THE GREEN HORNET (2011)

Un film de super-héros réalisé par Michel Gondry n'est forcément pas comme les autres, surtout si le cinéaste ajoute à sa caisse à outils des effets ludiques en 3D

THE GREEN HORNET

2011 – USA

Réalisé par Michel Gondry

Avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Tom Wilkinson, Christoph Waltz, David Harbour, Edward James Olmos

THEMA SUPER-HEROS

Le scénario de The Green Hornet reprend dans les grandes lignes le principe de la série télévisé homonyme de 1966, elle-même inspirée d’un feuilleton radiophonique créé par George W. Trendle. Le personnage principal est Britt Reid, rédacteur en chef du Daily Sentinel qui décide de combattre le crime sous l’identité du « Frelon Vert » aux côtés de son valet Kato, expert en arts martiaux et chauffeur d’une voiture truffée de gadgets. Mais la linéarité du concept initial est ici brisée par un second degré permanent érodant sérieusement le caractère héroïque du protagoniste. Britt Reid nous est décrit comme un enfant gâté dont l’arrogance le dispute à la stupidité, et qui s’avère bien incapable de diriger l’empire médiatique dont il a hérité sans l’aide de la solide équipe rédactionnelle qui l’entoure. Ses exploits sont tout aussi patauds, et sans le génie, la pugnacité et le courage de son sidekick Kato, le Frelon Vert ne vaudrait pas grand-chose. Ce parti pris est osé. Car si, dès la série TV, il était clair que le « personnage secondaire » incarné par Bruce Lee l’emportait allègrement sur le héros » campé par Van Williams, le Frelon Vert n’était pas pour autant l’idiot congénital ici décrit. Pire qu’un anti-héros, ce nouveau Frelon Vert s’avère inculte, égoïste, couard et imbu de lui-même. Comment diable s’attacher à pareille engeance ?

Grâce à la prestation de Seth Rogen, également co-scénariste et co-producteur exécutif du film qui, sans chercher à racheter son personnage, parvient à développer à son égard l’empathie du public grâce à de nombreuses failles finalement très humaines. Il en est de même pour le méchant, un mafieux russe nommé Chudnofsky qui, malgré sa mainmise sur le crime organisé, traverse une crise de la quarantaine qui le plonge en plein doute existentiel. L’idée est excellente, tout comme celle de confier le rôle à Christoph Walz, révélation d’Inglorious Bastards. La véritable star de The Green Hornet est cependant Jay Chou. Sans jamais chercher à marcher sur les traces de Bruce Lee, le héros de Shaolin Basket crève ici l’écran dans le rôle énergique, nerveux et cabot de Kato.

Split-screens en poupée russe

Et Michel Gondry dans tout ça ? S’il est clair que The Green Hornet est un film de commande, ce n’est pas un projet incongru dans les mains du talentueux cinéaste français. Gondry envisageait déjà d’adapter la série dans les années 90, et sa folie visuelle a largement trouvé de quoi s’étancher au fil des exploits déjantés du duo Britt/Kato. Moins voyants qu’à l’accoutumée, ses effets de style demeurent exemplaires, et l’analyse de certaines des techniques déployées laisse totalement pantois. Témoins ces split-screen qui s’enchaînent tels des poupées russes et où les personnages, réunis dans un même plan, se séparent soudain, chacun empruntant un chemin différent tout en étant suivi simultanément par la caméra. Ou ces scènes de combat au cours desquelles les belligérants n’adoptent pas tous la même vitesse de déplacement, ralenti et accéléré cohabitant de manière surréaliste, le tout aux accents d’une bande originale trépidante signée James Newton Howard. Quant à la 3D, extrêmement ludique, elle s’apprécie comme un livre « pop-up » où les décors et les personnages jaillissent sous nos yeux d’enfants ébahis.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article