LES TRAVAUX D’HERCULE (1958)

Le culturiste Steve Reeves incarne à la perfection le fils de Zeus dans cette aventure mythologique qu'on aurait aimée plus généreuse en créatures fantastiques

LE FATICHE DI ERCOLE

1958 – ITALIE

Réalisé par Pietro Francisci

Avec Steve Reeves, Sylvia Koscina, Gianna Maria Canale, Fabrizio Mioni, Ivo Garrani, Mimmo Palmara, Arturo Dominici, Lydia Alfonsi

THEMA MYTHOLOGIE I DRAGONS

Fer de lance du péplum mythologique italien qui verra Hercule, Maciste, Ulysse et Jason se déchaîner sur les écrans Cinémascope des années 60, Les Travaux d’Hercule est une œuvre somptueuse qui ne se soucie guère d’une quelconque fidélité à la légende grecque dont elle s’inspire. Le scénario mixe ainsi allégrement deux mythes classiques, les travaux d’Hercule et Jason et la Toison d’Or, restructurant sans vergogne les événements initiaux, inventant de toutes pièces de nombreuses péripéties, et changeant à loisir la nature et le rôle des personnages. Incarné avec beaucoup de charisme par le body-builder Steve Reeves, Hercule est chargé par le roi Pelias (Ivo Garrani) de l’éducation de son fils Iphitos (Mimmo Palmara). Mais ce dernier est maladivement orgueilleux, et la supériorité intellectuelle et physique d’Hercule attisent sa jalousie. Ainsi, lorsque le vigoureux demi-dieu affronte le redoutable lion de Némée, Iphitos s’interpose et finit lacéré par le fauve. Fou de rage, Pelias décide de punir Hercule en lui ordonnant d’affronter le taureau de Crète. Ces deux séquences de combat sont assez représentatives de l’approche non fantastique de Pietro Francisci. Car si, dans la légende, le lion de Némée et le taureau de Crète sont des êtres monstrueux et démesurés, le film ne nous montre que des animaux familiers, remplacés par des dépouilles immobiles lors des corps à corps avec Hercule. D’où des affrontements manquant quelque peu de panache.

Ce refus du surnaturel s’étend aux rôles secondaires, le centaure Chiron et le dieu Esculape se muant ici en simples humains. La seule véritable entorse à ce principe intervient au moment du climax, lorsque Jason, aidé par Hercule et les Argonautes, gagne la terre de Colchide afin de trouver la Toison d’Or et de siéger enfin sur le trône qui lui a été usurpé. Un dragon garde en effet la fameuse toison, et donne du fil à retordre au jeune héros interprété par Gabriele Antonini. Hélas, le monstre n’est qu’un homme dans un costume de tyrannosaure à la mâchoire articulée qui évoque beaucoup Godzilla, et qui manque singulièrement de crédibilité, malgré les habiles interactions à l’écran entre l’homme et le dragon géant. D’autant que le combat tourne court, le monstre s’écroulant dès que Jason lui envoie une lance à la figure.

Des effets spéciaux signés Mario Bava

Au détour du film, on rencontre également Castor, Pollux, Orphée, une horde d’hommes préhistoriques agressifs et toute une tribu de belles amazones dirigée par une reine Anthéa moins farouche qu’elle n’en a l’air (elle tombe amoureuse d’Ulysse et nous avons même droit à un ballet digne d’une comédie musicale hollywoodienne au beau milieu d’une grotte de studio). Côté jupons, le film se pare aussi des charmes de Sylvia Koscina, incarnant une délicieuse Omphale amoureuse d’Hercule mais convoitée par le vil Eurystée. Les Travaux d’Hercule demeure une indéniable réussite artistique, dont la photographie et les effets spéciaux furent signés Mario Bava, mais les fans de mythologie greco-romaine devront attendre Jason et les Argonautes pour en découvrir une adaptation moins chiche en monstres et merveilles.

© Gilles Penso

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