JOE’S APARTMENT (1996)

Une comédie déjantée dans laquelle un jeune homme sympathise avec la horde de cafards qui infeste son appartement

JOE’S APARTMENT

1996 – USA

Réalisé par John Payson

Avec Jerry O’Connell, Megan Ward, Billy West, Reginald Hudlin, Robert Vaughn, Jim Turner, Sandra Denton, Don Ho, Jim Sterling

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

A l’origine, Joe’s Apartment est un court métrage de John Payson, dans lequel des cafards en 3D chantent et dansent avec frénésie dans une salle de bains. Le petit film connaît un tel succès qu’il se mue immédiatement en objet de culte et permet à son auteur d’en tirer un long métrage, à l’aide d’un budget avoisinant les treize millions de dollars. Le résultat est un mixage improbable entre la comédie romantique, le film d’horreur, le conte de fées, la satire sociale et la comédie musicale ! Son héros, incarné par Jerry O’Connell, débarque de son Iowa natal pour s’installer à New York. Dès la gare routière, le contraste avec sa campagne se fait sentir, Joe étant agressé par trois voleurs différents en l’espace de cinq minutes ! Bien en peine de trouver un logement à bas prix, il déniche finalement par hasard un appartement insalubre dans le quartier défavorisé de l’East River, dont l’ancienne locataire vient de succomber. Joe est aux anges, mais il déchante en découvrant que ses colocataires sont des milliers de cafards bavards qui s’agitent en tous sens et poussent volontiers la chansonnette. Après s’être efforcé par tous les moyens de se débarrasser de ces insectes très encombrants, il réalise que ces derniers peuvent s’avérer des alliés très précieux. Notamment lorsqu’un promoteur bien peu scrupuleux envisage de faire raser l’immeuble pour y bâtir une prison.

Sur ce postulat absurde, Payson bâtit une comédie burlesque, qui n’hésite pas à raser les pâquerettes et donner dans le scato, fidèle en cela à l’humour ado défendu par MTV, chaîne coproductrice du film. Ainsi, Joe ramasse les crottes pour obtenir de l’engrais, puis travaille dans une entreprise de pastilles d’urinoir, avant d’intégrer un groupe de rock alternatif baptisé « Shit ». Ce qui nous donne droit à l’une des scènes les plus comiques et les plus stupides du film : Joe, qui n’a jamais touché une batterie de sa vie, tente un solo en plein concert, sous la mine désabusée d’un public de hard-rockers purs et durs. Aux côtés d’O’Connell, on trouve la mignonnette Megan Ward, propre à susciter une romance naïve avec Joe, mais aussi le vétéran Robert Vaughn, dans le rôle hilarant d’un respectable sénateur qui raffole des dessous féminins !

« Sex, Bugs and Rock'n Roll ! »

Mais les véritables vedettes sont bien entendu les cafards. Insectes réels, figurines animées image par image ou image de synthèse ultra-réalistes, ils suscitent tour à tour éclats de rire et cris de dégoûts auprès d’un public qui ne sait plus trop où donner de la tête, tant Joe’s Apartment échappe à toute classification, s’approchant de films fous tels que La Cité des monstres. Ce qui est sûr, c’est que le divertissement y est roi, l’originalité totale, et les parodies de comédies musicales de véritables morceaux d’anthologie. Avec une mention spéciale pour « Funky Towell », où les cafards, mus par un rythme endiablé, se lancent dans une chorégraphie hallucinante, à mi-chemin entre Les Blues Brothers et Chantons sous la pluie. Ce délire pur fut assorti d’un slogan impayable : « Sex, Bugs, Rock’n Roll » ! Mais il faut croire que cet œuvre était décidemment trop atypique, car elle ne connut qu’un succès confidentiel. C’est souvent le lot des films cultes.

© Gilles Penso

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