STARSHIP TROOPERS (1997)

Une fable de science-fiction ultra-violente et très politisée que Paul Verhoeven concocte en détournant le classique de Robert Heinlein

STARSHIP TROOPERS

1997 – USA

Réalisé par Paul Verhoeven

Avec Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards, Michael Ironside, Jake Busey, Clancy Brown, Neil Patrick Harris 

THEMA SPACE OPERA I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA STARSHIP TROOPERS

Pilier de la littérature de science-fiction, Robert Heinlein est un écrivain insaisissable sur lequel les étiquettes refusent obstinément d’adhérer. Capable d’échafauder des manifestes révolutionnaires anarchistes (« Révolte sur la Lune », 1966) ou des apologies de l’amour libre proches de la sensibilité hippie (« En terre étrangère », 1961), il fut taxé de racisme et de fascisme lorsqu’il publia en 1951 « Etoiles, garde à vous ! ». Il faut dire que ce roman d’anticipation n’y allait pas avec le dos de la cuiller, décrivant l’exaltation de jeunes militaires armés jusqu’aux dents et ravis d’aller casser de l’extra-terrestre insectoïde sur une planète lointaine. Pour qui ne chercha pas de lecture au second degré, le texte pouvait effectivement sembler douteux, mais il n’est pas difficile d’y déceler, quelque part entre les lignes, un plaidoyer contre le militarisme et la bêtise qu’il engendre.

Comme on pouvait s’y attendre, lorsque Paul Verhoeven s’attaqua à l’adaptation du roman avec le cynisme qu’on lui connaît, ses ambitions furent elles aussi interprétées de travers, et la charge impitoyable contre l’impérialisme américain se mua, aux yeux d’une critique atteinte de myopie, en glorification de l’ultra-violence aux forts relents nazis ! « Dans Starship Troopers, nous nous sommes concentrés sur le pouvoir de propagande que peuvent avoir les médias, au service du gouvernement ou à son encontre », explique Verhoeven. « Nous sommes dans une utopie fasciste où l’on essaie de séduire les jeunes pour les pousser à prendre les armes, se battre et mourir ». (1) Pour enfoncer le clou, le cinéaste choisit comme héros des prototypes de la beauté aryenne (en l’occurrence Casper Van Dien et Denise Richards) et n’hésite pas à imiter les uniformes du troisième reich et de la gestapo.

Des armes sur pattes

A vrai dire, la réaction que suscita le film est d’autant plus disproportionnée que Starship Troopers, avant d’être une satire politique, est surtout un bon gros film de monstres. « Le projet m’intéressait dans la mesure où il me permettait de travailler à nouveau avec Phil Tippett, et de réaliser un film à la Ray Harryhausen avec la technologie des années 90 », confesse Paul Verhoeven. « Le roman de Robert Heinlein était surtout centré sur le jeune héros, naïf et innocent, qui se transforme en soldat endurci. Moi je voulais avant tout montrer des combats contre les insectes géants ! Ça peut paraître dérisoire, mais c’était ma motivation première. » (2) Starship Troopers comporte ainsi des milliers de créatures en image de synthèse qui côtoient les acteurs réels avec un tel réalisme qu’on en reste littéralement bouche bée. « A l’origine, ces créatures devaient être plus humanoïdes et se servir d’armes », raconte Phil Tippett. « Mais finalement, c’est leur propre corps qui est une arme. Les arachnides terrestres sont des fantassins dont les pattes sont des lames tranchantes, les scarabées géants jouent le rôle de chars d’assaut, les créatures volantes s’occupent des raids aériens et les lanceurs de plasma font office d’artillerie. » (3) L’assaut final des insectes contre les humains, ébouriffant, marche sur les traces des grands classiques guerriers du genre (Zoulou, La Charge de la brigade légère, Le Jour le plus long) et clôt en beauté cette fable de SF finalement bien inoffensive.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1997 

(3) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.

 

© Gilles Penso

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