FIREFOX (1982)

Pour sa huitième réalisation, Clint Eastwood se transforme en agent secret aux commandes d'un avion futuriste soviétique

FIREFOX

1982 – USA

Réalisé par Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Freddie Jones, David Huffman, Warren Clarke, Ronald Lacey, Kenneth Colley

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Passé derrière la caméra dès 1972, Clint Eastwood s’était déjà essayé au thriller (Un Frisson dans la nuit), au drame (Breezy), au film policier (La Sanction, L’Epreuve de force), à l’aventure (Bronco Billy) et au western (L’Homme des hautes plaines, Josey Wales hors la loi). Avec Firefox, tiré du roman homonyme de Craig Thomas, il s’attaque cette fois à l’espionnage mâtiné de science-fiction et livre un pur produit de l’Amérique paranoïaque des années 80. Des deux côtés de la caméra, Eastwood incarne le colonel Mitchell Grant, un as du pilotage traumatisé par la guerre du Vietnam qui, tel John Rambo, vit reclus dans sa campagne. Refrain connu, sa retraite anticipée s’interrompt le jour où le gouvernement américain lui demande de reprendre du service. L’armée russe a en effet mis au point un bombardier futuriste capable de voler jusqu’à Mach 6 et obéissant directement aux ondes mentales émises par le cerveau de son pilote. Invisible aux radars, ce redoutable oiseau de proie répond au nom de code de Mig 31, ou « Firefox » pour les intimes. « Si les Soviets pouvaient le fabriquer en série, cela changerait la structure de notre monde » s’inquiète-t-on en haut lieu. La mission de Grant consiste à se rendre en Russie, à endosser différentes identités, à dénicher le Mig 31, surveillé de près par un bataillon armé jusqu’aux dents, et à le voler !

Grant n’étant pas 007, l’aventure n’a rien d’une partie de plaisir exotique garnie de gadgets inventifs et de jolies filles en maillot de bain, mais s’apparente plutôt à un parcours du combattant dont Eastwood parvient à rendre palpable la tension et le sentiment de danger à travers une mise en scène brute et réaliste inspirée des films d’espionnage de la décennie précédente. Quand notre pilote s’empare enfin du bombardier high-tech et fait route vers les États-Unis, Firefox délaisse ses oripeaux de thriller oppressant pour prendre la forme d’une course-poursuite aérienne sollicitant largement les effets spéciaux. Car Grant est dès lors pris en chasse par des avions, des missiles, des hélicoptères, des croiseurs, et finalement un second Mig 31 avec aux commandes l’as des pilotes de l’armée soviétique.

L'influence de Star Wars

Maquettes, pyrotechnie et incrustations (souvent maladroites, hélas) sont donc mises à contribution dans des séquences de batailles volantes directement inspirées de celles de La Guerre des étoiles, notamment lorsque nos deux belligérants aériens empruntent à vive allure un canyon filmé exactement comme les tranchées de l’Etoile Noire. L’analogie n’est pas innocente, puisque le superviseur des effets visuels de Firefox n’est autre que John Dykstra, l’homme qui orchestra les nombreux trucages du space opéra de George Lucas. Quant à la partition de Maurice Jarre, elle puise directement son inspiration dans les compositions les plus héroïques de John Williams. Nanti d’un budget de 21 millions de dollars, le neuvième long-métrage de Clint Eastwood est finalement une œuvre un peu bancale, souffrant à la fois d’un rythme un peu déséquilibré, d’un manque de subtilité fréquent et d’accents anticommunistes passablement dépassés. Reste le savoir-faire indiscutable d’un cinéaste en béton armé n’ayant cessé depuis d’affiner son art.


© Gilles Penso

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