SHERLOCK HOLMES (2009)

Redevenu le chouchou du grand public depuis Iron Man, Robert Downey Jr incarne le célèbre détective de Conan Doyle et se confronte à la magie noire

SHERLOCK HOLMES

2009 – USA / GB

Réalisé par Guy Ritchie

Avec Robert Downey Jr, Jude Law, Mark Strong, Rachel McAdams, Keilly Reilly, Eddie Marsan, Robert Maillet

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Toutes les variantes cinématographiques et télévisuelles semblaient avoir déjà été tentées autour du mythique enquêteur imaginé en 1887 par Arthur Conan Doyle, de la plus classique à la plus burlesque. Mais Lionel Wigram (producteur des derniers Harry Potter) et le scénariste Michael Robert Johnson tentèrent pourtant une nouvelle approche, via une modernisation radicale du traitement des personnages et des séquences d’action. Le producteur Joel Silver (L’Arme fatale, Die Hard, Matrix) et le réalisateur Guy Ritchie (Snatch) se joignirent bientôt à l’entreprise, promettant par leur association un cocktail pour le moins explosif. Les fans de Ritchie ne sont pas dépaysés : une intrigue à tiroirs qui ne s’appréhende totalement qu’à l’issue d’un certain nombre de flash-backs, une galerie de personnages hauts en couleur, une partition ultra-dynamique, un jeu fréquent sur les ralentis extrêmes pour mieux détailler certaines actions…

Le choix des acteurs principaux confirme la volonté de bousculer les idées reçues et les icônes classiques liées au célèbre duo d’enquêteurs. Débarrassé de son fameux chapeau de chasse, Robert Downey Jr nous offre une version très singulière du détective de Baker Street. Guère flegmatique, d’une élégance toute relative, c’est un homme cynique, pugnace, nerveux et très physique. Le Watson campé par Jude Law n’a plus grand-chose à voir, lui non plus, avec les interprétations passées du personnage. L’homme rondouillard, à la traîne et dépassé par les événements auquel nous avons été habitués s’est mué en médecin athlétique et séduisant, rompu à l’art du combat sur les champs de bataille d’Afghanistan, et rivalisant souvent d’intelligence avec Holmes.

Grain de folie

Respectueuse du goût de Conan Doyle pour le fantastique et le surnaturel, l’intrigue met en scène le sinistre Lord Blackwood (Mark Strong). Capturé en pleine séance de magie noire, Blackwood est condamné au gibet. Mais il revient bientôt d’entre les morts pour continuer à semer la terreur… L’action s’installe au cœur d’une magnifique reconstitution du Londres de 1890, mélange habile de sites réels, de décors grandeur nature et de panoramas numériques. Pour sa bande originale, Guy Ritchie a fait appel pour la première fois de sa carrière au vétéran Hans Zimmer, lequel bouscule ses acquis avec un grain de folie très communicatif. Son emploi d’instruments solistes déchaînés (accordéon, violon tzigane, clavecin, tambours) mêlés à une charge orchestrale puissante et emphatique dote le film d’une énergie extraordinaire. Bien sûr, les fans de Peter Cushing et Jeremy Brett auront probablement du mal à reconnaître leur détective favori sous les traits d’un Robert Downey Jr déjanté castagnant ses adversaires face à la caméra frénétique de Guy Ritchie, et l’on peut probablement reprocher à cette relecture un certain manque de raffinement et de subtilité, d’autant que l’intrigue souffre en milieu de métrage de quelques notables pertes de rythme. Mais ce Sherlock Holmes demeure un divertissement total dont l’extravagance et la légèreté ont toutes les chances de conquérir le public le plus large.

 

© Gilles Penso

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