LA COMTESSE NOIRE (1973)

Une déclaration d'amour à l'actrice Lina Romay que Jess Franco filme sous toutes ses coutures dans cette vague adaptation de "Carmilla".

LA COMTESSE NOIRE

1973 – FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Jess Franco

Avec Lina Romay, Jack Taylor, Alice Arno, Monica Swinn, Jess Franco, Luis Barboo, Jean-Pierre Bouyxou, Raymond Hardy

THEMA VAMPIRES

Vague adaptation du roman « Carmilla » de Sheridan le Fanu, La Comtesse noire est une œuvre étrange qui s’efforce de marier l’érotisme et l’horreur, cocktail dont Jess Franco s’est fait une spécialité au fil des ans. Donnant pour la première fois la vedette à Lina Romay, son épouse et muse, le réalisateur de L’Horrible docteur Orloff semble s’adonner corps et biens à la belle vampire qu’il filme, oubliant au passage tous les principes élémentaires d’une mise en scène cinématographique digne de ce nom. Le premier plan du film donne le ton. Au son d’une musique exagérément langoureuse, Lina Romay avance lentement dans les bois, une cape sur les épaules, des bottes noires aux  pieds, un slip minuscule cachant son sexe et ses seins exhibés sans retenue. Ne sachant visiblement pas du tout comment cadrer son héroïne, Franco promène sa caméra dans tous les sens, perd bien souvent la mise au point, zoome et dézoome jusqu’au vertige… La belle se dirige vers un fermier, le séduit, l’embrasse, puis le gratifie d’une gâterie buccale qui s’achève par un hurlement du jeune homme, lequel retentit dans toute la montagne.

La voix off nous apprend que nous venons de voir à l’œuvre la sanglante comtesse Irina de Karlstein, tandis que sa voiture (ornée d’une petite chauve-souris aux ailes articulées sur le capot avant) arpente une route de montagne. Nous voilà à présent dans un hôtel portugais, sur l’île de Madère. Alors qu’Irina se prélasse au bord de la piscine, une journaliste (Anna Wattican) lui fait part de son envie de l’interviewer (ce qui n’est pas évident dans la mesure où Irina est muette !). Le soir, fascinée par sa rencontre avec la comtesse, Anna rêvasse, nue dans son lit, tandis qu’Irina apparaît et disparaît avec des bruits de chauve-souris. Pour que l’intrigue avance un peu, un médecin légiste fait son apparition et délivre son rapport d’autopsie à un inspecteur de police. « Il a été tué par une bouche » dit-il sans rire, avant d’ajouter : « il a été mordu en plein orgasme par un vampire qui a avalé toute sa semence. »

L'absorption du fluide vital

Le docteur Orloff (le patronyme préféré de Franco, apparemment) confirme que, selon la légende, elle assèche ses victimes et se nourrit de leurs hormones. Ce que confirme la grande scène saphique du film, qui s’achève par la vampirisation de la victime et l’absorption du fluide vital. A cours de péripéties, Franco enchaîne sans sourciller les scènes érotiques absurdes, Lina Romay se frottant lascivement contre le barreau de son lit puis contre son polochon, se faisant mollement fouetter par une femme vampire contrariée, ou s’offrant à un grand moustachu qui s’est épris d’elle… Pendant ce temps, Orloff, qui est aveugle mais pas manchot, palpe allègrement la toison d’une victime féminine avant de décréter : « Les canines ont perforé les lèvres et déformé le clitoris. » Tout le film est à l’avenant, jusqu’à son final énonçant lourdement l’impossibilité, pour Irina, de connaître un jour l’amour. La Comtesse noire existe dans une version classée X caviardée d’inserts pornographiques, sous le titre Les Avaleuses. Il est également connu en France sous le titre La Comtesse aux seins nus, le marché international ayant opté pour des titres variés, les plus courants étant Female Vampire et Erotikill

© Gilles Penso

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