ÉPOUVANTE SUR NEW YORK (1982)

Ne reculant devant aucun défi, le réalisateur Larry Cohen lâche sur la population un gigantesque serpent ailé issu de la mythologie aztèque

Q / THE WINGED SERPENT

1982 – USA

Réalisé par Larry Cohen

Avec Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine, Richard Roundtree, James Dixon, Malachy McCourt, Fred J. Scollary

THEMA REPTILES ET VOLATILES

L’idée d’Epouvante sur New York est née le jour où Larry Cohen, observant le Chrysler Building, imagina que cet immeuble aux formes étranges serait l’endroit idéal pour abriter un œuf de monstre. Six jours après, le scénario était écrit, l’équipe technique était prête à tourner, et le résultat à l’écran, comme on pouvait s’y attendre, s’avère franchement déroutant. Car Epouvante sur New York s’efforce de mixer deux genres à priori incompatibles : la comédie dramatique urbaine mâtinée de thriller, et le fantastique dans ce qu’il a de plus extravagant et de plus démesuré. D’un côté nous suivons les mésaventures de Michael Moriarty, excellent en pianiste jazz raté et en gangster minable aux prises avec ses complices d’un hold-up manqué et avec la police (cette dernière est représentée par ce bon vieux David Carradine qui, lui aussi, est des plus convaincants). De l’autre côté, nous découvrons un gigantesque reptile volant qui survole New York en toute liberté et y multiplie ses victimes avant de se réfugier sous le toit d’un building où il couve un œuf géant, tandis qu’un illuminé s’improvise grand prêtre du dieu Quetzalcoatl et écorche vif des adorateurs consentants.

A vrai dire, la mayonnaise ne prend pas facilement. La caméra à l’épaule en constant mouvement, les dialogues en partie improvisés par les comédiens, les décors et les éclairages minimalistes s’accordent mal avec la créature animée par David Allen et Randy Cook et avec les effets de mise en scène spectaculaires qui l’accompagnent. « La première idée du réalisateur était de montrer la créature très discrètement », nous explique Randy Cook. « On devait juste la voir traverser le ciel rapidement devant la caméra, ce genre de choses. Mais il a finalement eu envie de montrer le monstre plus précisément. » (1) D’un point de vue strictement technique, il faut avouer que le monstre ne s’intègre pas toujours de manière convaincante dans les prises de vues réelles, à cause de la synchronisation difficile entre ses mouvements et ceux des arrière-plans mobiles, et d’un mariage pas toujours heureux des lumières, les images rétro-projetées étant souvent trop pâles par rapport à la figurine.

Une œuvre hybride et bizarroïde

Malgré tout, de nombreux plans demeurent très impressionnants, notamment celui où le serpent volant heurte un tireur posté sur une nacelle de laveur de carreaux, ou encore celui dans lequel la tête gigantesque du monstre apparaît brusquement derrière David Carradine, en un clin d’œil manifeste au célèbre surgissement du requin derrière Roy Scheider dans Les Dents de la mer.  « Etant donné le petit budget dont nous disposions, le résultat n’est pas si mal », nous avouait David Allen. « Dommage que le scénario soit si confus à propos de cette créature. » (2)  Quant aux petits rôles, en particulier ceux qui se contentent de crier en voyant la créature, ce sont apparemment des comédiens amateurs à peine dirigés, et la crédibilité de leurs interventions s’en ressent. Bref, Epouvante sur New-York est une œuvre hybride et bizarroïde, mais qu’on ne peut s’empêcher d’apprécier pour son audace et son grain de folie, maîtres mots de l’œuvre générale de Larry Cohen.


(1) Propos recueillis par votre seviteur en mai 1999
(2) Propos recueillis par votre seviteur en avril 1998 

© Gilles Penso

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