LES TRADUCTIONS CALAMITEUSES DE SPIDER-MAN

 

 

L’article que j’ai consacré aux traductions françaises de l’intégrale Spider-Man éditée chez Panini (que vous pouvez lire ici)
a suscité de nombreuses réactions.
La grande majorité d’entre elles m’a permis de comprendre que je
n’étais pas le seul consterné par ce travail bâclé, vulgaire, traité
souvent sans le moindre souci de la logique, voire de la
syntaxe la plus élémentaire. Certes, il y eut bien quelques
détracteurs arguant que mon acharnement contre la traductrice Geneviève
Coulomb était abusif dans la mesure où celle-ci n’est plus en
fonction depuis plusieurs années et aurait même pris une retraite
anticipée après avoir découvert les violentes diatribes que ses textes
provoquèrent auprès des internautes fans de comics. Parmi
les voix qui m’incitèrent à modérer mes propos, certaines
affirmèrent que les traducteurs sont souvent sous-payés et n’ont donc
pas les moyens de livrer un travail de qualité, d’autres que les
textes des années 70 méritaient d’être un peu modernisés pour mieux
coller au public actuel.

 
Mon
objectif n’était pas de tirer à vue sur cette brave dame que je ne
connais pas et dont je ne peux que juger le travail dans
les bulles des BD soumises à ses bons soins. Mais ce que j’ai lu –
c’est-à-dire la totalité des textes des aventures de Spider-Man qu’elle
traduisit en français – m’a pronfondément affligé.
Etait-elle sous-payée ? Peut-être. Mais faut-il plus de temps pour
traduire correctement “oh no!” par “oh non !” que par “crotte”, “merde”,
“calamitas” ou les mille et une autre interjections à
côté de la plaque dont Geneviève saupoudre son vocabulaire ?
Fallait-il moderniser les textes ? Pourquoi pas ? Mais en quoi
“schmilblik”, “la tatouille du siècle”” ou “Ducon Lajoie” (!!!)
sont-ils des expressions modernes et appréciables par le jeune
public ?

 
Pour
constater l’étendue des dégâts, j’ai joué le jeu de la comparaison. A
gauche, les traductions proposées par les éditions Lug
dans les années 70/80. A droite, celles de Geneviève Coulomb
publiées par Panini. Enjoy !

 

“La Tatouille du siècle”, comme disent les djeuns de maintenant…

De nos jours, les ados aiment bien se traiter de “Bougre de Polichinelle arriéré !”, c’est bien connu…

Une jolie compil, dans laquelle les armes deviennent des “tu-tues” et où interviennent la trompette et le ukulélé dans des
dialogues en plein délire…


Si quelqu’un comprend ce que le Roi de Prusse vient faire dans cette histoire,
qu’il m’explique !



“Dégage, Ducon !”, c’est quand même plus classe qu’un banal “Arrière !”

“Crotte !” demeure l’interjection préférée de Peter Parker dans les rééditions.

Encore une crotte… Décidément, il va falloir nettoyer tout ça


Une petite allusion au Schmilblik de Guy Lux et Coluche, pour captiver les plus jeunes lecteurs bien sûr
!



“Notre joyeux boss” c’est bien, mais “Ducon la Joie” c’est quand même mieux !

On finit en beauté avec un pétage de plomb total !
 
Alors
certes, Geneviève a pris sa retraite et ne sévit plus dans les pages de
notre bon vieux monte-en-l’air. Mais qui nous
donnera enfin des rééditions dignes de ce nom avec des textes
expurgés de tous ces délires bourrés d’argot surréaliste, d’insultes
grotesques, de contresens et de fautes ? En attendant, je
conserve précieusement mes vieux Strange, et je vous conseille d’en
faire autant…

 
© Gilles Penso