, il incarne avec beaucoup de justesse un scientifique pris dans les remous d’une crise de conscience. Seul Val Kilmer, plus bouffi et fatigué que jamais, se contente de jouer les utilités, dans le rôle d’un agent du FBI insipide. L’action n’est pas en reste dans Déjà vu. En la matière, la séquence la plus étonnante est une poursuite de voiture à bord d’un Humvee futuriste qui se situe dans deux espaces temporels différents, le tout sur une autoroute en plein trafic. Les véhicules y voltigent et y explosent plus que de raison, en une chorégraphie pyrotechnique à couper le souffle. Mais derrière ses apparats de superproduction high-tech et survitaminée, Déjà vu est avant tout une histoire d’amour qui franchit allègrement les barrières de l’espace et du temps.

© Gilles Penso

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