DOCTOR STRANGE (1978)

La première adaptation des aventures de Docteur Strange à l'écran est un téléfilm disco tombé dans l'oubli

DOCTOR STRANGE

1978 – USA

Réalisé par Philip de Guere

Avec Peter Hooten, Clyde Kusatsu, Jessica Walter, Eddie Benton, Philip Sterling, John Mils, June Barrett, Sarah Rush, Diana Webster

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

A partir de la fin des années 70, le prolifique Marvel Comic Group décide de puiser dans son riche patrimoine pour créer de nouvelles séries télévisées au fort potentiel commercial. Première tentative, L’Incroyable Hulk est un succès qui donne même naissance – suite à un travail de remontage – à deux longs métrages exploités au cinéma en Europe. L’essai suivant est bien moins concluant. Il s’agit de L’Homme-Araignée, recyclé lui aussi sous forme de série TV, de films et même de feuilleton nippon bourré de monstres en caoutchouc. Là, l’échec artistique est flagrant et cuisant. Stan Lee refuse de vivre la même expérience. Il essaie alors de donner sa chance à un autre super-héros du groupe, le mystique Docteur Strange. Et pour tenter de réitérer le succès de Hulk, porté par la personnalité de l’auteur/réalisateur Kenneth Johnson, il laisse les rênes à un vétéran de la télévision ayant déjà fait ses preuves, Philip de Guere. Participant actif des Têtes brûlées et plus occasionnel de L’Homme invisible et Super Jaimie, De Guere décide d’intégrer le récit dans le contexte le plus réaliste possible, quitte à trahir quelque peu le matériau initial créé par Lee et Steve Ditko.

Stephen Strange n’est donc plus un chirurgien imbu de lui-même et avide d’argent qu’un accident prive de l’usage de ses mains et qu’un long voyage initiatique au Tibet transforme en magicien super-héroïque. Il s’agit ici d’un psychiatre bienveillant qui œuvre dans un hôpital public et qui se retrouve un jour face à une jeune femme amnésique terrifiée à l’idée de s’endormir. Plongée soudain dans le coma, elle est victime de l’envoûtement de la sorcière Morgan le Fay. Pour la sauver, Strange doit accepter l’aide d’un étrange vieil homme, Thomas Lindmer, qui affirme être un grand magicien. Incrédule, le médecin tombe des nues en apprenant que son défunt père était un confrère de Lindmer, et qu’il est lui-même appelé à devenir maître des Arts Mystiques, comme le prouve la bague magique que lui a léguée Strange Senior.

Une série qui ne verra jamais le jour

Dans le rôle-titre, Peter Hooten possède un certain charisme et porte plutôt bien la moustache et la robe du magicien, si ce n’est que sa coupe disco, qu’on croirait échappée des Village People, entrave sérieusement sa crédibilité. Les effets spéciaux assurent le service minimum – budget oblige – mais s’avèrent plutôt efficaces. La rotoscopie donne corps aux rayons d’énergie lumineux que les opposants s’envoient à la figure, et l’animation image par image est même sollicitée pour donner vie à l’entité maléfique que sert la vile Morgan (et qui semble s’inspirer du Dormammu de la bande dessinée originale). Noyée dans la fumée et dans l’ombre, le regard vert et perçant, elle fait son petit effet. Certes, ce Doctor Strange ne laisse pas un souvenir immuable après son visionnage, mais à côté de L’Homme-Araignée ou des effroyables téléfilms consacrés l’année suivante à Captain America, il ferait presque office de chef d’œuvre impérissable. Le téléfilm restera pourtant sans suite, sa diffusion le 6 septembre 1978 souffrant de la concurrence du remarquable show TV Racines, et la série envisagée restera donc un fantasme inassouvi.

 

© Gilles Penso

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